[Stratcom] Alep

Frédéric Lecointre frederic.lecointre at burnweb.net
Mer 14 Déc 14:18:03 CET 2016


Sur le fond


Le 14/12/2016 à 11:56, Raphael Isla a écrit :
>
> Là, pour un communiqué du PP aujourd'hui qui ne soit pas trop long,
> que proposerais-tu ? L’équilibre est difficile entre "aborder un sujet
> avec le plus d'infos possible" et "perdre le lecteur parce que c'est
> trop long".
Avant toute chose, une petite histoire vécue. fin 99 début 2000; lors
des évènements au Kossovo, l'opinion internationale dénonçait aussi des
massacres, des génocides, des atrocités, bref, l'enfer. Là aussi, il
fallait intervenir, là aussi il fallait réagir, là aussi il fallait
pleure. La réalité fut quand même beaucoup plus nuancée. Certes, il y
avait eu des crimes (comme dans toute guerre malheureusement) mais
commis des deux cotés. Le seul camp à choisir était de mettre en
sécurité les populations non combattantes et de séparer les belligérants.

Le problème est que cette réalité n'est pas portée à la connaissance du
public alors qu'elle devrait être le fondement de notre décision.
Comment peut-on soutenir nos gouvernements sans pour autant être au fait
de tous les éléments qui motivent leurs actions ? N'est-il pas dangereux
de céder à la moindre émotion sans faits concrets ? Beaucoup ont
condamné l'utilisation de gaz par Assad mais peu ont retenu que la
réalité n'était pas aussi tranchée et que les rebelles "modérés" en
avaient eux même utilisés.

Actuellement, nous ne pouvons pas nous exprimer car nous ne sommes même
pas d'accord sur ce que nous devrions penser. On parle ici de massacre,
alors qu'il n'y a pas de preuves, mais on fait aussi l'impasse sur les
autres "massacres" commis par les rebelles. C'est une réaction à
l'émotion. Certes chaque mort est révoltante mais, et à nouveau, ce
n'est pas sur le fait accompli qu'il faut se perdre mais sur sa
prévention qu'il faut agir. Il y a un an, j'avais proposé un texte
certes imparfait mais qui demandait des choses concrètes pour
sauvegarder ces populations et surtout ne prenait pas position pour l'un
ou l'autre camp. Réagir sur Alep dans ce contexte c'est prendre fait et
cause pour un camp qui n'a rien de glorieux dans ce contexte.

Je pense que nous ne devrions pas réagir mais nous alarmer sur le fait
que nous avons été incapables de nous construire une opinion collective
nous permettant justement de réagir sereinement. D'autant plus que
paradoxalement, nous avons été le pays occidental le plus touché par les
attentats.

Enfin, qu'est-ce qui nous pousse à réagir  ? 82 morts ? Des massacres à
Alep suite à la victoire syrienne ? Pourquoi n'avons nous pas le même
intérêt pour les milliers de morts quotidien de malnutrition ?

Il y a eu des victimes innocentes. Il faut l'accepter. C'est une guerre
! Il faut s'en rappeler !
Nous n'avons rien fait pour l'éviter. Il faut en avoir conscience.

-- 
Frédéric Lecointre


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