[Stratcom] [Coordinateurs-sections] Soutenir Colère Lyrique

François Vermorel fvermorel at gmail.com
Lun 6 Avr 08:30:00 CEST 2015


En gros, je suis d'accord avec ce que dit Olivier et notamment sur la
nécessité d'affiner notre discours sur le culturel. Quand on parle aux
artistes de remettre en cause le droit d'auteur, ils voient surtout ce
qu'on leur enlève et pas ce qu'on leur ajoute. On a des progrès à faire en
terme de pédagogie.

Evacuons déjà de l'équation la question de la qualité/compétence des
artistes. Je ne sais pas à qui c'est d'en juger mais certainement pas aux
politiques. Concrètement on est tous d'accord pour dire qu'un pro est le
plus souvent meilleur qu'un amateur mais qu'un bon amateur vaut mieux qu'un
mauvais pro. Une fois qu'on en est là, on est pas très avancés ^^

Colère Lyrique, ils sont sur le créneau des choeurs lyriques, ce qui est
quelque chose d'assez particulier. Seules les grandes productions ont
besoin de choeurs (on parle pas des associations amateurs se réunissant
dans des églises et faisant payer 5euros l'entrée). Ces grosses productions
ne devraient pas avoir recours au travail gratuit. Mine de rien, du fric
y'en a (y'en a jamais assez mais y'en a) et il est parfois dépensé de façon
franchement douteuse (notamment sur la tranche BTP quand il s'agit de
refaire les salles et que l'ardoise finale équivaut systématiquement au
triple du devis et ne parlons pas des dérives du star system).

Pour le "semi pro" dont parle Olivier, c'est vrai qu'en fonction des
disciplines il y a tout une gamme de gris (entre le graphiste et le
plasticien, par ex). Mais dans le cas des productions type Philharmonique
de Paris, quelque part, c'est pas le pb. IL y a une grille de salaire, des
minimas de branche... que le Philharmonique décide d'embaucher un chanteur
qui ne fait que ça ou un mec qui pratique ça en amateur éclairé, c'est son
choix... pourvu qu'il paie le même prix, il n'y a pas de concurrence
déloyale.

Si on explore les autres disciplines, un des grands axes pirates pourrait
être, comme l'avait si bien résumé Antoine lors du débat mardi, de "trouver
une alternative entre l'état et le marché". Sauf que c'est pas si simple.
Dans 95% des cas, le crowdfunding permet aux lanceurs de projets de faire
les poches de leurs oncles et de leurs tantes et guère plus... à moins,
comme ça se pratique dans les jeux vidéo, de commencer à mettre de gros
budgets communication pour réussir leurs levées de fonds auprès du grand
public...

C'est particulièrement compliqué pour l'artiste underground ou l'artiste
dérangeant dont parle Olivier. Celui là trouvera pas sa place dans les
systèmes para éducatifs qui permettent aux autres de vivre. Soit il percera
à un moment et ça ira, soit il se paiera une vie de galère sans fin.

Bref, causons en. Lors du débat de mardi, un des enseignements, c'est qu'il
n'est pas possible de tout traiter dans le même sac : la littérature, la
danse, le cinéma... les logiques créatives et économiques sont trop
différentes. Si on veut faire les choses sérieusement, il faut se payer le
luxe de se préparer tout une série de rencontres / ateliers. Si on trouve
les bons partenaires, ça peut être assez intéressant à mettre en place en
IDF mais c'est ambitieux...

En attendant, soutenons donc Colère Lyrique ^^

Le 6 avril 2015 03:52, Olivier Soares <olivier at artfutur.com> a écrit :

>  Hello !
>
> Je pense que c'est très bien de les soutenir, pour toutes les raisons
> évoquées par François et par Mistral, et ça ne nous empêche pas de
> réfléchir à nos propres propositions en matière de politique culturelle
> comme le suggère Frédéric.
>
> Quelques réflexions en vrac :
>
> D'abord dans le milieu culturel alternatif que je fréquente en ce moment,
> on a un très fort capital de sympathie d'emblée, mais nos idées sur le
> droit d'auteur ne sont le plus souvent pas comprises du tout. Beaucoup
> d'artistes même très pauvres perçoivent la SACEM et autres requins comme de
> véritables bienfaiteurs.
> Si on leur parle d'autoriser le public à faire des enregistrements
> gratuits, il va falloir être drôlement carrés et précis sur ce qu'on veut
> mettre en place pour leur assurer un revenu et une couverture sociale.
> C'est juste pour situer le travail qu'il y a à faire de ce côté...
>
> C'est quoi un artiste pro ?
>
> Entre amateurs et pros, il y a le domaine des semi-pros qu'on peut définir
> comme des créateurs qui sont payés de temps en temps mais qui ont une autre
> activité à côté. mi-temps, intermittents, cachets, ventes occasionnelles de
> peinture ou de photo... etc. Semi-pro c'est la semi-galère.
> Contrairement aux amateurs la plupart du temps, les semi-pros sont souvent
> d'excellent niveau. Le bon côté de ces pratiques c'est qu'elles permettent
> d'éviter la situation d'artiste dans la misère, et qu'elles permettent de
> concillier une activité artistique avec une vie de famille, ce qui est
> pratiquement impossible autrement. Leur mauvais côté c'est qu'elles peuvent
> être un piège qui conduit à faire les choses à moitié, et qu'elles
> constituent une concurrence déloyale vis-à-vis des pros qui ont choisi de
> s'immerger complètement dans la création en assumant toutes les galères qui
> vont avec. C'est ce que dénonce à juste titre Colère Lyrique, car je
> suppose que c'est plutôt ce type de profil que des amateurs du dimanche qui
> sont employés dans un orchestre philharmonique.
>
> Vu du côté de la Maison des Artistes ou des syndicats, un artiste pro est
> un artiste qui cotise chez eux. C'est une définition un poil bureaucratique
> qui n'a pas grand chose à voir avec une approche esthétique, mais c'est
> leur point de vue qui possède sa logique parce que ce sont ces artistes qui
> ramènent de l'argent dans leurs caisses.
>
> Vu du côté des élus locaux, un artiste c'est quelqu'un qui sert à créer
> une animation du quartier qui plaise aux riverains. Ce sont éventuellement
> les riverains eux-mêmes. Ce sont des gens sympas qui ont un atelier où les
> enfants peuvent aller en sortant de l'école pour goûter et faire leurs
> devoirs... On tente de donner à l'artiste un rôle de travailleur social, et
> les élus font tout pour confondre pratiques amateur et professionnelles.
> C'est sympa d'un certain point de vue, mais ça n'arrange pas les artistes
> underground dont le travail n'est généralement pas "tout public" et n'est
> pas nécessairement fait pour conforter les gens dans ce qu'ils attendent ou
> pour cacher les dures réalités du monde avec des arc-en-ciel et des
> bisounours.
>
> C'est quoi une subvention ?
>
> Vu du côté de l'organisateur de spectacle, "structure subventionnée" ne
> veut pas dire grand chose. Je pense que comme le dit François, *Colère
> Lyrique* parle de très grosses structures bénéficiant de subventions
> importantes de l'état ou de la région. Il faudrait le préciser, parce
> qu'une troupe de théâtre amateur ou un squat peuvent très bien être
> "subventionnés" ( comprendre avoir une convention d'occupation précaire et
> avec un peu de chance de quoi chauffer leur local en hiver...)
>  De plus, le problème se pose aussi dans le cas des plus grosses
> structures : On peut obtenir une subvention sous différentes formes et en
> général pour une certaine part du budget seulement. Ça peut être du fric du
> conseil général qui permet d'assurer l'entretien du lieu ou certaines
> charges liées au fonctionnement ou à des dépenses d'investissement, mais
> qui ne permettent pas nécessairement de payer les artistes ni tous les
> intervenants. Or on ne peut pas utiliser une subvention qui a été accordée
> pour un truc à autre chose. C'est du détournement de subvention et c'est
> puni par la loi. D'où le fait que des sommes importantes sont dépensées de
> façon imbécile parce qu'il y a une enveloppe et qu'il faut tout dépenser
> intégralement ( d'autant que si on ne dépense pas tout on aura moins
> l'année suivante...) et qu'on ne peut pas payer du personnel dont on a
> besoin parce que la subvention n'a pas été prévue pour ça... Beaucoup de
> dysfonctionnements auxquels il faudrait substituer une transparence
> budgétaire et comptable.
>
> Je rejoins par ailleurs Frédéric sur l'articulation entre bénévolat,
> travail rémunéré et manque à gagner. L'équation n'est pas si simple, car
> quel qu'en soit le montant, l'argent public n'est pas inépuisable, et
> certaines productions ne peuvent simplement pas se faire sans une part de
> travail bénévole idéalement non dissimulé, mais qu'il est difficile
> d'éviter. Bien sûr, ce qu'il faut c'est remettre à plat tout ce système
> merdique qui crée des stars et des acteurs de complément toujours sur ce
> même modèle social individualiste et pyramidal...
>
> Je suis vraiment d'avis de soutenir l'asso, mais aussi de mener une vraie
> réflexion sur la politique culturelle que nous souhaitons mettre en avant.
>
> Merci aux courageux-ses qui auront lu ce trop long mail...
> Amitiés à toutes et à tous
> Olivier
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