[Stratcom] [Coordinateurs-sections] Soutenir Colère Lyrique
gnaPP
gnapp at orange.fr
Lun 6 Avr 10:14:29 CEST 2015
Je suis plutôt lent à la compréhension, alors désolé si je suis pas tout
a fait clair et dans la suite de ce qui est dit;
mais étant moi aussi d'accord "en gros" avec tout ce qui à été écrit, il
me semble que si on rentre dans chaque branche d'activité pour dire
qu'il y a des abus, on risque très vite d'être totalement dépassé !
Il me semble qu'il faudrait faire sortir une sorte de "consensus" sur
toutes les activités particulières ou on utilise des bénévoles, et pas
se limité a une!
Le 06/04/2015 08:30, François Vermorel a écrit :
> En gros, je suis d'accord avec ce que dit Olivier et notamment sur la
> nécessité d'affiner notre discours sur le culturel. Quand on parle aux
> artistes de remettre en cause le droit d'auteur, ils voient surtout ce
> qu'on leur enlève et pas ce qu'on leur ajoute. On a des progrès à faire en
> terme de pédagogie.
>
> Evacuons déjà de l'équation la question de la qualité/compétence des
> artistes. Je ne sais pas à qui c'est d'en juger mais certainement pas aux
> politiques. Concrètement on est tous d'accord pour dire qu'un pro est le
> plus souvent meilleur qu'un amateur mais qu'un bon amateur vaut mieux qu'un
> mauvais pro. Une fois qu'on en est là, on est pas très avancés ^^
>
> Colère Lyrique, ils sont sur le créneau des choeurs lyriques, ce qui est
> quelque chose d'assez particulier. Seules les grandes productions ont
> besoin de choeurs (on parle pas des associations amateurs se réunissant
> dans des églises et faisant payer 5euros l'entrée). Ces grosses productions
> ne devraient pas avoir recours au travail gratuit. Mine de rien, du fric
> y'en a (y'en a jamais assez mais y'en a) et il est parfois dépensé de façon
> franchement douteuse (notamment sur la tranche BTP quand il s'agit de
> refaire les salles et que l'ardoise finale équivaut systématiquement au
> triple du devis et ne parlons pas des dérives du star system).
>
> Pour le "semi pro" dont parle Olivier, c'est vrai qu'en fonction des
> disciplines il y a tout une gamme de gris (entre le graphiste et le
> plasticien, par ex). Mais dans le cas des productions type Philharmonique
> de Paris, quelque part, c'est pas le pb. IL y a une grille de salaire, des
> minimas de branche... que le Philharmonique décide d'embaucher un chanteur
> qui ne fait que ça ou un mec qui pratique ça en amateur éclairé, c'est son
> choix... pourvu qu'il paie le même prix, il n'y a pas de concurrence
> déloyale.
>
> Si on explore les autres disciplines, un des grands axes pirates pourrait
> être, comme l'avait si bien résumé Antoine lors du débat mardi, de "trouver
> une alternative entre l'état et le marché". Sauf que c'est pas si simple.
> Dans 95% des cas, le crowdfunding permet aux lanceurs de projets de faire
> les poches de leurs oncles et de leurs tantes et guère plus... à moins,
> comme ça se pratique dans les jeux vidéo, de commencer à mettre de gros
> budgets communication pour réussir leurs levées de fonds auprès du grand
> public...
>
> C'est particulièrement compliqué pour l'artiste underground ou l'artiste
> dérangeant dont parle Olivier. Celui là trouvera pas sa place dans les
> systèmes para éducatifs qui permettent aux autres de vivre. Soit il percera
> à un moment et ça ira, soit il se paiera une vie de galère sans fin.
>
> Bref, causons en. Lors du débat de mardi, un des enseignements, c'est qu'il
> n'est pas possible de tout traiter dans le même sac : la littérature, la
> danse, le cinéma... les logiques créatives et économiques sont trop
> différentes. Si on veut faire les choses sérieusement, il faut se payer le
> luxe de se préparer tout une série de rencontres / ateliers. Si on trouve
> les bons partenaires, ça peut être assez intéressant à mettre en place en
> IDF mais c'est ambitieux...
>
> En attendant, soutenons donc Colère Lyrique ^^
>
> Le 6 avril 2015 03:52, Olivier Soares <olivier at artfutur.com> a écrit :
>
>> Hello !
>>
>> Je pense que c'est très bien de les soutenir, pour toutes les raisons
>> évoquées par François et par Mistral, et ça ne nous empêche pas de
>> réfléchir à nos propres propositions en matière de politique culturelle
>> comme le suggère Frédéric.
>>
>> Quelques réflexions en vrac :
>>
>> D'abord dans le milieu culturel alternatif que je fréquente en ce moment,
>> on a un très fort capital de sympathie d'emblée, mais nos idées sur le
>> droit d'auteur ne sont le plus souvent pas comprises du tout. Beaucoup
>> d'artistes même très pauvres perçoivent la SACEM et autres requins comme de
>> véritables bienfaiteurs.
>> Si on leur parle d'autoriser le public à faire des enregistrements
>> gratuits, il va falloir être drôlement carrés et précis sur ce qu'on veut
>> mettre en place pour leur assurer un revenu et une couverture sociale.
>> C'est juste pour situer le travail qu'il y a à faire de ce côté...
>>
>> C'est quoi un artiste pro ?
>>
>> Entre amateurs et pros, il y a le domaine des semi-pros qu'on peut définir
>> comme des créateurs qui sont payés de temps en temps mais qui ont une autre
>> activité à côté. mi-temps, intermittents, cachets, ventes occasionnelles de
>> peinture ou de photo... etc. Semi-pro c'est la semi-galère.
>> Contrairement aux amateurs la plupart du temps, les semi-pros sont souvent
>> d'excellent niveau. Le bon côté de ces pratiques c'est qu'elles permettent
>> d'éviter la situation d'artiste dans la misère, et qu'elles permettent de
>> concillier une activité artistique avec une vie de famille, ce qui est
>> pratiquement impossible autrement. Leur mauvais côté c'est qu'elles peuvent
>> être un piège qui conduit à faire les choses à moitié, et qu'elles
>> constituent une concurrence déloyale vis-à-vis des pros qui ont choisi de
>> s'immerger complètement dans la création en assumant toutes les galères qui
>> vont avec. C'est ce que dénonce à juste titre Colère Lyrique, car je
>> suppose que c'est plutôt ce type de profil que des amateurs du dimanche qui
>> sont employés dans un orchestre philharmonique.
>>
>> Vu du côté de la Maison des Artistes ou des syndicats, un artiste pro est
>> un artiste qui cotise chez eux. C'est une définition un poil bureaucratique
>> qui n'a pas grand chose à voir avec une approche esthétique, mais c'est
>> leur point de vue qui possède sa logique parce que ce sont ces artistes qui
>> ramènent de l'argent dans leurs caisses.
>>
>> Vu du côté des élus locaux, un artiste c'est quelqu'un qui sert à créer
>> une animation du quartier qui plaise aux riverains. Ce sont éventuellement
>> les riverains eux-mêmes. Ce sont des gens sympas qui ont un atelier où les
>> enfants peuvent aller en sortant de l'école pour goûter et faire leurs
>> devoirs... On tente de donner à l'artiste un rôle de travailleur social, et
>> les élus font tout pour confondre pratiques amateur et professionnelles.
>> C'est sympa d'un certain point de vue, mais ça n'arrange pas les artistes
>> underground dont le travail n'est généralement pas "tout public" et n'est
>> pas nécessairement fait pour conforter les gens dans ce qu'ils attendent ou
>> pour cacher les dures réalités du monde avec des arc-en-ciel et des
>> bisounours.
>>
>> C'est quoi une subvention ?
>>
>> Vu du côté de l'organisateur de spectacle, "structure subventionnée" ne
>> veut pas dire grand chose. Je pense que comme le dit François, *Colère
>> Lyrique* parle de très grosses structures bénéficiant de subventions
>> importantes de l'état ou de la région. Il faudrait le préciser, parce
>> qu'une troupe de théâtre amateur ou un squat peuvent très bien être
>> "subventionnés" ( comprendre avoir une convention d'occupation précaire et
>> avec un peu de chance de quoi chauffer leur local en hiver...)
>> De plus, le problème se pose aussi dans le cas des plus grosses
>> structures : On peut obtenir une subvention sous différentes formes et en
>> général pour une certaine part du budget seulement. Ça peut être du fric du
>> conseil général qui permet d'assurer l'entretien du lieu ou certaines
>> charges liées au fonctionnement ou à des dépenses d'investissement, mais
>> qui ne permettent pas nécessairement de payer les artistes ni tous les
>> intervenants. Or on ne peut pas utiliser une subvention qui a été accordée
>> pour un truc à autre chose. C'est du détournement de subvention et c'est
>> puni par la loi. D'où le fait que des sommes importantes sont dépensées de
>> façon imbécile parce qu'il y a une enveloppe et qu'il faut tout dépenser
>> intégralement ( d'autant que si on ne dépense pas tout on aura moins
>> l'année suivante...) et qu'on ne peut pas payer du personnel dont on a
>> besoin parce que la subvention n'a pas été prévue pour ça... Beaucoup de
>> dysfonctionnements auxquels il faudrait substituer une transparence
>> budgétaire et comptable.
>>
>> Je rejoins par ailleurs Frédéric sur l'articulation entre bénévolat,
>> travail rémunéré et manque à gagner. L'équation n'est pas si simple, car
>> quel qu'en soit le montant, l'argent public n'est pas inépuisable, et
>> certaines productions ne peuvent simplement pas se faire sans une part de
>> travail bénévole idéalement non dissimulé, mais qu'il est difficile
>> d'éviter. Bien sûr, ce qu'il faut c'est remettre à plat tout ce système
>> merdique qui crée des stars et des acteurs de complément toujours sur ce
>> même modèle social individualiste et pyramidal...
>>
>> Je suis vraiment d'avis de soutenir l'asso, mais aussi de mener une vraie
>> réflexion sur la politique culturelle que nous souhaitons mettre en avant.
>>
>> Merci aux courageux-ses qui auront lu ce trop long mail...
>> Amitiés à toutes et à tous
>> Olivier
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