[PP-discussions] AL: rapports au social et a l'ecologie, pour nourrir projet de ddpg et ... reflexions

renc rencontres3 at gmail.com
Sam 12 Sep 08:37:25 CEST 2015


voici ce texte recent de AL (copié de bc!

perso, il est loin de satisfaire mon niveau d'exigences en matiere de
culture politique minimale..

il est souvent fort emprunt de valeurs (meme s'il les denonce aussi!!)
citoyennistes et un peu confuses notamment sur du vocabulaire un peu
archéo..   emprunt d'un certain confusionnisme 'travaillisant',
    encore un peu englués ds la massification... (ils ecriraient
presque le choix "d'une société"!!  ;-//
    et ou sont pointés la qualité des relations, le focus sur les
prises de decisions genre 'dacca' etc!


mais ce coté un peu archeo/ melé a un rejet fort modéré du 'progres'
et d'une attitude anti-tech consequente les rendront peut etre encore
accessible a nos amis jeunes pirates...

et il y a des points de convergence, d'autres qui tenteront peut etre etc..

bien sur je prefererais surement des rencontres comme celles proposées
cet été avec la mouvance genre vmc comme nous l'evoquions cet été...
un vrai sens de lorganisation et de  la culture politique
(http://vmc.camp )
d'aileurs pour les tentés du choc (surement salutaire) il y a chantier
et retrouvailles d'automne en cette fin de mois pas trop loin de paris
(200km? vers l'est) a bure et luméville...

mais le pas est surement moins aisé pour la rencontre quoique ceté été
il y avait qques centaines un peu a la droite du toto  radical, et
meme si presence (les centristes?) de néo zadistes bien determinés, ou
de plus touristes molassons.. il faut pour profiter du chocs si l'on
sort de la culture du monde+arte, de sacré capacité d'ecoute et de
remise en cause... de plus pas facile de decrire a ceux des cases
precedentment cités des personnes qui justement refusent souvent
d'etre enfermées ds des cases, definitions figées et autres étiquettes
..


bon là, un sas gentillet avec al!:

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Alternative libertaire:Ecologie progressiste contre écologie réactionnaire.


Fondements politiques et stratégiques pour une approche communiste
libertaire de l’écologie

« Les problèmes écologiques ont une origine sociale, et ne peuvent
être résolus qu’en s’attaquant à cette origine : le mode de production
capitaliste, et le productivisme en général. Propriété privée des
moyens de production, marchandisation de la vie sociale, choix
éducatifs, vision exclusivement scientifique de la médecine,
mécanismes d’exploitation et de domination, création artificielle de
besoins... »

Sommaire • Développer nos positions écologistes • Analyse d’autres
mouvements écologistes • Stratégie pour Alternative libertaire

Développer nos positions écologistes

Reconnaître la crise écologique en cours

Nous devons, dans notre vocabulaire et nos analyses, considérer que
nous sommes déjà rentrés dans une crise écologique majeure. Il faut
parler du changement climatique au présent, car la température moyenne
s’est déjà réchauffée de 0,8°C depuis 1880, et que les records de
températures ne cessent de s’enchaîner. De même, la pollution des
eaux, la destruction des sols par l’agriculture chimique et
l’urbanisation, la déforestation, l’épuisement de multiples ressources
(métaux, hydrocarbures, …), la forte réduction de la biodiversité
(disparition de nombreuses espèces végétales et animales), etc., ont
déjà des conséquences importantes. Nous ne sommes donc pas à l’aube
d’une crise écologique, mais bien dans une crise écologique.

Malgré ce panorama peu réjouissant, il semble prématuré de parler
d’effondrement comme le font déjà certains en référence à d’autres
civilisations qui ont disparues brusquement. Tout d’abord, l’ordre
social et politique en place n’est pas encore dépassé par la crise
écologique, et une majorité d’individus, au moins dans les pays
occidentaux, peut encore vivre sans souffrir des effets de cette
crise. De plus, le capitalisme ayant déjà démontré son grand pouvoir
d’adaptation, il pourrait très bien survivre aux bouleversements qui
se profilent, voir muter en régime autoritaire écofascisant.

Il est néanmoins évident que le mode de vie occidental va devoir
profondément changer. Car nos sociétés sont fondées sur des ressources
dont la plupart sont en cours de disparition, ou dont le coût
(financier et écologique) d’extraction et d’utilisation est tel qu’il
vaut mieux s’en passer. Et sans ces ressources, c’est adieu à
l’électronique généralisé, la bagnole, les cuisines suréquipées, les
voyages au bout du monde pour un week-end, etc.

Que le système capitaliste perdure ou non, de profondes
transformations sociales sont à attendre dans le courant de ce siècle.

Il ne faut pas mettre d’espoir dans les solutions technologiques (le
récurrent « ils trouveront bien quelque chose »). Toutes les solutions
actuelles proposées (y compris les énergies renouvelables type grand
éolien et photovoltaïque) sont intensives en énergie et en ressources
rares, et ne représentent pas de solution à long terme. Nous devons
nous attendre à une décroissance, qu’elle soit voulue et joyeuse ou
subie et violente : produire moins de biens et des biens débarrassés
de l’obsolescence programmée, abandonner de nombreux secteurs
économiques, réduire les déplacements et l’utilisation de la voiture,
consommer moins d’énergie et de ressources, réduire la quantité de
déchets et les réutiliser ou les recycler, relocaliser la production
et la consommation, privilégier les ressources locales, etc.

Quelques positions pour Alternative Libertaire

De nombreux auteurs ont concilié des réflexions libertaires et
écologiques depuis longtemps. H.D. Thoreau (désobéissance civile,
simplicité volontaire), Reclus et Kropotkine (premières articulations
consistantes entre anarchisme et écologie), Ellul, Charbonneau,
Illich, Gorz, Bookchin... Et plus près de nous, Jean-Pierre Tertrais,
militant de la FA et pionnier de la décroissance au sein du mouvement
anarchiste. Sans être d’accord avec tout ce qu’ont dit ces auteurs,
nous pouvons nous approprier certaines idées pour proposer une
approche de l’écologie qui corresponde au reste de nos réflexions
politiques, sociales, économiques, culturelles.

Les problèmes écologiques ont une origine sociale, et ne peuvent être
résolus qu’en s’attaquant à cette origine : le mode de production
capitaliste, et le productivisme en général. Propriété privée des
moyens de production, marchandisation de la vie sociale, choix
éducatifs, vision exclusivement scientifique de la médecine,
mécanismes d’exploitation et de domination, création artificielle de
besoins...

Comme Marx l’a montré, la reproduction du capital ne peut être qu’une
reproduction élargie ; ce qui signifie qu’en régime capitaliste, la
production et la consommation sociales sont condamnées à se reproduire
à une échelle sans cesse croissante (cf. le fétichisme ordinaire de «
la croissance »), conjuguant ainsi productivisme ravageur et
consumérisme débridé, le premier réduisant la nature à un réservoir
réputé sans fin de matières premières et d’énergie, le second la
traitant comme un dépotoir réputé sans fond, sans considération aucune
de ses limites physiques dans les deux cas.

De plus, du fait de la propriété privée des moyens sociaux de
production et des moyens personnels de consommation, la production et
la consommation sociales se réduisent en une myriade d’activités
séparées les unes des autres, non coordonnées a priori entre elles et
uniquement régulées a posteriori par le marché, dont la résultante
globale est aveugle et involontaire, en définitive imprévisible et
incontrôlable dans ses effets écologiques aussi bien que proprement
socioéconomiques ; ce qui prive la société de toute maîtrise de son
interaction avec la nature. L’approche libertaire de l’écologie est
globale et analyse tous ces mécanismes sociaux qui créent les
conditions de la domination et de la destruction de la nature et de
ses habitants par une minorité d’êtres humains.

Cette analyse globale permet d’éviter de nombreux pièges
(environnementalisme, développement durable, etc.), et notamment de
différencier les responsabilités. Les travailleurs et travailleuses,
les peuples indigènes et (néo)colonisés n’ont pas autant de
responsabilité dans la crise écologique que les capitalistes et leurs
ami-e-s politicien-ne-s qui contrôlent les moyens de production et les
choix de société. La crise écologique est bien due aux activités
humaines, mais n’est pas le fait de l’humanité entière.

De nombreux chercheurs et militants considèrent que, depuis la
révolution industrielle de la fin du XVIIIe siècle, nous sommes entrés
dans une nouvelle époque géologique, l’anthropocène, caractérisée par
l’influence prédominante de l’espèce humaine sur le système terrestre.
Cependant, là aussi, considérer l’espèce humaine dans son ensemble
empêche de discerner les véritables responsabilités.

Pour un nouveau rapport entre les individus et avec la nature et les animaux

Pour vivre en harmonie avec la nature et les animaux et nos
semblables, un changement de système de valeurs est nécessaire. Reclus
et Kropotkine insistaient beaucoup sur ce point, dans un contexte de
montée en force du darwinisme social. Il faut passer d’une logique de
concurrence et d’exploitation (des hommes, de la nature, des animaux)
à une logique de complémentarité et de coopération, dans laquelle
l’homme ne se pense plus comme séparé de la nature, mais bien comme
partie intégrante de celle-ci.

De nombreux penseurs, anthropologues, linguistes se réfèrent aux
peuples premiers pour souligner la possibilité d’un tel changement de
logique (sans pour autant tomber dans les délires écolos mystiques qui
inventent une nouvelle spiritualité religieuse). Car de nombreuses
communautés et peuples existent ou ont existé, avec des valeurs
égalitaires, horizontales, coopératives et intégrées à la nature, dans
des schémas de pensée qui n’ont rien à voir avec les nôtres (relation
au temps et à la nature notamment). Tout en pouvant s’inspirer de leur
exemple sous ces rapports, la société communiste libertaire que nous
cherchons à faire naître par nos luttes n’aurait cependant pas
vocation à imiter ces sociétés dont de nombreux autres traits
(patriarcat, clanisme et tribalisme, pensée magico-religieuse, etc.)
demandent à être abolis.

La production et les échanges doivent se faire dans une logique
d’utilité sociale, et non plus de profit. Il est primordial de mener
une réflexion collective sur les besoins, en prenant en compte la
contrainte écologique. C’est la socialisation a priori : on définit
collectivement, au préalable, ce qu’on veut produire. On ne produit
que ce qui est bon pour toutes et tous, on élimine les productions
génératrices d’inégalités (notamment les biens de luxe), de pollution
excessive, etc.

Au contraire, le capitalisme se caractérise par la socialisation a
posteriori de la production : les capitalistes décident seuls des
biens et services qui seront produits et ceux-ci ne se socialisent (ne
deviennent des valeurs d’usage sociales) qu’en devenant des
marchandises, en s’échangeant sur le marché. La production sert alors
essentiellement à enrichir les capitalistes.

Passer d’une socialisation a posteriori à une socialisation a priori
de la production permet donc d’engager une dynamique antiproductiviste
et décroissante, en s’interrogeant avant de produire sur les besoins
et les conséquences des productions.

Le progrès technique n’est pas mauvais en soi, tout dépend de la
logique sociale (des rapports sociaux) qu’il matérialise et à laquelle
il sert de support. Aujourd’hui, le progrès technique alimente le
productivisme (et vice versa) et l’organisation hiérarchique de la
société. Gorz a beaucoup creusé ce sujet, pour montrer les
interactions entre « outils » et pouvoir, c’est-à-dire comment les
choix techniques déterminent les structures sociales et légitiment
certaines formes de pouvoir et, réciproquement, comment ces choix
résultent de ces structures et formes. L’exemple le plus évident est
le nucléaire, qui de par ses caractéristiques nécessite une structure
politique centralisée, militarisée et technocratique.

Mais le progrès technique pourrait aussi être orienté vers la
satisfaction des besoins sociaux de toutes et tous, vers la réduction
du temps de travail et l’allégement de la pénibilité des tâches. Il ne
s’agit pas de revenir au tout artisanal fait main, mais de réfléchir
collectivement aux types d’outils, de machines, d’industries que nous
voulons et pouvons créer et maintenir avec les ressources dont on
dispose.

On peut dégager quelques pistes pour l’établissement d’une technique «
conviviale » (Illich), que l’on nomme de plus en plus aujourd’hui «
low tech » (technologie basse ou douce) en opposition au « high tech »
:
 une propriété collective des techniques (fin des brevets) pour un
contrôle local et une appropriation facile par les utilisateurs ;
 le renforcement de l’autonomie locale, avec l’utilisation de
ressources et la fabrication de produits adaptées aux conditions
naturelles et sociales ;
 une réflexion globale sur le cycle de vie d’un produit avant sa
fabrication : conception économe en ressources et énergie, produit
durable et facilement réparable, assez simple pour ensuite être
recyclé ;
 favoriser les usages collectifs des produits (électroménager, outils,
appareil électronique, transport, habitat...) ;
 des décisions collectives et démocratiques pour la recherche et
développement, avec une orientation allant vers la préservation des
ressources et la régénération des écosystèmes.

Sortir du salariat et développer une nouvelle relation aux activités
de production.

Le travail est bien souvent une contrainte pour les salarié-e-s (aucun
contrôle des horaires, de l’organisation du travail, du but de la
production, etc.), malheureusement nécessaire pour pouvoir vivre. En
luttant pour l’abolition du salariat à travers la propriété sociale
des moyens de production, la subordination de la production à la
satisfaction des besoins sociaux dans le cadre de son organisation
coopérative et l’autogestion des unités de production par les
travailleur-se-s, il s’agit de redonner à toutes et tous la
possibilité d’accéder à une ou des activités épanouissantes,
socialement utiles, et contrôlées par celles et ceux qui les exercent.

Le temps de travail socialement nécessaire pourrait être drastiquement
réduit (entre 15 et 20h hebdomadaires selon J. Baschet dans Adieux au
Capitalisme, 7h selon l’association Bizi dans sa brochure travailler
une heure par jour) en adaptant les techniques et les productions à
une logique décroissante et communiste libertaire. Le temps dégagé
permettrait à toutes et tous de s’engager dans des activités
politiques, sociales, culturelles, et de se consacrer à
l’autoproduction (nourriture, vêtement, mobilier, habitat, etc., selon
les goûts et compétences).

Analyse d’autres mouvements écologistes

Il existe de nombreux courants et mouvements au sein de l’écologie
politique. Il est impossible ici de tous les analyser. L’accent est
donc mis sur deux mouvements qui partagent certaines idées et méthodes
avec Alternative Libertaire, l’écosocialisme et la décroissance, pour
préciser ce qui nous différencie d’eux, et sur l’extrême droite, qui
essaye de plus en plus de se placer sur le terrain de l’écologie.

Ecosocialisme

L’écosocialisme est, au départ, une tentative de réactualisation de la
pensée de Marx à la lumière de la contrainte écologique. Cette
dernière engendre une nouvelle contradiction au sein du capitalisme,
entre forces de production et conditions de production (ressources et
écosystèmes). Il s’agit également d’une démarche de réexploration de
certains aspects de la pensée de Marx, nuançant l’image communément
répandue d’un défenseur inconditionnel du productivisme et de la
domination de l’Homme sur la nature.

Au carrefour de l’écologie politique et du socialisme, l’écosocialisme
est donc un courant de pensée qui a le mérite de rompre avec la
tendance prométhéenne des vieux courants de la gauche progressiste.
Cependant, depuis que le concept s’est diffusé au sein de la gauche,
du NPA au PG et même plus largement encore, se sont rassemblées sous
la bannière d’écosocialisme des approches multiples et même
antagonistes.

Certaines approches témoignent d’une forme de développement durable
largement inconséquent (PG). D’autres estiment qu’une sortie du
capitalisme serait suffisante et entraînerait mécaniquement une sortie
du productivisme (Ensemble, NPA). Enfin, certains développent une
analyse assez juste incluant anticapitalisme, antiproductivisme et
auto-limitation (courants les plus avancés du NPA et d’Ensemble).
Cependant, la limite de ces courants se situe également au niveau de
leur conception du « socialisme » d’un point de vue à la fois
économique et politique.

Le débat entre écosocialistes et écologistes libertaires dépassant
largement la question de l’écologie, nous nous bornerons ici à l’axe
de l’autogestion, qui nous importe davantage concernant la question
plus spécifique de l’écologie. Pour le PG, le PCF, et le Parti de la
Gauche Européenne, L’État Républicain est présenté comme un cadre
émancipateur ainsi qu’un absolu indépassable. L’autogestion,
lorsqu’elle est envisagée (NPA, Ensemble), ne constitue pas la base
d’un mode de transition du mouvement social passant par la
construction d’une contre-société autonome visant à remplacer l’État.

Si la logique de relocalisation semble suggérer un fédéralisme
autogestionnaire, les nécessités de coordination à plus grande échelle
aboutissent au centralisme étatique. Cela pose au moins deux
problèmes. Dans la perspective lointaine d’une part, il découle de ce
centralisme une logique de planification. D’autre part, la logique de
planification, qui se veut « plus démocratique », s’inscrit souvent
dans une logique experte, impliquant le maintien implicite de
hiérarchies techniques, bureaucratiques, politiques, et en conséquence
socio-économiques.

Cette logique n’est pas étonnante du fait que l’écosocialisme semble
constituer le nouveau visage des héritiers de la sociale démocratie et
du trotskysme. L’écosocialisme fait partie des mots d’ordre au service
d’une recomposition de la gauche électorale rouge et verte, de
nouveaux fronts populaires et de nouveaux socialismes d’État. Il n’y a
guère que quelques minorités de militants de ces organisations qui
font preuve d’une volonté de pousser jusqu’au bout les questions
d’écologie et de décroissance dans leurs organisations respectives.
Ils échouent cependant à faire en sorte que leurs partis tranchent a
priori entre les approches réformistes et révolutionnaires.

Décroissance et objection de croissance

Comme l’écologie, la décroissance n’est pas un corpus idéologique
intégral, mais apparaît comme une nébuleuse unifiée autour de la
critique d’une dimension spécifique des sociétés contemporaines. Elle
part d’abord d’un constat objectif, certainement le plus poussé et le
plus conséquent, au niveau de l’insoutenabilité et des ravages
provoqués par le modèle de production techno-industriel, de ses liens
avec la dynamique de croissance matérielle illimitée (intensive et
extensive). A travers cette critique, elle développe une seconde
critique, de nature socioculturelle, remettant radicalement en
question un modèle de civilisation.

Les deux organisations principales se réclamant de la décroissance,
que sont le « Parti Pour la Décroissance » et le « Mouvement des
Objecteurs de croissance », font le lien entre critique de la société
industrielle et croissance économique, se positionnant alors d’un
point de vue antilibéral voire anticapitaliste. Pour eux, la
décroissance n’est pas synonyme de récession économique, mais implique
plutôt la sortie du modèle social régi par l’économique, et la
resocialisation des rapports de production. D’autre part, ces deux
organisations semblent sortir de la suffisance de la « simplicité
volontaire » en mettant en avant une dimension collective et un projet
de société.

Le MOC est une organisation qui fait preuve d’une dynamique
d’assimilation théorique intéressante, s’appuyant sur des thèses de la
gauche radicale, autogestionnaire, néo-zapatiste et libertaire.
Cependant, ces deux organisations semblent opposer les alternatives
concrètes aux luttes sociales, et privilégier une stratégie de
désertion des usines, ainsi que l’abandon de la lutte de classe qui
peut s’y mener. Les luttes syndicales sur le plan salarial sont
dénigrées en tant que formes d’encouragement du productivisme.

Ces mouvements ne rejettent pas pour autant les aspirations
égalitaires et la lutte de classe3, mais ils en développent une
conception pouvant aboutir à une certaine forme de citoyennisme.
Enfin, la stratégie officielle des objecteurs de croissance concernant
les élections n’est pas sans entraîner certaines contradictions.

Si le MOC semble avancer dans une direction cohérente avec les
positions d’AL en ce qui concerne la question sociale et celle de
l’autogestion, il semble que les tentatives d’appropriation de
thématiques de la gauche autogestionnaire et libertaire témoignent de
l’insuffisance de la seule décroissance en tant que projet politique.
L’avenir de la décroissance en politique semble donc se trouver d’une
part dans une certaine hégémonie, et, d’autre part, dans un éclatement
et une recomposition, autour ou au sein, des mouvements sociaux ou
organisations politiques capables de l’intégrer dans leurs projets.

La majeure partie des constats est en effet partagée par des
mouvements aux conceptions politiques, et donc aux solutions, très
diverses : des libertaires, certains autonomes, des écologistes
profonds, survivalistes, primitivistes, certains post-marxistes, des
sociaux-démocrates ouantilibéraux, des courants d’extrême droite, des
alternativistes apolitiques (ces derniers pouvant s’orienter au prime
abord vers la sociale-démocratie, la droite, voire l’extrême droite).
L’enjeu de la décroissance consiste donc dans la constitution d’un
pôle communiste libertaire. La décroissance partage en effet avec
l’anarchisme le fait que sa version individualiste est plus médiatisée
que sa version communiste et lutte de classe, car cette première n’est
pas révolutionnaire et est donc moins dangereuse pour l’ordre établi.

Extrême Droite

Concernant la question écologique et la décroissance, l’extrême droite
est une nébuleuse. Il y existe bien des partisans de l’écologie
radicale (par exemple, le « Mouvement d’action sociale ») et un
courant décroissant, notamment porté par Alain De Benoist et des
courants religieux intégristes. Mais la décroissance ne fait pas
l’unanimité au sein de l’extrême droite. Elle est aussi pétrie de
négationnistes et autres climatosceptiques, dont en premier lieu
Jean-Marie Le Pen, et de partisans du développement durable. Le projet
du FN de 2012 et le contenu des collectifs « Nouvelle Écologie », par
exemple, s’inscrivent dans cette seconde logique, qui ne remet pas en
cause le capitalisme et le productivisme.

La stratégie de Marine Le Pen étant de capter l’électorat le plus
important possible, le FN tend logiquement à se caler davantage sur
les positions écologiques modérées d’EELV que celles, plus radicales,
du PPLD et du MOC. Il ne peut faire l’impasse sur la question
écologique, tant ce thème est devenu incontournable. En définitive, il
est nécessaire de se rappeler que l’objectif principal de l’extrême
droite demeure la conquête du pouvoir, la mise en place d’un Etat
fort, d’un ordre réactionnaire (moral et « naturel »), le
développement du nationalisme, de l’identité culturelle et ethnique.
Pour cela, elle applique une stratégie pseudo-gramscienne d’hégémonie
culturelle qui lui permet de gagner à ses idées fondamentales des
personnes aux opinions très diverses par ailleurs.

AL doit contribuer à développer une conscience politique antifasciste
dans les luttes et les réseaux militants écologistes, car celle-ci est
assez faible au point que certains groupes rouges bruns ou
identitaires noyautent plusieurs luttes comme celle axée contre les
gaz de schiste ou des groupes locaux d’Alternatiba. Par ailleurs la
vigilance et la mobilisation antifasciste sont d’autant plus
nécessaire que les milieux d’extrême droite servent de supplétifs au
gouvernement dans son sale boulot de répression ; cela est notamment
le cas à Sivens (Tarn) et à Roybons (Isère).

Stratégie pour Alternative libertaire

Si les positionnements des différents courants de l’écologie, ainsi
que nos revendications pour un monde soutenable ont été détaillés ici,
c’est pour permettre d’envisager une stratégie de long terme dans les
reconfigurations de l’écologie politique, tout en avançant des pistes
qui soient à la hauteur de l’urgence.

Au niveau des organisations politiques : structuration d’un front ou
d’un réseau conséquent d’écologie radicale

Il apparaît que les propositions écologistes, si elles font déjà
partie des programmes électoraux des principales formations
politiques, vont susciter de plus en plus de débats ou d’opportunités
de séduire l’électorat (cf. le FN qui cherche à faire bouger les
lignes sur la base de revendications pseudo-écolos). Puisqu’une partie
de l’extrême gauche prône une écologie sans rupture, puisque nous
voulons contribuer à ce que la sensibilité écologiste diffuse dans la
société (re)devienne une sensibilité de classe, et puisqu’il existe
d’innombrables initiatives « citoyennes » et alternatives (AMAP,
coopératives, groupes pour la transition, etc.) dont certaines n’ont
pas de boussole politique, nous pensons qu’il y a un enjeu à renforcer
le pôle – ou la nébuleuse - d’écologie politique radicale qui existe
et se cherche actuellement, et à le faire connaître et s’exprimer.

Nous avons déjà appréhendé ce travail avec Climat Social, et cette
volonté de confronter les courants radicaux (écosocialiste,
décroissant, autonome), en vue d’agir ensemble dans la diversité, a
été très bien accueillie par divers milieux. Certains collectifs en
effet sont à la recherche de débouchés politiques qui ne soient pas
une comédie électoraliste, mais un vrai mouvement de contestation des
pouvoirs pro-capitalistes et autoritaires, sur la base de l’écologie.
Or il existe bien des partenaires politiques organisés qui affirment
cette cohérence entre les luttes, ce lien entre bien social et projet
– ou société – écologiste.

Nous travaillerons donc avec les autres courants en défendant les
bases suivantes : rupture avec le capitalisme, son productivisme, sa
régulation marchande et les modes de vie qu’ils impliquent, lutte
contre l’autoritarisme étatique et pour le développement d’une
démocratie autogestionnaire.

L’idée ressemble à ce qui motive la stratégie des fronts
anticapitalistes, dans un contexte de fragmentation des mouvements et
des luttes. Le principal point commun est la volonté de construire,
avec d’autres composantes, un mouvement à même de faire exister les
revendications de l’écologie radicale sans les instrumentaliser ou les
trahir, comme le font l’extrême gauche institutionnelle ou l’extrême
droite.

Du côté des libertaires, un effort doit être fait pour se rapprocher
des groupes se réclamant de l’écologie radicale et ayant travaillé sur
ces questions, au niveau fédéral ou dans leurs groupes locaux : No
Pasaran, décroissants de la FA, CGA, OCL. Ce rapprochement doit
également se faire avec des organisations libertaires à
l’international, car la transversalité des luttes, et la possibilité
de convergences internationales restent une dimension essentielle de
la mouvance écologiste, et ce malgré l’éclatement de
l’altermondialisme.

Pour cela, il est important de renforcer l’articulation du SI écologie
avec d’une part les CALs qui se mobilisent sur les questions
écologistes, et d’autre part avec la commission internationale.

Depuis cet éclatement de l’altermondialisme, le paysage des luttes
nous a habitué-e-s à l’existence de mouvements autonomes à forte
composante écologiste : groupes No Tav, collectifs antinucléaire,
zadistes de tous horizons. Il ne s’agit pas ici de démêler la
diversité et la complexité de ces mouvements, mais juste de souligner
leurs aspects les plus intéressants : dénonciation de l’autoritarisme
du pouvoir (quand ce n’est pas de manière sacrificielle), tentative
d’organisation d’un contre-modèle politique sur le long terme
(certains groupes se sont donnés les moyens d’une véritable autonomie
médiatique et économique), et enfin modes d’action efficaces notamment
par l’occupation.

La participation des organisations politiques en tant que telles à ces
mouvements reste un point de clivage, et un débat pas vraiment ouvert
entre ces autonomes et les libertaires organisés. Mais certains
milieux montrent une attitude autocritique encourageante quant à la
religion de la non organisation. Cela nous amène à considérer,
toujours localement, certains groupes autonomes comme des forces avec
lesquelles travailler, car ils prennent des initiatives là où ne nous
sommes pas. Le cas échéant nous le ferons sans pour autant nous
départir de nos exigences politiques, de modes d’action et
d’organisation pertinents. Par contre nous savons d’ores et déjà que
ce ne sera pas un travail immédiatement compatible avec la
construction des fronts politiques que l’on a décrits plus haut.

Notre expression politique et notre mobilisation contre le Traité
transatlantique entre Union européenne et Amérique du Nord (TAFTA) ne
sont pas à la hauteur de ce qu’elles devraient être. De même, un
mouvement comme Blockupy qui a pour ambition de fédérer la
contestation portée contre les politiques d’austérité en Europe
n’articule que très faiblement son combat avec cette question pourtant
essentielle. Alors que nous sommes dans la phase finale des
négociations et que les Etats parties prenants de ce projet sont bien
déterminés à adopter les différents traités de libre échange
concernés, AL qui s’est prononcé publiquement contre ces textes doit
faire du combat contre ces accords une priorité.

Le monde du travail et ses organisations

Le système productif (et surproductif) d’aujourd’hui ne permet pas la
nécessaire ruptu
mercredi 9 septembre 2015 - 11h29 - Signaler aux modérateurs
2 commentaires
re écologiste. C’est le monde du travail qu’il faudrait repenser dans
cette perspective, et c’est justement là que c’est le plus difficile
puisque nous n’avons pas le rapport de force, ni la maîtrise des
moyens de production.

Un travail important à réaliser – et c’est là quelque chose que nous
pouvons porter avec les écosocialistes critiques beaucoup plus qu’avec
les décroissants - serait de porter le discours écologiste sur les
lieux de travail et dans les syndicats. Avec une stratégie à deux
niveaux : populariser les préoccupations écologistes via les
organisations de masses, et insister sur les propositions radicales là
où des organisations ont déjà pris ce parti : la confédération
paysanne et certaines fédérations de Solidaires.

Il est primordial de s’attaquer dès maintenant aux articulations entre
problèmes écologiques et question de l’emploi (car la droite accuse
déjà les luttes anti Grands Projets de nuire à l’emploi, et que c’est
une des principales sources de la « mollesse » de l’extrême gauche),
et qu’il faut le faire tant dans le champ politique que syndical. Pour
cela il faut mettre sur pied une stratégie d’intervention, en lien
avec le SI Entreprises.

Par exemple l’idée a été émise de créer un équivalent de « Visa » pour
l’écologie, mais cette possibilité n’a pas encore été creusée. Un
travail doit donc être engagé entre le SI écologie et la branche
entreprise, tout d’abord pour prendre connaissance de l’état actuel de
la sensibilisation et de l’avancement des réflexions écologiques parmi
les camarades syndicalistes. Une formation pourrait ensuite être
proposée sur le rapport entre écologie et emploi, à destination de la
branche entreprise et de l’ensemble des militants intervenant au
niveau du monde du travail. A travers ce processus, nous serons en
mesure de définir collectivement des axes d’intervention stratégiques
plus affinés en matière d’écologie en fonction des différents secteurs
d’activité.

Pour conclure, nous pouvons résumer les axes d’intervention
stratégique proposés pour AL : 1. agir de manière unitaire avec les
mouvements proches de nos bases de classes, anticapitalistes,
autogestionnaires, au sein des mobilisations écologistes ; 2.
renforcer nos liens et notre coordination pratique avec les
organisations libertaires développant des positions écologistes
lucides ; 3. intervenir en commun avec les groupes autonomes dont les
modes d’actions sont compatibles avec les nôtres ; 4. contribuer au
développement et au renforcement de l’activité syndicale relative aux
problématiques écologiques.

La mise en œuvre de cette stratégie est importante, autant pour le
mouvement en lui-même que pour notre organisation. De nombreux CALs
s’investissent dans des mobilisations écologiques radicales ;
d’autres, par leur implantation syndicale, sont à même de mettre à
l’ordre du jour ces questions dans leurs syndicats respectifs. Ces
deux démarches conjuguées pourraient nous apporter de nouvelles
adhésions, ce qui permettrait à AL de renforcer son attrait et sa
capacité à peser au sein des luttes écologiques.


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