[PP-discussions] sur 'revenu maximal' (...une evidence!) ... voici l'article ...et pas que le teaser dans mediapart...
Jérôme Micucci
micucci at online.fr
Sam 26 Juil 10:14:29 CEST 2014
Effectivement, c'est une belle idée ! Qui verrait les plus riches se
responsabiliser sur la question de la misère de leurs (proches) voisins...
Intéressant.
MkZ*
Le 26/07/2014 01:34, renc a écrit :
> finalement sur le site de l'original...
>
> -pas loin aussi un bon papier sur marinaleda..
> (meme si il ne peut pas s'empecher de deblaterer toute les (souvent
> semi débiles!) critiques jalouse d'une initiative...)
>
> copies et lie en fin de mail..
>
>
>
>
> http://www.monde-diplomatique.fr/2012/02/PIZZIGATI/47377
>
> Renaissance d’une exigence
>
>
> Plafonner les revenus, une idée américaine
>
> Si la pauvreté soulève une indignation unanime — il faudrait la
> combattre pour rendre le monde plus juste —, la fortune est plus
> rarement perçue comme un problème. Mais, avec la tempête financière,
> le lien entre l’une et l’autre refait surface. En même temps qu’une
> idée née aux Etats-Unis il y a plus d’un siècle : limiter les revenus
> des plus riches.
>
> par *Sam Pizzigati*, février 2012
>
> Au nombre des revendications portées par les militants du mouvement
> Occuper Wall Street, il en est une qui plonge profondément ses racines
> dans l’histoire des Etats-Unis : l’instauration d’un plafond pour les
> hauts revenus. Depuis l’époque dorée de l’après-guerre civile
> américaine, les grandes mobilisations en faveur de la justice
> économique ont toujours énoncé cette demande, aujourd’hui appelée
> « salaire maximum ». Cette formule n’englobe pas seulement le salaire,
> mais la totalité des revenus annuels ; elle permet de créer un lien de
> familiarité avec la notion de « salaire minimum ».
>
> C’est le philosophe Felix Adler — surtout connu pour avoir fondé et
> présidé, au début du XXe siècle, le National Child Labor Committee —
> qui, le premier, a porté cette revendication. Selon lui,
> l’exploitation des travailleurs, jeunes et vieux, génère d’immenses
> fortunes privées qui exercent une /« influence corruptrice »/ sur la
> vie politique américaine. Pour limiter celle- ci, il propose de mettre
> en œuvre une fiscalité très fortement progressive pouvant atteindre,
> au-delà d’un certain seuil, 100 % d’imposition. Ce taux laisserait à
> l’individu /« tout ce qui peut vraiment servir à l’accomplissement
> d’une vie humaine »/ et lui arracherait /« ce qui est destiné à
> l’apparat, à la fierté, au pouvoir »/ (1
> <http://www.monde-diplomatique.fr/2012/02/PIZZIGATI/47377#nb1>).
>
> Si le /New York Times/ a donné à l’appel d’Adler une large audience,
> la notion de « salaire maximum » n’a pas connu de traduction
> législative avant le premier conflit mondial. Afin de financer
> l’effort de guerre, les progressistes proposent alors de taxer à
> hauteur de 100 %les revenus supérieurs à 100 000 dollars (soit
> 2,2 millions de dollars en 2010).
>
> Le groupe qui soutient cette mesure, l’American Committee on War
> Finance, rassemble deux mille volontaires à travers le pays. Il publie
> dans les journaux des coupons détachables que les lecteurs peuvent
> signer, s’engageant ainsi à /« œuvrer pour la promulgation rapide
> d’une loi »/ sur la limitation des revenus : une /« conscription de la
> richesse »,/ selon les mots du comité. /« Si l’Etat a le droit de
> confisquer la vie d’un homme pour satisfaire à l’intérêt général,
> alors il doit certainement pouvoir réquisitionner la fortune de
> quelqu’un pour les mêmes raisons »,/ déclare son président, l’avocat
> Amos Pinchot, devant le Congrès, avant de souligner que 2 % des
> Américains détiennent 65 % de l’ensemble des richesses du pays. /« Les
> Etats-Unis, pas plus qu’aucun autre pays, ne peuvent conduire une
> guerre qui sert à la fois les intérêts des ploutocrates et ceux de la
> démocratie. Si la guerre sert Dieu, elle ne peut pas servir Mammon/ (2
> <http://www.monde-diplomatique.fr/2012/02/PIZZIGATI/47377#nb2>)/ »,/
> conclut-il. Pinchot et ses camarades progressistes n’ont pas obtenu
> gain de cause, mais leur campagne a profondément modifié la fiscalité
> nationale : le taux supérieur d’imposition sur les revenus dépassant
> le million de dollars passe de 7 % en 1914 à 77 % en 1918.
>
> La « peur rouge » qui suit la première guerre mondiale (3
> <http://www.monde-diplomatique.fr/2012/02/PIZZIGATI/47377#nb3>)
> anéantit les espoirs d’une Amérique plus égalitaire. De retour au
> pouvoir, la droite refait des Etats-Unis une nation accueillante pour
> les plus fortunés. On assiste, durant les années 1920, à un processus
> rapide de concentration de la richesse. Au Congrès, démocrates et
> républicains se battent pour obtenir une diminution des taxes sur les
> hauts revenus. En 1925, le taux d’imposition maximum est de 25 %.
>
> Mais la crise de 1929, qui mène l’économie au bord de l’effondrement,
> change à nouveau la donne. En 1933, un quart des travailleurs
> américains sont sans emploi. La revendication d’un plafond des revenus
> réapparaît. En Louisiane, Huey P. Long, jeune sénateur flamboyant,
> lance le mouvement Partageons notre richesse, qui essaimera à travers
> le pays. Il propose l’instauration d’un plafond à 1 million de dollars
> pour les revenus annuels individuels — ce qui représenterait plus de
> 15 millions de dollars en 2010 — et de 8 millions de dollars pour le
> patrimoine.
>
> En juin 1935, le président Franklin D. Roosevelt scandalise l’Amérique
> fortunée en annonçant son intention de /« faire payer les riches »/
> pour résoudre la crise. Il crée alors une taxe de 79 % sur les revenus
> supérieurs à 5 millions de dollars (environ 78 millions de dollars
> en 2010). Cette décision — et l’assassinat de Long, en août 1935 —
> éloigne pour un temps l’idée de revenu maximum. Mais celle-ci resurgit
> en avril 1942. Roosevelt, inspiré par plusieurs syndicats, propose de
> créer un revenu maximum en temps de guerre, fixé à 25 000 dollars par
> an (environ 350 000 dollars en 2010). A défaut d’aller si loin, en
> 1944, le Congrès fixe le taux d’imposition des revenus supérieurs à
> 200 000 dollars à un niveau inégalé : 94 %.
>
>
> Les plus riches auraient
> un intérêt personnel et direct
> au bien-être des moins riches
>
> Au cours des deux décennies suivantes — une période de grande
> prospérité pour la classe moyenne américaine —, le taux d’imposition
> supérieur tourne autour de 90 %, avant de tomber à moins de 70 %
> pendant la présidence de Lyndon Johnson (novembre 1963-janvier 1969).
> Sous Ronald Reagan, ce taux fond encore, pour atteindre 50 % en 1981,
> puis 28 % en 1988. Aujourd’hui, il s’élève à 35 %. C’est déjà trop,
> selon certains. Mais, heureusement pour les plus riches, la majeure
> partie des revenus qu’ils déclarent provient des gains du capital, des
> profits réalisés grâce à l’achat et à la vente d’actions,
> d’obligations et d’autres actifs, lesquels ne sont taxés qu’à hauteur
> de 15 %. Une statistique résume cette évolution : en 2008, les quatre
> cents contribuables les plus fortunés ont empoché 270,5 millions de
> dollars chacun et payé 18,1 % d’impôts à l’Etat fédéral ; en 1955, ils
> avaient gagné 13,3 millions de dollars (en dollars constants, compte
> tenu de l’inflation) et payé 51,2 % d’impôts.
>
> Le débat s’est déplacé. Aujourd’hui, les héritiers d’Adler, Pinchot et
> Long se focalisent sur les entreprises plutôt que sur les individus.
> Selon eux, les différents échelons du pouvoir (local, d’Etat, fédéral)
> devraient tirer profit du fait que les entreprises privées reçoivent
> de l’argent public — sous la forme de commandes de l’Etat, de
> subventions au « développement économique » ou d’avantages fiscaux —
> pour exiger d’elles de nouvelles politiques salariales. Aucun dollar
> provenant des impôts ne devrait aller dans les caisses d’entreprises
> qui paient leurs dirigeants dix, vingt, voire cinquante fois plus que
> leurs salariés (4
> <http://www.monde-diplomatique.fr/2012/02/PIZZIGATI/47377#nb4>).
> /« L’Etat fédéral refuse actuellement de signer des contrats avec des
> entreprises qui ont des pratiques de recrutement racistes ou sexistes.
> Le même principe pourrait être invoqué pour refuser des contrats à
> celles qui, par les salaires exorbitants de leurs dirigeants,
> augmentent les inégalités économiques de la nation/ (5
> <http://www.monde-diplomatique.fr/2012/02/PIZZIGATI/47377#nb5>)/ »,/
> estime un rapport de l’Institut for Policy Studies.
>
> Le but ultime ? Un vrai salaire maximum, indexé sur le salaire
> minimum, qui prendrait la forme d’une fiscalité fortement progressive,
> ainsi qu’Adler l’a proposé il y a un siècle. Le maximum serait défini
> comme un multiple du minimum et tout revenu supérieur à dix ou
> vingt-cinq fois ce minimum serait frappé d’un impôt de 100 %. Cette
> disposition encouragerait et nourrirait presque immédiatement une
> forme d’économie solidaire : pour la première fois, les plus riches
> auraient un intérêt personnel et direct au bien-être des moins riches.
>
> Avant le mouvement Occuper Wall Street, une telle perspective
> s’apparentait à un fantasme politique. Plus maintenant. Signe des
> temps : deux éminents universitaires américains, l’un juriste à Yale
> et l’autre économiste à Berkeley, viennent de publier dans le /New
> York Times/ un plaidoyer convaincant pour une réforme fiscale qui
> limiterait le revenu moyen des 1 % d’Américains les plus riches à
> trente-six fois le revenu médian (6
> <http://www.monde-diplomatique.fr/2012/02/PIZZIGATI/47377#nb6>). Nous
> considérons aujourd’hui le salaire minimum comme un acquis social.
> Pourquoi pas le salaire maximum ?
>
> *Sam Pizzigati*
>
> Chercheur associé à l’Institute for Policy Studies (Washington, DC) et
> rédacteur en chef du site Too Much <http://toomuchonline.org>. Auteur
> de /The Rich Don’t Always Win : The Forgotten Triumph Over
> Ploutocracy, 1900-1970, That Created the Classic American Middle
> Class/, Seven Stories Press, New York, à paraître à la fin de 2012.
>
> (1 <http://www.monde-diplomatique.fr/2012/02/PIZZIGATI/47377#nh1>)
> Felix Adler, « Proposing a system of graded taxation
> <http://query.nytimes.com/gst/abstract.html?res=F40717FB35551B7A93CBA91789D85F448884F9> »,
> /The New York Times,/ 9 février 1880.
>
> (2 <http://www.monde-diplomatique.fr/2012/02/PIZZIGATI/47377#nh2>)
> /The Public,/ New York, 28 septembre 1917.
>
> (3 <http://www.monde-diplomatique.fr/2012/02/PIZZIGATI/47377#nh3>)
> Soit les années 1919-1920, marquées par un fort sentiment anticommuniste.
>
> (4 <http://www.monde-diplomatique.fr/2012/02/PIZZIGATI/47377#nh4>) Les
> principaux patrons américains gagnent actuellement trois cent
> vingt-cinq fois plus que le salaire hebdomadaire moyen.
>
> (5 <http://www.monde-diplomatique.fr/2012/02/PIZZIGATI/47377#nh5>)
> « Executive excess 2007 : The staggering social cost of U.S. business
> leadership. 14th annual CEO compensation survey
> <http://www.ips-dc.org/reports/070829-executiveexcess.pdf> » (PDF),
> Institute for Policy Studies, Washington, DC, 29 août 2007.
>
> (6 <http://www.monde-diplomatique.fr/2012/02/PIZZIGATI/47377#nh6>) Ian
> Ayres et Aaron S. Edlin, « Don’t tax the rich. Tax inequality itself
> <http://www.nytimes.com/2011/12/19/opinion/dont-tax-the-rich-tax-inequality-itself.html> »,
> /The New York Times,/ 18 décembre 2011.
>
>
>
>
>
> =================================================
>
>
> et mari...
>
>
> http://www.monde-diplomatique.fr/2013/08/HAFFNER/49520
>
> Une expérience qui dure depuis trente-cinq ans
>
>
> Marinaleda, phalanstère andalou dans une Espagne en crise
>
> Avec ses camarades du Syndicat andalou des travailleurs, M. Juan
> Manuel Sánchez Gordillo a mené plusieurs actions de réquisition de
> nourriture dans les supermarchés en faveur des victimes de la crise.
> Ces coups d’éclat ont suscité un regain d’intérêt pour Marinaleda, la
> commune dont il est le maire. Ici, on ne fait rien comme ailleurs. Et
> cela semble marcher…
>
> par *Gilbert Haffner*, août 2013
>
> Marinaleda, commune espagnole de vingt-cinq kilomètres carrés, deux
> mille huit cents habitants, dans la province de Séville, est entouré
> d’immenses propriétés appartenant pour la plupart à de riches
> propriétaires terriens. /« Los terratenientes »,/ l’aristocratie
> seigneuriale séculaire, exploitent des milliers d’hectares et des
> dizaines de milliers d’ouvriers agricoles, /peones/ ou /jornaleros/
> (journaliers). C’est le royaume du travail précaire (1
> <http://www.monde-diplomatique.fr/2013/08/HAFFNER/49520#nb1>).
>
> Mais Marinaleda est connu en Espagne, et même en Europe, pour d’autres
> raisons. Ce village, sous l’impulsion de son maire, M. Juan Manuel
> Sánchez Gordillo, toujours réélu depuis trente-quatre ans, a développé
> un dispositif politique, économique et social original. L’écusson de
> la ville clame ses ambitions : « Une utopie vers la paix ». Certains
> le qualifient de modèle anticapitaliste ; d’autres le dénoncent comme
> une tromperie ou une farce. Alors, vérité ou mensonge ? Utopie ou
> réalité ? Système anticrise ou simple retardateur des effets de la crise ?
>
> Avant de répondre, tentons d’imaginer cette région d’Andalousie dans
> les années 1970, sans infrastructures administratives, économiques ou
> sociales. C’est le Mezzogiorno espagnol ; un Carlo Levi national
> aurait pu écrire /Le Christ s’est arrêté à Marinaleda/ (2
> <http://www.monde-diplomatique.fr/2013/08/HAFFNER/49520#nb2>). En
> 1979, aucune rue n’était goudronnée ; l’habitat était misérable, à
> l’image des habitants ; la médecine de proximité, insuffisante. Point
> de mairie fonctionnelle, une école réduite à sa plus simple
> expression ; pas de collège (3
> <http://www.monde-diplomatique.fr/2013/08/HAFFNER/49520#nb3>).
>
>
> Des logements autoconstruits à 15 euros par mois
>
> Tout commence en 1977, avec la création du Syndicat des ouvriers de la
> terre (Sindicato de obreros del campo, SOC). Les habitants y adhèrent
> en masse. Un an plus tard, c’est la première occupation d’une grande
> propriété, la /finca/ de Bocatinaja, d’où les syndicalistes seront
> expulsés. Puis l’élection d’un nouveau maire, le plus jeune de toute
> l’Espagne : M. Sánchez Gordillo, professeur d’histoire. Ses
> principes ? Lutter contre la misère, et donc contre ceux qui la
> génèrent : le système économique dominant et les propriétaires
> terriens toujours, les pouvoirs publics parfois. Il faut de la terre
> pour cultiver — de la terre qui soit propriété de la collectivité, et
> non d’un seigneur ; de la terre pour procurer du travail dans cette
> région essentiellement agricole.
>
> Alors commence la longue route vers l’appropriation publique des
> terres privées, avec grèves de la faim, occupations suivies
> d’expulsions manu militari par la Guardia Civil. Enfin, en 1991, la
> Junta de Andalucía, le gouvernement de la communauté autonome
> d’Andalousie, procède à l’expropriation de mille deux cents hectares
> de la /finca/ del Humoso, propriété du duc del Infantado (4
> <http://www.monde-diplomatique.fr/2013/08/HAFFNER/49520#nb4>), et met
> les terres à disposition de la municipalité de Marinaleda.
>
> Ainsi se concrétise le vieux rêve de « la terre à celui qui la
> travaille ». En même temps prend fin le chômage endémique, tandis que
> l’émigration peut se tarir. La plantation d’oliviers, la culture de
> piments, d’artichauts et de fèves démarrent. Pour subvenir aux besoins
> de la population, ces productions seront industrialisées, à partir de
> 1999, à travers une conserverie — coopérative, bien entendu. Chaque
> travailleur reçoit un salaire identique, quels que soient son poste et
> ses responsabilités : aujourd’hui, 47 euros par jour, six jours sur
> sept, soit 1 128 euros par mois à plein temps (le salaire minimum
> interprofessionnel s’élève à 645 euros).
>
> Pour que le droit au logement que garantit la Constitution espagnole
> ne reste pas lettre morte, un programme est lancé dans ce domaine,
> avec pour règle l’autoconstruction. Chacun participe selon ses
> compétences. La mairie offre le terrain et rémunère l’architecte ; les
> matériaux sont fournis conjointement par la municipalité, qui peut
> utiliser les fonds publics du plan d’emploi rural (PER) (5
> <http://www.monde-diplomatique.fr/2013/08/HAFFNER/49520#nb5>), et par
> la Junta de Andalucía. L’attribution se fait lors d’une assemblée
> publique qui réunit tous les citoyens. Actuellement, on compte plus de
> trois cent cinquante maisons ainsi construites, d’une surface utile de
> quatre-vingt-dix mètres carrés, avec cent mètres carrés de patio pour
> permettre un agrandissement futur. Le loyer s’élève à 15 euros par
> mois, alors qu’il faudrait en débourser 300 au prix du marché. Le
> logement ne peut être vendu, mais il est cessible aux enfants.
>
> Cette base idéologique a produit une solidarité particulière. Alberto,
> 24 ans, a reçu cet esprit en héritage de ses parents, qui ont
> participé à tous les combats. Il sait d’autre part le prix de
> l’effort, lui qui a commencé à travailler à 14 ans. Nombre de travaux
> d’intérêt général sont assurés gratuitement par les habitants —
> jusqu’à quatre cents personnes, selon les dires de Mme Gloria Prieto,
> conseillère à l’action sociale et ouvrière agricole.
>
> Les réalisations sont impressionnantes eu égard à la taille de la
> commune. Côté infrastructures : l’hôtel de ville, le collège, le
> pavillon des sports, le gymnase, la maison de la culture, deux foyers
> pour les anciens, un stade. Côté social et loisirs : une garderie
> (coût mensuel : 12 euros par mois et par enfant, repas compris), une
> cantine scolaire (20 euros par mois), une piscine (1 euro par mois),
> un atelier pour l’emploi (6
> <http://www.monde-diplomatique.fr/2013/08/HAFFNER/49520#nb6>), deux
> parcs naturels, un parc pour enfants, une promenade ombragée, un
> service municipal d’aide à domicile, et l’organisation de fêtes et
> d’événements culturels tout au long de l’année.
>
> Pour parvenir à ce résultat, la municipalité a utilisé à la fois des
> subventions de l’Etat et de la communauté autonome, ainsi que des
> impôts locaux, et elle n’a pas hésité à s’endetter, à hauteur de
> 77 000 euros en 2012. Sans de tels choix, un ménage avec trois enfants
> devrait débourser au moins 800 euros mensuels supplémentaires pour
> subvenir à ses besoins.
>
> Le système a ses détracteurs, voire ses ennemis. Selon eux, le maire
> perçoit un salaire bien supérieur à celui de ses administrés ;
> certains parlent de 4 000 euros par mois, ce qui représente le salaire
> et les indemnités de son mandat de député andalou, aucun édile de
> Marinaleda ne percevant la moindre rétribution pour ses activités
> municipales (7
> <http://www.monde-diplomatique.fr/2013/08/HAFFNER/49520#nb7>).
> L’opposition dénonce l’utilisation de subventions à des fins de
> propagande électorale, et surtout d’animation d’un /« parc à thèmes
> communiste »/ au sein de la société capitaliste. D’autres ironisent :
> /« Marinaleda, sans l’argent des autres, serait l’utopie du chômage,
> du manque d’initiative et de la pauvreté. Il s’y passerait ce qui
> s’est passé à Cuba quand les Russes ont décidé que ça suffisait »,/
> lit-on sur le site participatif 4UPRESS (For You Press).
>
>
> « Moins d’angoisse que dans le reste de la région »
>
> Pour une habitante, qui a souhaité conserver l’anonymat de peur de
> « représailles », le maire est un dictateur qui a divisé le village en
> deux clans, le sien bénéficiant de privilèges, l’autre totalement
> marginalisé et vivant dans la peur — même si elle reconnaît que ceux
> qui n’avaient rien autrefois disposent désormais des moyens de vivre
> plus dignement. Les deux élus du Parti socialiste ouvrier espagnol
> (PSOE), MM. Mariano Pradas et Hipolito Aires, dans l’opposition,
> dénoncent le manque de diversité industrielle, qu’ils attribuent à la
> soif de pouvoir absolu de M. Sánchez Gordillo. Plusieurs opposants
> minoritaires (la liste du maire a obtenu 73 % des voix, avec 11 %
> d’abstentions, aux élections de mai 2011) ne croient pas aux vertus de
> la démocratie participative façon Marinaleda. Ils critiquent jusqu’aux
> logements à coût réduit, car /« ces gens-là ne seront jamais
> propriétaires, ce qui permet au maire de les tenir à sa merci »./
>
> Le ressentiment est profond. En cause, le chômage, qui, selon
> certains, toucherait cinq cent vingt-cinq personnes. Le chiffre
> officiel est de cent cinquante en mars 2013, soit 13 % de la
> population active, contre 35 % dans l’ensemble de la province. Ne sont
> pas pris en compte les trois cent dix-sept « travailleurs éventuels
> agricoles subventionnés » (TEAS), qui reçoivent 420 euros par mois
> pendant six mois à condition d’avoir travaillé entre vingt et soixante
> jours dans l’année. Ici, on vit chichement, comme en témoigne cette
> jeune femme, Ana : heureuse de son logement à 15 euros par mois, elle
> se satisfait d’un salaire de 900 euros, qui lui permet d’épargner.
>
> Les /« a favor »/ (« favorables »), eux, ne tarissent pas d’éloges,
> tant sur le maire que sur le dispositif mis en place. Devant une bière
> ou un vin blanc de Montilla, les anciens du foyer des retraités
> racontent leurs souvenirs (la misère, la récolte des betteraves, les
> travaux les plus durs, l’émigration pour subsister, la précarité
> perpétuelle) pour mieux souligner le bien-être apporté par ce
> magistrat atypique. De son côté, Conchi, commerçante, non militante,
> née ici, se félicite de la quasi-absence d’impôts pour le commerce, de
> la vraie démocratie instituée par le maire, et surtout du changement
> profond de la condition féminine : /« Ici, les femmes ont droit à la
> parole, elles participent aux décisions au même titre que les hommes. »/
>
> La propriété collective du logement, en lieu et place de la
> sacro-sainte propriété individuelle, représente évidemment un gros
> atout en plein effondrement de l’immobilier. Mais, pour autant,
> l’organisation de Marinaleda n’est pas un bouclier contre la crise. La
> production agricole et industrielle, qui donnait du travail il y a
> quelques années, s’est ralentie. Selon Mme Dolores Tejada, conseillère
> au travail et ouvrière à la conserverie, il faut produire plus,
> différemment, en développant l’agriculture biologique, et trouver de
> nouveaux débouchés commerciaux, sans entrer dans le système infernal
> de la grande distribution mais en sollicitant plutôt les circuits
> alternatifs.
>
> Les subventions annuelles nationales ou régionales sont passées à la
> moulinette des /recortes/ (coupes budgétaires) décidées par le
> gouvernement du Parti populaire, obéissant à la « troïka » (Commission
> européenne, Banque centrale européenne et Fonds monétaire
> international). En 2012, les subventions ont été réduites de près de
> 40 %. De nombreux travaux promis par la mairie ont été suspendus : la
> résidence pour personnes âgées, l’hôtel, la piscine couverte, une
> nouvelle conserverie, un nouvel atelier pour l’emploi,
> l’investissement dans les énergies renouvelables, un centre de santé,
> un canal, une route de déviation. /« Malgré la crise,/ affirme
> Alberto, /ici, il y a moins d’angoisse que dans le reste de
> l’Andalousie. »/ Et l’équipe municipale cherche d’autres solutions. Le
> phalanstère andalou continue.
>
> *Gilbert Haffner*
>
> Journaliste.
>
> (1 <http://www.monde-diplomatique.fr/2013/08/HAFFNER/49520#nh1>) Lire
> François de Ravignan, « L’espoir déçu des paysans andalous
> <http://www.monde-diplomatique.fr/1988/05/RAVIGNAN/40866> », /Le Monde
> diplomatique,/ mai 1988.
>
> (2 <http://www.monde-diplomatique.fr/2013/08/HAFFNER/49520#nh2>)
> Référence au roman de l’Italien Carlo Levi /Le Christ s’est arrêté à
> Eboli/ (1945).
>
> (3 <http://www.monde-diplomatique.fr/2013/08/HAFFNER/49520#nh3>)
> Source : www.marinaleda.com <http://www.marinaleda.com>
>
> (4 <http://www.monde-diplomatique.fr/2013/08/HAFFNER/49520#nh4>)
> Propriétaire d’un ensemble de dix-sept mille hectares.
>
> (5 <http://www.monde-diplomatique.fr/2013/08/HAFFNER/49520#nh5>) Le
> plan d’emploi rural (PER) institué par M. Felipe González en 1984 pour
> réduire la misère rurale attribue des dotations aux municipalités pour
> procéder à des travaux, et donc donner un peu de travail aux chômeurs.
>
> (6 <http://www.monde-diplomatique.fr/2013/08/HAFFNER/49520#nh6>) Ces
> ateliers sont ouverts aux personnes de plus de 25 ans qui réalisent
> des travaux d’utilité publique ou d’intérêt social tout en recevant un
> salaire et une qualification. Ils existent dans toutes les communautés
> autonomes.
>
> (7 <http://www.monde-diplomatique.fr/2013/08/HAFFNER/49520#nh7>)
> Décision enregistrée devant huissier le 8 août 2012.
>
>
>
> =======================================
>
> Le 26 juillet 2014 01:03, renc <rencontres3 at gmail.com
> <mailto:rencontres3 at gmail.com>> a écrit :
>
> un teaser de mediapart...
>
> si qqu'un a (l'original, ref en bas, ou) un abonnement...
> --> un pad sur le sujet?
>
> en attendant l'abolition de esclavage salarié ou pas ..du travail, de
> l'argent des 'revenus' du fric de l'alienation toussa
>
> si on croit au reformisme... que l'on veut tenter des transitions..
>
> une premiere etape vers egalité fratern/soror/ité equité
>
> c'est surement de fixer des 'ressources' maximales et minimales...
> et.. le plus proche possible des niveaux medians et moyens!!
>
> alors en trois ans cinq ans ou un seul??
>
> bon voici un papier qui semble..
> la vraie vie, la justice et le progres en cent mille etapes...
>
>
> http://blogs.mediapart.fr/blog/guydufau/250714/pas-de-democratie-sans-un-salaire-maximum-1
>
> je vous copie le teaser
>
>
> PAS DE DEMOCRATIE SANS UN SALAIRE MAXIMUM (1)
>
> 25 juillet 2014 | Par guydufau
>
> Premières lignes de cet article :
>
> Au nombre des revendications portées en 2011 par les militants du
> mouvement Occupy Wall Street, il en est un qui plongeait profondément
> ses racines dans l'histoire des Etats-Unis : l'instauration d'un
> plafond pour les hauts revenus. Depuis l'époque dorée de
> l'après-guerre civile américaine, les grandes mobilisations en faveur
> de la justice économique ont toujours énoncé cette demande,
> aujourd'hui appelée "salaire maximum". Cette formule n'englobe pas
> seulement le salaire, mais la totalité des revenus annuels; elle
> permet de créer un lien de familiarité avec la notion de "salaire
> minimum".
>
> Les dernières lignes de cet article :
>
> Avant le mouvement Occopy Wall Street, une telle perspective
> s'apparentait à un fantasme politique. Plus maintenant. Signe des
> temps : deux éminents universitaires américains, l'un juriste à Yale
> et l'autre économiste à Berkeley, ont publié dans le New York Times
> un plaidoyer convaincant pour une réforme fiscale qui limiterait le
> revenu moyen des 1% d'Américains les plus riches à trente fois le
> revenu médian.
>
> Nous considérons aujourd'hui le salaire minimum comme un acquis
> social. Pourqui pas le salaire maximun ?
>
> (1)-Article paru dans Manière de voir n° 136.
>
>
>
>
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