[PP-discussions] sur 'revenu maximal' (...une evidence!) ... voici l'article ...et pas que le teaser dans mediapart...

renc rencontres3 at gmail.com
Sam 26 Juil 12:07:54 CEST 2014


Le samedi 26 Jérôme  a écrit :

>  Effectivement, c'est une belle idée ! Qui verrait les plus riches se
> responsabiliser sur la question de la misère de leurs (proches) voisins...
> Intéressant.
> MkZ*
>


Merci jerome,

Dans même genre pas tout à fait encore consensuel...
nous avions une jolie (imho) proposition :
Organiser des 'rotations d'habitats conviviales'..

  En gros les riches des 'beaux'quartiers..  échangent avec les pauvres des
getthos..
Et on tourne.. tous les un deux cinq dix ans..

On peut faire pareil pour les boulots...

..rapidement..  plus de jobs d'eboueurs..  ni un seul emballage superflu en
supermarché...  ( ni d'ailleurs de supermarché.. que des jardins partout...
 la ville en jardin.. )

Aussi pour l'habitat..  plus de taudis ni quartiers poubelles.... plus
d'ascenseurs en panne dix ans... que des jolis eco/quartier/hameaux... et
des plm  (palaces à loyer modéré)

:-)

En attendant l'an01  (comme le film culte de notre jeunesse où nous jetons
les vraies clefs de nos vraies maisons.. quand beranger et ses musiciens
montent.. de notre imprimerie en chantant/jouant... 'toutes les maisons
sont comme des prisons.. tous bouclards,  tous bouclés, tous matons,  tous
matés... jette ta clef,  et descend dans la rue... ').
.

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.
Mp pour zid et ceux qui suivent l'aventure du périple vers les rencontres
des ami-e-s de silence..

..toujours en route...  les photos du camion et du village à l'arrache
arrivent...

Pour nos rues et maisons d'il y a un demi siècle...  bein si tu pieuvres
nos prénoms et village limitrophe paris...
ou alors copie d'écrans vers le milieu du film (50' env).. aussi quand on
depave / degoudronne la rue.. pour planter et arroser des fenêtres sans se
faire ch. à  sortir (la moitié de notre xiéme 'degré' dans l'an 01.. est
purement jubilatoire... )

------


>
>
>
>
> Le 26/07/2014 01:34, renc a écrit :
>
>  finalement sur le site de l'original...
>
>  -pas loin aussi un bon papier sur marinaleda..
>    (meme si il ne peut pas s'empecher de deblaterer toute les (souvent
> semi débiles!) critiques jalouse d'une initiative...)
>
>  copies et lie en fin de mail..
>
>
>
>
> http://www.monde-diplomatique.fr/2012/02/PIZZIGATI/47377
>
> Renaissance d’une exigence
> Plafonner les revenus, une idée américaine
>
> Si la pauvreté soulève une indignation unanime — il faudrait la combattre
> pour rendre le monde plus juste —, la fortune est plus rarement perçue
> comme un problème. Mais, avec la tempête financière, le lien entre l’une et
> l’autre refait surface. En même temps qu’une idée née aux Etats-Unis il y a
> plus d’un siècle : limiter les revenus des plus riches.
>  par *Sam Pizzigati*, février 2012
>
> Au nombre des revendications portées par les militants du mouvement
> Occuper Wall Street, il en est une qui plonge profondément ses racines dans
> l’histoire des Etats-Unis : l’instauration d’un plafond pour les hauts
> revenus. Depuis l’époque dorée de l’après-guerre civile américaine, les
> grandes mobilisations en faveur de la justice économique ont toujours
> énoncé cette demande, aujourd’hui appelée « salaire maximum ». Cette
> formule n’englobe pas seulement le salaire, mais la totalité des revenus
> annuels ; elle permet de créer un lien de familiarité avec la notion de « salaire
> minimum ».
>
> C’est le philosophe Felix Adler — surtout connu pour avoir fondé et
> présidé, au début du XXe siècle, le National Child Labor Committee — qui,
> le premier, a porté cette revendication. Selon lui, l’exploitation des
> travailleurs, jeunes et vieux, génère d’immenses fortunes privées qui
> exercent une *« influence corruptrice »* sur la vie politique américaine.
> Pour limiter celle- ci, il propose de mettre en œuvre une fiscalité très
> fortement progressive pouvant atteindre, au-delà d’un certain seuil, 100 %
> d’imposition. Ce taux laisserait à l’individu *« tout ce qui peut
> vraiment servir à l’accomplissement d’une vie humaine »* et lui
> arracherait *« ce qui est destiné à l’apparat, à la fierté, au pouvoir »*
>  (1 <http://www.monde-diplomatique.fr/2012/02/PIZZIGATI/47377#nb1>).
>
> Si le *New York Times* a donné à l’appel d’Adler une large audience, la
> notion de « salaire maximum » n’a pas connu de traduction législative
> avant le premier conflit mondial. Afin de financer l’effort de guerre, les
> progressistes proposent alors de taxer à hauteur de 100 %les revenus
> supérieurs à 100 000 dollars (soit 2,2 millions de dollars en 2010).
>
> Le groupe qui soutient cette mesure, l’American Committee on War Finance,
> rassemble deux mille volontaires à travers le pays. Il publie dans les
> journaux des coupons détachables que les lecteurs peuvent signer,
> s’engageant ainsi à *« œuvrer pour la promulgation rapide d’une loi »*
> sur la limitation des revenus : une *« conscription de la richesse »,*
> selon les mots du comité. *« Si l’Etat a le droit de confisquer la vie
> d’un homme pour satisfaire à l’intérêt général, alors il doit certainement
> pouvoir réquisitionner la fortune de quelqu’un pour les mêmes raisons »,*
> déclare son président, l’avocat Amos Pinchot, devant le Congrès, avant de
> souligner que 2 % des Américains détiennent 65 % de l’ensemble des
> richesses du pays. *« Les Etats-Unis, pas plus qu’aucun autre pays, ne
> peuvent conduire une guerre qui sert à la fois les intérêts des
> ploutocrates et ceux de la démocratie. Si la guerre sert Dieu, elle ne peut
> pas servir Mammon* (2
> <http://www.monde-diplomatique.fr/2012/02/PIZZIGATI/47377#nb2>)* »,*
> conclut-il. Pinchot et ses camarades progressistes n’ont pas obtenu gain de
> cause, mais leur campagne a profondément modifié la fiscalité nationale :
> le taux supérieur d’imposition sur les revenus dépassant le million de
> dollars passe de 7 % en 1914 à 77 % en 1918.
>
> La « peur rouge » qui suit la première guerre mondiale (3
> <http://www.monde-diplomatique.fr/2012/02/PIZZIGATI/47377#nb3>) anéantit
> les espoirs d’une Amérique plus égalitaire. De retour au pouvoir, la droite
> refait des Etats-Unis une nation accueillante pour les plus fortunés. On
> assiste, durant les années 1920, à un processus rapide de concentration de
> la richesse. Au Congrès, démocrates et républicains se battent pour obtenir
> une diminution des taxes sur les hauts revenus. En 1925, le taux
> d’imposition maximum est de 25 %.
>
> Mais la crise de 1929, qui mène l’économie au bord de l’effondrement,
> change à nouveau la donne. En 1933, un quart des travailleurs américains
> sont sans emploi. La revendication d’un plafond des revenus réapparaît. En
> Louisiane, Huey P. Long, jeune sénateur flamboyant, lance le mouvement
> Partageons notre richesse, qui essaimera à travers le pays. Il propose
> l’instauration d’un plafond à 1 million de dollars pour les revenus annuels
> individuels — ce qui représenterait plus de 15 millions de dollars en
> 2010 — et de 8 millions de dollars pour le patrimoine.
>
> En juin 1935, le président Franklin D. Roosevelt scandalise l’Amérique
> fortunée en annonçant son intention de *« faire payer les riches »* pour
> résoudre la crise. Il crée alors une taxe de 79 % sur les revenus
> supérieurs à 5 millions de dollars (environ 78 millions de dollars
> en 2010). Cette décision — et l’assassinat de Long, en août 1935 — éloigne
> pour un temps l’idée de revenu maximum. Mais celle-ci resurgit en
> avril 1942. Roosevelt, inspiré par plusieurs syndicats, propose de créer un
> revenu maximum en temps de guerre, fixé à 25 000 dollars par an (environ
> 350 000 dollars en 2010). A défaut d’aller si loin, en 1944, le Congrès
> fixe le taux d’imposition des revenus supérieurs à 200 000 dollars à un
> niveau inégalé : 94 %.
>  Les plus riches auraient
> un intérêt personnel et direct
> au bien-être des moins riches
>
> Au cours des deux décennies suivantes — une période de grande prospérité
> pour la classe moyenne américaine —, le taux d’imposition supérieur tourne
> autour de 90 %, avant de tomber à moins de 70 % pendant la présidence de
> Lyndon Johnson (novembre 1963-janvier 1969). Sous Ronald Reagan, ce taux
> fond encore, pour atteindre 50 % en 1981, puis 28 % en 1988. Aujourd’hui,
> il s’élève à 35 %. C’est déjà trop, selon certains. Mais, heureusement
> pour les plus riches, la majeure partie des revenus qu’ils déclarent
> provient des gains du capital, des profits réalisés grâce à l’achat et à la
> vente d’actions, d’obligations et d’autres actifs, lesquels ne sont taxés
> qu’à hauteur de 15 %. Une statistique résume cette évolution : en 2008,
> les quatre cents contribuables les plus fortunés ont empoché 270,5 millions
> de dollars chacun et payé 18,1 % d’impôts à l’Etat fédéral ; en 1955, ils
> avaient gagné 13,3 millions de dollars (en dollars constants, compte tenu
> de l’inflation) et payé 51,2 % d’impôts.
>
> Le débat s’est déplacé. Aujourd’hui, les héritiers d’Adler, Pinchot et
> Long se focalisent sur les entreprises plutôt que sur les individus. Selon
> eux, les différents échelons du pouvoir (local, d’Etat, fédéral) devraient
> tirer profit du fait que les entreprises privées reçoivent de l’argent
> public — sous la forme de commandes de l’Etat, de subventions au « développement
> économique » ou d’avantages fiscaux — pour exiger d’elles de nouvelles
> politiques salariales. Aucun dollar provenant des impôts ne devrait aller
> dans les caisses d’entreprises qui paient leurs dirigeants dix, vingt,
> voire cinquante fois plus que leurs salariés (4
> <http://www.monde-diplomatique.fr/2012/02/PIZZIGATI/47377#nb4>). *« L’Etat
> fédéral refuse actuellement de signer des contrats avec des entreprises qui
> ont des pratiques de recrutement racistes ou sexistes. Le même principe
> pourrait être invoqué pour refuser des contrats à celles qui, par les
> salaires exorbitants de leurs dirigeants, augmentent les inégalités
> économiques de la nation* (5
> <http://www.monde-diplomatique.fr/2012/02/PIZZIGATI/47377#nb5>)* »,*
> estime un rapport de l’Institut for Policy Studies.
>
> Le but ultime ? Un vrai salaire maximum, indexé sur le salaire minimum,
> qui prendrait la forme d’une fiscalité fortement progressive, ainsi
> qu’Adler l’a proposé il y a un siècle. Le maximum serait défini comme un
> multiple du minimum et tout revenu supérieur à dix ou vingt-cinq fois ce
> minimum serait frappé d’un impôt de 100 %. Cette disposition
> encouragerait et nourrirait presque immédiatement une forme d’économie
> solidaire : pour la première fois, les plus riches auraient un intérêt
> personnel et direct au bien-être des moins riches.
>
> Avant le mouvement Occuper Wall Street, une telle perspective
> s’apparentait à un fantasme politique. Plus maintenant. Signe des temps :
> deux éminents universitaires américains, l’un juriste à Yale et l’autre
> économiste à Berkeley, viennent de publier dans le *New York Times* un
> plaidoyer convaincant pour une réforme fiscale qui limiterait le revenu
> moyen des 1 % d’Américains les plus riches à trente-six fois le revenu
> médian (6 <http://www.monde-diplomatique.fr/2012/02/PIZZIGATI/47377#nb6>).
> Nous considérons aujourd’hui le salaire minimum comme un acquis social.
> Pourquoi pas le salaire maximum ?
>
> *Sam Pizzigati*
> Chercheur associé à l’Institute for Policy Studies (Washington, DC) et
> rédacteur en chef du site Too Much <http://toomuchonline.org>. Auteur de *The
> Rich Don’t Always Win : The Forgotten Triumph Over Ploutocracy, 1900-1970,
> That Created the Classic American Middle Class*, Seven Stories Press, New
> York, à paraître à la fin de 2012.
>
>    (1 <http://www.monde-diplomatique.fr/2012/02/PIZZIGATI/47377#nh1>)
> Felix Adler, « Proposing a system of graded taxation
> <http://query.nytimes.com/gst/abstract.html?res=F40717FB35551B7A93CBA91789D85F448884F9>
>  », *The New York Times,* 9 février 1880.
>
> (2 <http://www.monde-diplomatique.fr/2012/02/PIZZIGATI/47377#nh2>) *The
> Public,* New York, 28 septembre 1917.
>
> (3 <http://www.monde-diplomatique.fr/2012/02/PIZZIGATI/47377#nh3>) Soit
> les années 1919-1920, marquées par un fort sentiment anticommuniste.
>
> (4 <http://www.monde-diplomatique.fr/2012/02/PIZZIGATI/47377#nh4>) Les
> principaux patrons américains gagnent actuellement trois cent vingt-cinq
> fois plus que le salaire hebdomadaire moyen.
>
> (5 <http://www.monde-diplomatique.fr/2012/02/PIZZIGATI/47377#nh5>) « Executive
> excess 2007 : The staggering social cost of U.S. business leadership. 14th
> annual CEO compensation survey
> <http://www.ips-dc.org/reports/070829-executiveexcess.pdf> » (PDF),
> Institute for Policy Studies, Washington, DC, 29 août 2007.
>
> (6 <http://www.monde-diplomatique.fr/2012/02/PIZZIGATI/47377#nh6>) Ian
> Ayres et Aaron S. Edlin, « Don’t tax the rich. Tax inequality itself
> <http://www.nytimes.com/2011/12/19/opinion/dont-tax-the-rich-tax-inequality-itself.html>
>  », *The New York Times,* 18 décembre 2011.
>
>
>
>
> =================================================
>
>
> et mari...
>
>
> http://www.monde-diplomatique.fr/2013/08/HAFFNER/49520
>
> Une expérience qui dure depuis trente-cinq ans
> Marinaleda, phalanstère andalou dans une Espagne en crise
>
> Avec ses camarades du Syndicat andalou des travailleurs, M. Juan Manuel
> Sánchez Gordillo a mené plusieurs actions de réquisition de nourriture dans
> les supermarchés en faveur des victimes de la crise. Ces coups d’éclat ont
> suscité un regain d’intérêt pour Marinaleda, la commune dont il est le
> maire. Ici, on ne fait rien comme ailleurs. Et cela semble marcher…
>  par *Gilbert Haffner*, août 2013
>
> Marinaleda, commune espagnole de vingt-cinq kilomètres carrés, deux mille
> huit cents habitants, dans la province de Séville, est entouré d’immenses
> propriétés appartenant pour la plupart à de riches propriétaires terriens. *« Los
> terratenientes »,* l’aristocratie seigneuriale séculaire, exploitent des
> milliers d’hectares et des dizaines de milliers d’ouvriers agricoles,
> *peones* ou *jornaleros* (journaliers). C’est le royaume du travail
> précaire (1 <http://www.monde-diplomatique.fr/2013/08/HAFFNER/49520#nb1>).
>
> Mais Marinaleda est connu en Espagne, et même en Europe, pour d’autres
> raisons. Ce village, sous l’impulsion de son maire, M. Juan Manuel Sánchez
> Gordillo, toujours réélu depuis trente-quatre ans, a développé un
> dispositif politique, économique et social original. L’écusson de la ville
> clame ses ambitions : « Une utopie vers la paix ». Certains le qualifient
> de modèle anticapitaliste ; d’autres le dénoncent comme une tromperie ou
> une farce. Alors, vérité ou mensonge ? Utopie ou réalité ? Système
> anticrise ou simple retardateur des effets de la crise ?
>
> Avant de répondre, tentons d’imaginer cette région d’Andalousie dans les
> années 1970, sans infrastructures administratives, économiques ou sociales.
> C’est le Mezzogiorno espagnol ; un Carlo Levi national aurait pu écrire *Le
> Christ s’est arrêté à Marinaleda* (2
> <http://www.monde-diplomatique.fr/2013/08/HAFFNER/49520#nb2>). En 1979,
> aucune rue n’était goudronnée ; l’habitat était misérable, à l’image des
> habitants ; la médecine de proximité, insuffisante. Point de mairie
> fonctionnelle, une école réduite à sa plus simple expression ; pas de
> collège (3 <http://www.monde-diplomatique.fr/2013/08/HAFFNER/49520#nb3>).
>  Des logements autoconstruits à 15 euros par mois
>
> Tout commence en 1977, avec la création du Syndicat des ouvriers de la
> terre (Sindicato de obreros del campo, SOC). Les habitants y adhèrent en
> masse. Un an plus tard, c’est la première occupation d’une grande
> propriété, la *finca* de Bocatinaja, d’où les syndicalistes seront
> expulsés. Puis l’élection d’un nouveau maire, le plus jeune de toute
> l’Espagne : M. Sánchez Gordillo, professeur d’histoire. Ses principes ?
> Lutter contre la misère, et donc contre ceux qui la génèrent : le système
> économique dominant et les propriétaires terriens toujours, les pouvoirs
> publics parfois. Il faut de la terre pour cultiver — de la terre qui soit
> propriété de la collectivité, et non d’un seigneur ; de la terre pour
> procurer du travail dans cette région essentiellement agricole.
>
> Alors commence la longue route vers l’appropriation publique des terres
> privées, avec grèves de la faim, occupations suivies d’expulsions manu
> militari par la Guardia Civil. Enfin, en 1991, la Junta de Andalucía, le
> gouvernement de la communauté autonome d’Andalousie, procède à
> l’expropriation de mille deux cents hectares de la *finca* del Humoso,
> propriété du duc del Infantado (4
> <http://www.monde-diplomatique.fr/2013/08/HAFFNER/49520#nb4>), et met les
> terres à disposition de la municipalité de Marinaleda.
>
> Ainsi se concrétise le vieux rêve de « la terre à celui qui la travaille ».
> En même temps prend fin le chômage endémique, tandis que l’émigration peut
> se tarir. La plantation d’oliviers, la culture de piments, d’artichauts et
> de fèves démarrent. Pour subvenir aux besoins de la population, ces
> productions seront industrialisées, à partir de 1999, à travers une
> conserverie — coopérative, bien entendu. Chaque travailleur reçoit un
> salaire identique, quels que soient son poste et ses responsabilités :
> aujourd’hui, 47 euros par jour, six jours sur sept, soit 1 128 euros par
> mois à plein temps (le salaire minimum interprofessionnel s’élève à
> 645 euros).
>
> Pour que le droit au logement que garantit la Constitution espagnole ne
> reste pas lettre morte, un programme est lancé dans ce domaine, avec pour
> règle l’autoconstruction. Chacun participe selon ses compétences. La mairie
> offre le terrain et rémunère l’architecte ; les matériaux sont fournis
> conjointement par la municipalité, qui peut utiliser les fonds publics du
> plan d’emploi rural (PER) (5
> <http://www.monde-diplomatique.fr/2013/08/HAFFNER/49520#nb5>), et par la
> Junta de Andalucía. L’attribution se fait lors d’une assemblée publique qui
> réunit tous les citoyens. Actuellement, on compte plus de trois cent
> cinquante maisons ainsi construites, d’une surface utile de
> quatre-vingt-dix mètres carrés, avec cent mètres carrés de patio pour
> permettre un agrandissement futur. Le loyer s’élève à 15 euros par mois,
> alors qu’il faudrait en débourser 300 au prix du marché. Le logement ne
> peut être vendu, mais il est cessible aux enfants.
>
> Cette base idéologique a produit une solidarité particulière. Alberto, 24
> ans, a reçu cet esprit en héritage de ses parents, qui ont participé à tous
> les combats. Il sait d’autre part le prix de l’effort, lui qui a commencé à
> travailler à 14 ans. Nombre de travaux d’intérêt général sont assurés
> gratuitement par les habitants — jusqu’à quatre cents personnes, selon les
> dires de Mme Gloria Prieto, conseillère à l’action sociale et ouvrière
> agricole.
>
> Les réalisations sont impressionnantes eu égard à la taille de la commune.
> Côté infrastructures : l’hôtel de ville, le collège, le pavillon des
> sports, le gymnase, la maison de la culture, deux foyers pour les anciens,
> un stade. Côté social et loisirs : une garderie (coût mensuel : 12 euros
> par mois et par enfant, repas compris), une cantine scolaire (20 euros par
> mois), une piscine (1 euro par mois), un atelier pour l’emploi (6
> <http://www.monde-diplomatique.fr/2013/08/HAFFNER/49520#nb6>), deux parcs
> naturels, un parc pour enfants, une promenade ombragée, un service
> municipal d’aide à domicile, et l’organisation de fêtes et d’événements
> culturels tout au long de l’année.
>
> Pour parvenir à ce résultat, la municipalité a utilisé à la fois des
> subventions de l’Etat et de la communauté autonome, ainsi que des impôts
> locaux, et elle n’a pas hésité à s’endetter, à hauteur de 77 000 euros en
> 2012. Sans de tels choix, un ménage avec trois enfants devrait débourser au
> moins 800 euros mensuels supplémentaires pour subvenir à ses besoins.
>
> Le système a ses détracteurs, voire ses ennemis. Selon eux, le maire
> perçoit un salaire bien supérieur à celui de ses administrés ; certains
> parlent de 4 000 euros par mois, ce qui représente le salaire et les
> indemnités de son mandat de député andalou, aucun édile de Marinaleda ne
> percevant la moindre rétribution pour ses activités municipales (7
> <http://www.monde-diplomatique.fr/2013/08/HAFFNER/49520#nb7>).
> L’opposition dénonce l’utilisation de subventions à des fins de propagande
> électorale, et surtout d’animation d’un *« parc à thèmes communiste »* au
> sein de la société capitaliste. D’autres ironisent : *« Marinaleda, sans
> l’argent des autres, serait l’utopie du chômage, du manque d’initiative et
> de la pauvreté. Il s’y passerait ce qui s’est passé à Cuba quand les Russes
> ont décidé que ça suffisait »,* lit-on sur le site participatif 4UPRESS
> (For You Press).
>  « Moins d’angoisse que dans le reste de la région »
>
> Pour une habitante, qui a souhaité conserver l’anonymat de peur de «
> représailles », le maire est un dictateur qui a divisé le village en deux
> clans, le sien bénéficiant de privilèges, l’autre totalement marginalisé et
> vivant dans la peur — même si elle reconnaît que ceux qui n’avaient rien
> autrefois disposent désormais des moyens de vivre plus dignement. Les deux
> élus du Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE), MM. Mariano Pradas et
> Hipolito Aires, dans l’opposition, dénoncent le manque de diversité
> industrielle, qu’ils attribuent à la soif de pouvoir absolu de M. Sánchez
> Gordillo. Plusieurs opposants minoritaires (la liste du maire a obtenu 73 %
> des voix, avec 11 % d’abstentions, aux élections de mai 2011) ne croient
> pas aux vertus de la démocratie participative façon Marinaleda. Ils
> critiquent jusqu’aux logements à coût réduit, car *« ces gens-là ne
> seront jamais propriétaires, ce qui permet au maire de les tenir à sa
> merci ».*
>
> Le ressentiment est profond. En cause, le chômage, qui, selon certains,
> toucherait cinq cent vingt-cinq personnes. Le chiffre officiel est de cent
> cinquante en mars 2013, soit 13 % de la population active, contre 35 %
> dans l’ensemble de la province. Ne sont pas pris en compte les trois cent
> dix-sept « travailleurs éventuels agricoles subventionnés » (TEAS), qui
> reçoivent 420 euros par mois pendant six mois à condition d’avoir travaillé
> entre vingt et soixante jours dans l’année. Ici, on vit chichement, comme
> en témoigne cette jeune femme, Ana : heureuse de son logement à 15 euros
> par mois, elle se satisfait d’un salaire de 900 euros, qui lui permet
> d’épargner.
>
> Les *« a favor »* (« favorables »), eux, ne tarissent pas d’éloges, tant
> sur le maire que sur le dispositif mis en place. Devant une bière ou un vin
> blanc de Montilla, les anciens du foyer des retraités racontent leurs
> souvenirs (la misère, la récolte des betteraves, les travaux les plus durs,
> l’émigration pour subsister, la précarité perpétuelle) pour mieux souligner
> le bien-être apporté par ce magistrat atypique. De son côté, Conchi,
> commerçante, non militante, née ici, se félicite de la quasi-absence
> d’impôts pour le commerce, de la vraie démocratie instituée par le maire,
> et surtout du changement profond de la condition féminine : *« Ici, les
> femmes ont droit à la parole, elles participent aux décisions au même titre
> que les hommes. »*
>
> La propriété collective du logement, en lieu et place de la sacro-sainte
> propriété individuelle, représente évidemment un gros atout en plein
> effondrement de l’immobilier. Mais, pour autant, l’organisation de
> Marinaleda n’est pas un bouclier contre la crise. La production agricole et
> industrielle, qui donnait du travail il y a quelques années, s’est
> ralentie. Selon Mme Dolores Tejada, conseillère au travail et ouvrière à la
> conserverie, il faut produire plus, différemment, en développant
> l’agriculture biologique, et trouver de nouveaux débouchés commerciaux,
> sans entrer dans le système infernal de la grande distribution mais en
> sollicitant plutôt les circuits alternatifs.
>
> Les subventions annuelles nationales ou régionales sont passées à la
> moulinette des *recortes* (coupes budgétaires) décidées par le
> gouvernement du Parti populaire, obéissant à la « troïka » (Commission
> européenne, Banque centrale européenne et Fonds monétaire international).
> En 2012, les subventions ont été réduites de près de 40 %. De nombreux
> travaux promis par la mairie ont été suspendus : la résidence pour
> personnes âgées, l’hôtel, la piscine couverte, une nouvelle conserverie, un
> nouvel atelier pour l’emploi, l’investissement dans les énergies
> renouvelables, un centre de santé, un canal, une route de déviation. *« Malgré
> la crise,* affirme Alberto, *ici, il y a moins d’angoisse que dans le
> reste de l’Andalousie. »* Et l’équipe municipale cherche d’autres
> solutions. Le phalanstère andalou continue.
>
> *Gilbert Haffner*
> Journaliste.
>
>    (1 <http://www.monde-diplomatique.fr/2013/08/HAFFNER/49520#nh1>) Lire
> François de Ravignan, « L’espoir déçu des paysans andalous
> <http://www.monde-diplomatique.fr/1988/05/RAVIGNAN/40866> », *Le Monde
> diplomatique,* mai 1988.
>
> (2 <http://www.monde-diplomatique.fr/2013/08/HAFFNER/49520#nh2>)
> Référence au roman de l’Italien Carlo Levi *Le Christ s’est arrêté à
> Eboli* (1945).
>
> (3 <http://www.monde-diplomatique.fr/2013/08/HAFFNER/49520#nh3>) Source :
> www.marinaleda.com
>
> (4 <http://www.monde-diplomatique.fr/2013/08/HAFFNER/49520#nh4>)
> Propriétaire d’un ensemble de dix-sept mille hectares.
>
> (5 <http://www.monde-diplomatique.fr/2013/08/HAFFNER/49520#nh5>) Le plan
> d’emploi rural (PER) institué par M. Felipe González en 1984 pour réduire
> la misère rurale attribue des dotations aux municipalités pour procéder à
> des travaux, et donc donner un peu de travail aux chômeurs.
>
> (6 <http://www.monde-diplomatique.fr/2013/08/HAFFNER/49520#nh6>) Ces
> ateliers sont ouverts aux personnes de plus de 25 ans qui réalisent des
> travaux d’utilité publique ou d’intérêt social tout en recevant un salaire
> et une qualification. Ils existent dans toutes les communautés autonomes.
>
> (7 <http://www.monde-diplomatique.fr/2013/08/HAFFNER/49520#nh7>) Décision
> enregistrée devant huissier le 8 août 2012.
>
>
> =======================================
>
> Le 26 juillet 2014 01:03, renc <rencontres3 at gmail.com
> <javascript:_e(%7B%7D,'cvml','rencontres3 at gmail.com');>> a écrit :
>
>> un  teaser de mediapart...
>>
>> si qqu'un a (l'original, ref en bas, ou) un abonnement...
>> --> un pad sur le sujet?
>>
>> en attendant l'abolition de esclavage salarié ou pas ..du travail, de
>> l'argent  des 'revenus' du fric de l'alienation toussa
>>
>> si on croit au reformisme... que l'on veut tenter des transitions..
>>
>> une premiere etape vers egalité fratern/soror/ité equité
>>
>> c'est surement de fixer des 'ressources' maximales et minimales...
>> et.. le plus proche possible des niveaux  medians et moyens!!
>>
>> alors en trois ans cinq ans ou un seul??
>>
>> bon voici un papier  qui semble..
>> la vraie vie, la justice et le progres en cent mille etapes...
>>
>>
>>
>> http://blogs.mediapart.fr/blog/guydufau/250714/pas-de-democratie-sans-un-salaire-maximum-1
>>
>> je vous copie le teaser
>>
>>
>> PAS DE DEMOCRATIE SANS UN SALAIRE MAXIMUM (1)
>>
>> 25 juillet 2014 |  Par guydufau
>>
>> Premières lignes de cet article :
>>
>>   Au nombre des revendications portées en 2011 par les militants du
>> mouvement Occupy Wall Street, il en est un qui plongeait profondément
>> ses racines dans l'histoire des Etats-Unis : l'instauration d'un
>> plafond pour les hauts revenus. Depuis l'époque dorée de
>> l'après-guerre civile américaine, les grandes mobilisations en faveur
>> de la justice économique ont toujours énoncé cette demande,
>> aujourd'hui appelée "salaire maximum". Cette formule n'englobe pas
>> seulement le salaire, mais la totalité des revenus annuels; elle
>> permet de créer un lien de familiarité avec la notion de "salaire
>> minimum".
>>
>> Les dernières lignes de cet article :
>>
>>  Avant le mouvement Occopy Wall Street, une telle perspective
>> s'apparentait à un fantasme politique. Plus maintenant. Signe des
>> temps : deux éminents universitaires américains, l'un juriste à Yale
>> et l'autre économiste à Berkeley, ont publié dans le New York Times
>> un plaidoyer convaincant pour une réforme fiscale qui limiterait le
>> revenu moyen des 1% d'Américains les plus riches à trente fois le
>> revenu médian.
>>
>> Nous considérons aujourd'hui le salaire minimum comme un acquis
>> social. Pourqui pas le salaire maximun ?
>>
>> (1)-Article paru dans Manière de voir n° 136.
>>
>
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