[PP-discussions] Vegan

Sébastien GUILLET guillet.sebastien at gmail.com
Sam 19 Juil 08:15:28 CEST 2014


Je récapitule les questions soulevées dans la dernière réponse, dans l'ordre :
1) Y a t'il une limite quand aux facultés à être doué de sensations/sentiments/émotions permettant de considérer un être non plus comme un individu disposant de droits mais comme un objet dont on peut disposer ?
2) Peut-on exiger que tout être humain se comporte de façon respectueuse envers tous les êtres vivants considérés comme des individus ?
3) De toute façon, les mesures à mettre en place pour assurer une telle exigence ne sont-elles pas ridicules ? Ne devrait-on pas plutôt se modérer ?

Réponse 1 :
•Définition 1, «Système nerveux» : système biologique animal responsable de la coordination des actions avec l'environnement extérieur et de la communication rapide entre les différentes parties du corps.
•Définition 2, «Douleur» : expérience sensorielle et émotionnelle désagréable, sensation subjective normalement liée à un message de douleur, stimulus nociceptif transmis par le système nerveux.
•Définition 3, «Sentience» : désigne la capacité d'éprouver des choses subjectivement, d'avoir des expériences vécues; concept central en éthique animale car un être sentient ressent la douleur, le plaisir, et diverses émotions ; ce qui lui arrive lui importe; ce fait lui confère une perspective sur sa propre vie, des intérêts (à éviter la souffrance, à vivre une vie satisfaisante…, etc.), voire des droits (à la vie, au respect…). Ces intérêts et ces droits impliquent l'existence des devoirs moraux de notre part envers les autres êtres sentients.

Si l'on ne sait pas encore établir scientifiquement le lien entre le système nerveux et la sentience, il est en revanche admis que la sentience est impossible en l'absence de système nerveux (http://en.wikipedia.org/wiki/Plant_perception_(paranormal)).
Dès lors, en présence d'un tel système chez un être vivant, on peut faire l'hypothèse qu'il est sentient (et si l'on se trompe, il est préférable que ça soit dans ce sens).
La question n'est pas de savoir si le niveau de sentience d'une être lui confère plus ou moins de droit au respect et à la vie, mais plutôt de savoir si en cas de doute quand à sa sentience on ne devrait pas plutôt lui conférer ces droits par défaut ?

Une solution morale très simple est la suivante : 
Si tu disposes d'un système nerveux, tu es susceptible d'être sentient, donc de tenir à ta vie, d'éprouver des émotions, etc. quand bien même je serais incapable de le démontrer. Dès lors, je respecte ton droit à la vie et à disposer de toi-même.

Cette solution pose la contrainte suivante : il existe hypothétiquement des êtres disposant d'une système nerveux mais non sentients, et la morale ainsi définie interdit de les considérer comme des objets, tout simplement car nous ne savons pas s'ils peuvent l'être.

Bien. Maintenant poussons le raisonnement : est-ce un handicap ?
Si vous êtes incapable de vivre sans consommer de coquillages alors, oui, ça doit être assez chiant. J'espère que ces personnes sont pas trop nombreuses :⊃

Réponse 2 :
Un être doué de sentience — tel que défini dans la Réponse 1 — doit moralement avoir droit à la vie et à disposer de lui-même.
Dans une société juste, qui défend entre autre les intérêts des plus faibles face à leurs oppresseurs, le respect des ces droits doit être exigé.
Ceci n'est pas négociable.

Réponse 3:
• Définition 4, «Esclavage» : la condition d'un individu privé de sa liberté, qui devient la propriété, exploitable et négociable comme un bien matériel, d'une autre personne.

Un être que l'on suppose doué de sentience est de facto considéré comme un individu. Si l'on prive cet individu de son droit à la vie et à disposer de lui-même, il devient un esclave. Dans une société juste, l'esclavage (entre autre), est logiquement aboli.
Dès lors, je propose de reformuler, mutatis mutandis, le paragraphe suivant afin d'en faire un texte qui aurait été très crédible s'il avait été écrit il y a quelques siècles :
> Si on part de l'idée que tu as raison, que les esclaves ont peut-être une vie psychique évoluée et qu'il faut les protéger comme des humains, sans établir de différence entre races, et si on se définit comme parti antiraciste, il va falloir concrètement agir dans ce sens. Il va falloir faire une loi stipulant qu'il est strictement interdit de traiter un individu comme un esclave sous peine d'une forte amende au moins, et peut-être même de prison. Il va falloir créer une police de l'antiracisme chargée de faire respecter cette loi. Il va falloir interdire l'achat et la vente d'esclaves et réglementer très sévèrement les entreprises traitant des individus comme des esclaves, interdire le fruit de l'esclavage, décréter la fermeture administrative des industries reposant sur l'esclavage, réprimer l'esclavage... etc 
> Ces lois, comme toujours dans le cas des prohibitions, engendreront aussitôt des détournements et des mafias proposeront des esclaves domestiques, agricoles, ou sexuels dont l'utilisation servira à alimenter des activités encore bien plus troubles...
> 
> De telles lois seront inapplicables et n'auront aucun effet, mais en attendant, si on ne prend pas des mesures concrètes, décréter que les esclaves sont des individus disposant de droits et qu'il faudrait ne plus les exploiter relève de l'incantation politique. 
> 
> Or, autant l'abolitionnisme en tant que mode de vie est tout-à-fait respectable, autant il paraît difficile de vouloir imposer ce mode de vie à l'ensemble de la population, et en tout état de cause cela sous-entendrait de mener une politique autoritaire qui ne me semble pas en phase avec ce que le Parti Pirate promeut, qui est plutôt une société de liberté basée sur un minimum de règles destinées à protéger les propriétaires d'esclaves contre les nuisances les plus graves qu'ils peuvent s'occasionner les uns aux autres.


Quand on lit ça aujourd'hui, est ce qu'on a pitié de ces pauvres exploiteurs d'esclaves ? Est-ce qu'on se dit qu'il aurait été préférable d'y aller doucement, en instaurant des lois permettant de frapper son esclave seulement deux jours par semaine dans un premier temps ? Je crois pas. Alors merci de garder au centre de la question éthique celui qui subit l'oppression : l'animal.

Exiger le respect du droit à la vie et à disposer d'eux-même pour les animaux, ces esclaves qu'on tolère parce qu'on ne veut pas admettre leur sentience et donc notre devoir moral envers eux, c'est aussi sérieux que d'abolir l'esclavage en 1789.
C'est pas crédible ? Sans blague. Ça l'était pas non plus pour les esclaves avant la révolution.

Et on appelle ça un "programme antispéciste radical" ? Sérieusement ?

On demande pas à faire tomber des têtes hein, juste les œillères que les gens ont parfois comme collées à la super-glue.


Cordialement,
SG
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