[PP-discussions] Moins pire que les gachis-frontex ou l'apartheid internationnal ... equité/egalité sur la planete?

rencontres rencontres3 at gmail.com
Jeu 17 Oct 22:51:19 CEST 2013


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un ami nous transmets ceci...
en ajoutant qu'il trouve ce texte tristement... beau...
ns ajouterons qques mots en fin de texte...


Ils mourront aussi noyés dans les larmes de crocodiles

[la source ayant le plus d'anteriorité que j'aie pu trouver...
allez aussi en fin de texte...]


Il y a eu, il reste encore, l’océan cannibale et ses îles volcaniques,
mirages des vivants. Je suis devant ; debout sur une rive à deviner
ceux qui n’arrivent plus. La route atlantique hérissée de barbelés
virtuels s’est faite cul-de-sac mais les hommes n’ont pas renoncé à
partir ; ils ont juste changé de mer à traverser, modifier
l’itinéraire de leur improbable voyage, échangé un enfer contre un
autre.

Malte, Lampedusa, je ne veux pas voir ces photos-là. Pas d’images, pas
de sons. Ni voir ni entendre ; je sais déjà et j’en fais quoi ? Pas
ces cadavres anonymes dans les linceuls blancs improvisés, pas ces
morts emballés dans des housses mortuaires noires, prêts pour
l’autopsie d’un chaos, pas ces rescapés malvenus grelottant dans les
couvertures de survie dont l’or métallique, cannibalisé par les
projecteurs, rappelle que le soleil ne brille pas pour tout le monde.

A la seule lecture des articles qui tombent en chute libre, cette
lointaine horreur s’est faite mienne.

L’impression qu’au lieu d’alerter, de dénoncer, de mettre en garde, de
réveiller les consciences assoupies, de documenter le tumulte depuis
tant d’années, j’ai participé du désastre.

Mes enfants de papier qui devaient être d’immortels veilleurs
tourmentés, des appels à mieux vivre, ont rallié le bord de ce monde ;
page après plage, ils regardent à travers le prisme du réel leurs
frères de chair se noyer avec eux sans jamais remonter à la surface.
Décidément, écrire ne suffit pas !

Juste un nécessaire, rempart sans cesse reconstruit, dressé contre
l’indifférence, l’oubli et le mépris.

A quoi me sert-il de la connaitre intimement, Elle, cette jeune
africaine, grosse de mille horreurs banales et d’un enfant ? Elle qui
pariait sur des jours moins pires à défaut d’être vraiment meilleurs?
A quoi sert-il que j’ai mis, comme elle dit, «ses mots dans ma
bouche»?
A quoi bon le jeu de ces comédiens endossant son rôle ainsi que celui
de ses frères suppliciés afin qu’ils renaissent à chaque
représentation, survivent à l’oubli, veilleurs éveillés gesticulant
contre l’assoupissement ? Elle est encore là, même si elle est une
autre ; Elle est la prochaine qu’on ensevelira dans un linceul de mots
compatissants, 4500 signes pour archiver le désastre ; Elle est celle
qui, maintenant, met à mort au lieu de mettre au monde au fond d’une
barque folle dont personne n’entendra jamais parler ; Elle est
l’inconnue l’inaudible, l’invisible qui ne manquera pas à un appel
jamais fait.

Oui, la question migratoire est cruciale, plus que jamais peut-être
car les boucs émissaires sont de plus en plus lourdement chargés et la
mondialisation de l’ignominie encore plus forte que celle de «
l’indifférence ».

En temps de guerres comme en temps de paix, qu’entend-t-on de la
souffrance muette des « boucs en partance » devenus boucs en errance
puisqu’ils n’arrivent pas, ou si peu, ou si mal car si mal accueillis
– centre de rétention administrative, fichage, arrachage d’empreintes,
déni de minorité, refus d’asile, files d’attente interminables devant
des préfectures dont le service étranger se spécialise dans le non
accueil – ; qu’entend-t-on de leur désespoir discret quand seule la
mort les rend visibles, un temps très court, dans quelques brèves ?
Parfois en partance dès avant naitre ou à l’aube de leur existence,
leur odyssée n’a en fait ni début ni fin. Les migrants de tout poil,
ces voyageurs de tous sexes avançant en tous sens sont devenus des
fardeaux que l’Occident voudrait cantonner derrière ses lisières comme
on tentait de maintenir les loups et les ogres au plus profond des
noires forêts médiévales. Malheur à celui qui pointe son nez à l’orée
de notre monde faussement ouvert.

Le bord du précipice est là, charnière entre un espace terrestre,
sables et cailloux caressés d’épines, et un espace maritime tellement
surveillé que des pêcheurs refusent de prêter secours aux malheureux
qui sombrent : ils risqueraient d’être accusés d'aider des clandestins
et tomberaient ainsi sous le coup de la loi inique et carnassière ; un
espace tellement surveillé qu’on sait que ce no children’s, no
woman’s, no man’s land est devenu le plus grand cimetière marin. Les
sirènes ont changé depuis les temps homériques, celles qui entonnent
leurs lugubres mélopées ont la peau sombre et des cheveux crépus,
tressés-collés sur le crâne, algues brunes qu’elles s’arrachent par
poignées. Leurs reflets gris nagent pour l’éternité entre deux eaux
n’effrayant que les plongeurs sous-marins car, à la surface, nous ne
voyons pas plus les vivants que les morts.

Un drame un peu plus visible que les précédents et on annonce une «
journée de pleurs » ; une journée et des larmes contre plus de vingt
mille absents, certainement bien plus. Et combien pour tous ceux à
manquer qui sont déjà en marche ? pour les autres naufrages annoncés ?
combien de larmes taries avant d’avoir jailli ? Déjà versées pour
solde de tout mécompte !

Oui, j’entends parler de corridors humanitaires, de règles
sécuritaires, de Frontex, de surveillance aux frontières, de présence
militaire et j’imagine les crocodiles qui hantent ces eaux-là en
embuscade, vaguement ensommeillés ou veillant prêts à punir, à surgir,
à refermer le piège de leurs mâchoires sur la chair tendre des songes,
à ramener le rêveur imprudent sur sa rive, mort ou vif.

Oui, on nous dit les insurrections, les conflits, la faim, le rêve à
portée d’antenne parabolique, mais pourquoi ne parle-t-on pas
davantage de l’ordre inéquitable du monde qui broie les humains et les
met sur les routes du néant seuls ou en hordes déterminées et
silencieuses ?

Ces images que je ne veux pas regarder existent et défilent sur les
écrans, tournent en boucle, même, avant de s'effacer devant celles
d'un autre drame qui ne manquera pas d'arriver. Les sons du sinistre
se bousculent à  la radio, marche funèbre pour une humanité moribonde.
S'indigner, pleurer puis oublier ; passer à autre chose. Notre faculté
d'occulter ou de nous accommoder m’est insupportable et je demeure en
rage au milieu de mes frères et sœurs rescapés et inconsolés. Nous ne
pouvons ignorer que s’ils ne sont pas morts une première fois, ils
périront par l’oubli ou noyés dans les larmes des crocodiles, comme
leurs semblables infortunés.

Rivage atlantique, Octobre 2013
Nathalie M’Dela-Mounier (Écrivain)

[sources: avons ecrit a l'auteure, pr demander qques precisions de sources
et quid de 'rivage atlantique'...... a suivre donc...
la source ayant le plus d'anteriorité que ns ayons pu trouver...
avant la reprise par "mediapart"...
est:
.Collectif de Soutien aux Sans Papiers 49: Ils mourront aussi noyés ...
cssp-49.blogspot.com/2013/10/ils-mourront-aussi-noyes-dans-les.html.. ]


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les morts nous touchent... nous pensons aussi à la souffrance des vivants...
comme mis en sujet de ce thread...

"Moins pire que les gachis-frontex ou l'apartheid internationnal ...
equité/egalité sur la planete?"

stop a notre modele culturel exporté sans relache via religions, puis
livres, puis films/tv/ internet...
et notre soi-disant 'culture' blabla lecture/ecriture/modele de
developpement unique et soi disant seul chemin 'evolutions'/bonheurs
possibles..

stop l'indignation repetée et sterile...  des changements qui peuvent
etre quasi immediats... qui ne dependent que de nous... plus
facile/efficace a faire nombreux ensemble..
certains ont bien commencé, ici, depuis longtemps...
comment faire prendre bcp plus d'elan a une sobriété simple
chaleureuse partageuse..
et l'arret des courses aux mirages, a l'enfer des solitudes, du
desamour  et des relations pourries....??


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