[PP-discussions] pour info et argumentaires en faveur du mariage pour tous

LapNews lapnews at neuf.fr
Jeu 17 Jan 15:13:03 CET 2013


Très sympa d'amener à la table de réflexion des Pirates de grands
penseurs. Pour ma part je vais tenter d'être pragmatique, et pour le
coup à contre-courant de mes propres idées préconçues.

Ma réponse peut sembler rapide, mais vous verrez qu'il n'y a pas à
réfléchir à cent fois à des évidences.

Suis-je pour le Mariage pour tous, l'adoption pour tous, la PMA pour
tous... et /tutti quanti/ ?

Si je raisonne en termes d'égalité et d'équité, c'est une évidence !
Mais si je réfléchis un poil plus loin, je ne suis pas vraiment pour
tout ça. Je m'explique.

Le mariage, disons que c'est un archaïsme qui finalement ne fait de mal
à pas grand monde. Le fait qu'un choix de vie en commun (sans
distinction de genre et de nombre, disent les valeurs compatibles du
PP) permette une structure privilégiée et protégée par des lois est
quelque-chose qui me semble positif. Comme on aime à le dire, c'est
bien de penser aux malheurs du reste du monde mais c'est déjà bien de
commencer autour de soi.

Dans ce cadre, il est important qu'on puisse choisir ses compagnons et
sa structure familiale, et que les lois privilégient cette solidarité
choisie.

Dans ce contexte, un "mariage pour tous", une co-parentalité d'enfants
naturels plus ou moins externes, sinon même adoptés, me semble une
valeur positive. Les outils permettant de, dans un contexte de
"transition", une fois de plus, pérenniser cette solidarité à courte
portée et choisie, doivent être développés bien au-delà du Pacs. C'est
une évidence. Le "mariage" est-il une solution ? Pourquoi pas, dans le
contexte. Je suis beau-parent, et que j'aie été ou pas marié, aucun
outil ne m'a donné la possibilité de pérenniser la structure
"familiale" au cas où leur mère ait un accident. Le problème n'est donc
pas propre aux homos.

Faciliter l'accessibilité des couples (ou autres structures familiales)
à l'adoption me semble une autre évidence.
Si j'ai mis de côté mes "instincts naturels" de voir mon génome
prototypé dans un être de chair, c'est d'abord parce qu'il en existait
déjà pas mal qui manquaient de pères. Vu que, connaissant un bon nombre
de couples non hétéros dont l'amour et l'attention pourrait (ou a pu)
combler le manque de pas mal d'enfants qui n'en disposent pas, je suis
convaincu qu'un manque d'une part pourrait combler un autre manque par
ailleurs, je suis évidemment pour l'ouverture à toutes "structures
familiales" de l'adoption. Il serait d'ailleurs pas con de faciliter
son accès, tant il existe d'orphelins dans des structures bien mal
adaptés, de parents potentiels qui les "élèveraient" pour le plus grand
bien de tout le monde, sachant que dans le contexte actuel on trouve
beaucoup de cons pathologiques faire pousser de futurs jeunes cons avec
la complicité des structures payées par nos impôts...

Mais quid de la PMA ? Je ne rentrerai pas dans le débat sur les
mères-porteuses, il me semble dégénéré au possible.

Je vais en rester à des fondements plus évidents, et je ne vais pas me
gêner pour être brutal.

Notre planète manque de ressources. Même les peuples les plus
prolifiques décident progressivement de décourager la surnatalité. Et
nous allons mettre en place un système qui permet à des enfants
non-naturels de voir le jour ???
Je ne parle pas là des homos, je parle de tout le monde. Faut-il
franchir la barrière de la procréation totalement naturelle ? Veut-on
un monde peuplé de bébé-éprouvettes, clones, HGM (humains génétiquement
modifiés) en masse, histoire de "pondre" comme si c'était une nouvelle
drogue ?

Alors non. Perso, je suis contre la PMA, mais pour *tout le monde*,
hétéros mariés ou homos qui se cherchent des causes ou des raisons de
vivre.

Je pourrais développer sur l'intérêt de la sélection naturelle dans le
bien-être des générations à venir, et des alternatives bien plus
graves que sont l'eugénisme ou les éliminations massives, mais ça serait
à la fois stupide et prématuré.

Je pense avoir trouvé un sujet de réflexion (localement, mais ça peut
se développer), car les Jeunes Écolos (donc a priori au premier rang
sur le problème de la surpopulation et les ressources de la planète) et
la LGBT locale (les deux étant partenaires, ça peut être un débat
intéressant) pourraient prochainement participer à une table ronde que
j'aimerais organiser.
Si un film peut servir d'illustration à ce débat, j'ai le ciné-club
kivabien, mais pas d'idée pour le film. Vous auriez une suggestion ?

LeLapin



Le Thu, 17 Jan 2013 13:59:54 +0100
sophie wahnich <sophiw at club-internet.fr> a écrit :

> 
> 
> Claude Levi-Strauss et notre manifestation du 27 janvier....
> 
> Grande agitation autour du mariage homosexuel. Dans tout ce
> tohu-bohu, on a recours à l’anthropologie pour éclairer de prétendus
> invariants de la structure familiale. En arrière-plan, des questions
> qui ont leur dignité, sur les modalités contemporaines des alliances
> et des structures de la parenté, dont Claude Lévi-Strauss avait
> dégagé les formes élémentaires. Il ne sera pas inutile d’attirer ici
> l’attention sur un texte posthume du grand anthropologue disparu,
> publié en avril 2011 dans un recueil de conférences prononcées au
> Japon au printemps 1986, L’anthropologie face aux problèmes du monde
> moderne (Coll. du XXème siècle, Seuil).
> 
> La seconde de ces conférences porte sur trois grands problèmes
> contemporains : la sexualité, le développement économique, les
> relations entre la pensée mythique et la science. S’agissant de la
> sexualité, trois questions majeures retiennent l’attention de
> Lévi-Strauss : le prêt de l’utérus ; la procréation artificielle ; le
> couple homosexuel. En regard de chacune de ces questions nouvelles
> dans nos sociétés, il met les surprenants montages élaborés dans
> d’autres sociétés, au mépris du prétendu invariant familial universel.
> 
> Ainsi apprenons-nous que l’insémination avec donneur a son équivalent
> chez les Samo du Burkina Faso. Chaque fillette y est mariée de très
> bonne heure, mais avant d’aller vivre chez son époux, elle doit,
> pendant trois ans au plus, avoir un amant de son choix,
> officiellement reconnu pour tel. Elle apporte à son mari le premier
> enfant, né des œuvres de son amant, mais qui sera considéré comme le
> premier né de l’union légitime. Dans d’autres populations africaines,
> un homme marié dont la femme est stérile, peut, moyennant payement,
> s’entendre avec une femme féconde pour qu’elle le désigne comme père.
> Dans ce cas, le mari légal est donneur inséminateur, et la femme loue
> son ventre au couple sans enfants.
> 
> Chez les Indiens Tupi-Kawahib du Brésil, un homme peut épouser
> simultanément ou en succession plusieurs sœurs, ou une mère et sa
> fille d’une union précédente. Ces femmes élèvent en commun leurs
> enfants, sans se soucier spécialement de qui est celui-ci ou
> celui-là. La situation symétrique prévaut au Tibet, où plusieurs
> frères ont en commun une seule épouse, tous les enfants étant
> attribués légalement à l’aîné.
> 
> Les Nuer du Soudan assimilent la femme stérile à un homme ! En
> qualité d’ « oncle paternel », elle reçoit le bétail représentant le
> « prix de la fiancée » payée pour le mariage de ses nièces, et elle
> s’en sert pour acheter une épouse qui lui donnera des enfants grâce
> aux services rémunérés d’un homme, souvent un étranger. Chez les
> Yoruba du Nigeria, une femme riche peut, elle aussi, acquérir des
> épouses qu’elle pousse à se mettre en ménage  avec des hommes. Quand
> des enfants naissent, la femme, « époux légal »,  les prend pour
> siens. Dans ces deux cas de couples formés par deux femmes, une des
> femmes sera donc considérée comme le père légal et l’autre comme la
> mère biologique.
> 
> Lévi-Strauss évoque aussi le cas de figure du « mariage fantôme »,
> qui  chez les Nuer, autorise une femme veuve à engendrer « au nom du
> défunt » avec un de ses proches parents.  Il en rapproche
> l’institution du lévirat chez les Hébreux. Ces enfants sont tenus
> pour des réincarnations du défunt. Ces sociétés n’éprouvent pas les
> craintes du genre qu’engendrent chez nous l’insémination avec le
> sperme congelé d’un mari défunt, mais le problème en cause n’est, aux
> yeux de l’anthropologue, guère différent.
> 
> Tous ces exemples témoignent de ce que le conflit en cause dans nos
> sociétés, entre la procréation biologique et la paternité sociale,
> n’existe pas dans d’autres, qui y apportent des solutions originales,
> constituant autant d’images métaphoriques anticipées des techniques
> modernes. Ils démontrent aussi que ce que nous considérons comme «
> naturel » et fondé sur l’ordre des choses se réduit à des contraintes
> et des habitudes mentales propres à notre culture.
> 
> Aux juristes et aux moralistes trop impatients, conclut Lévi-Strauss,
> les anthropologues prodiguent des conseils de libéralisme et de
> prudence. Ils font valoir que même les pratiques et les aspirations
> qui choquent le plus l’opinion — procréation assistée, mise au
> service de femmes vierges à des femmes célibataires, veuves ou au
> service de couples homosexuels — ont leur équivalent dans d’autres
> sociétés qui ne s’en portent pas plus mal. 



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