[PP-discussions] [PP-Alsace] Bilinguisme
Edouard Klein
edouardklein at gmail.com
Dim 29 Jan 20:16:18 CET 2012
Bonjour à tous,
Je voulais apporter quelques pierres à la discussion :
Il y a pour moi deux raisons d'apprendre une langue : pour communiquer,
se rapprocher d'autres personnes, ou pour développer sa culture de
manière générale.
J'ai appris l'Anglais et je ne pourrais aujourd'hui pas exercer mon
métier sans connaître cette langue.
J'ai étudié le Latin, régulièrement mon quotidien me rappelle cet
enseignement (principalement avec de l’étymologie) et je suis heureux
d'avoir vu ma culture enrichie par cet enseignement.
J'ai étudié l'Allemand, je ne le parle quasiment jamais. L'aspect
civilisation du cours me sert quand je discute (en Anglais) avec des
Allemands. J'essaie de parler Allemand avec des Allemands lorsque je
veux être proche d'eux. Ils apprécient l'effort mais nous retournons
bien vite à l'Anglais.
J'ai appris un tout petit peu de Suédois sur le tas. Encore une fois
pour me rapprocher des gens à qui je parle, c'est le genre d'effort
auquel les gens sont sensibles.
J'apprends le Lojban juste pour le fun. Je trouve le concept génial mais
je ne le parle pas encore assez bien pour l'utiliser avec d'autres
personnes.
Je pense qu'il faut considérer les heures qu'un citoyen passe à l'école
comme une ressource rare, et répartir cette ressource en conséquence.
Pour moi l'apprentissage de l'Anglais est catastrophique en France et il
faudrait mettre le paquet là dessus. Une raison suffisante à mon sens
(et l'on pourrait en trouver d'autres) est que la majorité des
ressources sur Internet (et donc des ressources tout court) sont en Anglais.
De fait je suis plutôt contre des cours en langue régionale à l'école.
Je pense qu'il faudrait plutôt généraliser les cours en Anglais, dès le
collège mais surtout à la Fac ou dans les écoles d'ingés.
Je suis cependant pour l'enseignement obligatoire de langues mortes.
Comme je l'ai dit je ne regrette pas mon Latin. Pour moi les langues
régionales rentrent dans cette catégorie.
J'exècre les mesures de protection du Français. Exemple qui me titille :
je vais devoir rédiger ma thèse en Français. Tous les papiers que j'ai
publiés sont en Anglais, la doc que j'écris est en Anglais. Je parle
Anglais avec beaucoup de mes collègues. Ecrire ma thèse en Français me
demande un surcroit de travail et me garantit qu'elle ne sera lue que
par le jury.
En définitive, je suis pour la préservation du patrimoine culturel que
représentent ces langues, pour leur enseignement obligatoire au titre de
langue morte (en concurrence avec le latin ou le grec) mais contre leur
utilisation pour des cours d'autres matières, car l'Anglais devrait
avoir cette place.
@+
Edouard.
P.S. je ne souhaite fâcher personne en comparant les langues régionales
à des langues mortes. J'ai conscience qu'elles sont encore parlées. Je
pense jusque que trois heures obligatoires par semaine (et plus en
option) est suffisant et si mes infos sont à jour c'est le quota de ceux
qui font le choix d'étudier les langues mortes.
Le 29/01/12 16:30, Quentin MARQUET a écrit :
> Bonjour,
>
> C'est moi le petit nouveau, celui qui n'a pas encore sa carte, alors je
> sais pas dans quelle mesure je peux m'imposer dans le débat, mais il se
> trouve que le sujet en question a une grande importance pour moi.
>
> Par ailleurs, je pense que la venue dans le débat de la question
> identitaire, de manière directe ou indirecte (présentement par
> l'intermédiaire des politiques publiques semble-t-il ainsi que
> de l’existence d'associations impliquées sur la question), vient
> nécessairement de l'infléchissement des idées politiques de tous
> horizons en faveur de la question de /l'identité nationale/ qui s'invite
> à toutes les tables depuis quelques temps. Pour rappel, Hollande a fait
> plusieurs fois référence au patriotisme par des appels du pied au
> sentiment national dans son discours au Bourget, de manière très fine
> par ailleurs, et en les liant autant que possible aux /mots
> clefs/ traditionnels du socialisme pour désamorcer ce sujet explosif
> (/République, laïcité/...).
>
> Parce que maintenant, c'est en aboyant le mot /France/ avec plus de
> force que ses poumons ne peuvent en assumer que l'on provoque les
> applaudissements, même dans un parti qui a toujours chanté
> l'/Internationale,/ et porté l'idée de /progrès/ si loin que la
> nostalgie et le poids du passé ne pouvaient l'atteindre. On a beau
> déclarer la guerre à l'ennemi invisible de la finance, en réalité dans
> ce qu'Onfray appelle la /civilisation du canapé/, il n'y a plus personne
> pour se battre. Une peur latente nous envahie, conscients que nous
> sommes en Occident de ne plus être dans le train du progrès, gravissant
> la pente de l'histoire à l'allure folle d'autrefois. On ne parle plus
> que de récession et de déclin, de menaces extérieurs ; le progrès, c'est
> pour les autres (les vilains chinois, les islamistes, bouh).
>
> Je comprends le pourquoi de l'intérêt des peuples européens pour le
> sujet de l'identité, du patriotisme et du repli communautaire, voire de
> la préférence nationale, mais je ne le partage pas. Pourtant je sais à
> quel point le glissement est facile entre le pessimisme et le repli.
> Certains ont décrit le phénomène il y a longtemps :
> /
> /
> /Il est temps que l’homme se fixe à lui-même son but. Il est temps que
> l’homme plante le germe de sa plus haute espérance.//Maintenant son sol
> est encore assez riche. Mais ce sol un jour sera pauvre et stérile et
> aucun grand arbre ne pourra plus y croître./
> /Malheur ! Les temps sont proches où l’homme ne jettera plus par-dessus
> les hommes la flèche de son désir, où les cordes de son arc ne sauront
> plus vibrer !/
> /Je vous le dis : il faut porter encore en soi un chaos, pour pouvoir
> mettre au monde une étoile dansante. Je vous le dis : vous portez en
> vous un chaos./
> /Malheur ! Les temps sont proches où l’homme ne mettra plus d’étoile au
> monde. Malheur ! Les temps sont proches du plus méprisable des hommes,
> qui ne sait plus se mépriser lui-même./
> /
> /
> /Voici ! Je vous montre le dernier homme./
> /
> /
> /« Amour ? Création ? Désir ? Etoile ? Qu’est cela ? » — Ainsi demande
> le dernier homme et il cligne de l’œil./
> /La terre sera alors devenue plus petite, et sur elle sautillera le
> dernier homme, qui rapetisse tout. Sa race est indestructible comme
> celle du puceron ; le dernier homme vit le plus longtemps./
> /« Nous avons inventé le bonheur, » — disent les derniers hommes, et ils
> clignent de l’œil./
> /*Ils ont abandonné les contrées où il était dur de vivre : car on a
> besoin de chaleur. On aime encore son voisin et l’on se frotte à lui :
> car on a besoin de chaleur*./
> /(Zarathoustra)/
> A l'idée de /progrès/ s'oppose celle du repli. Et quand on ne croit plus
> à la dialectique de l'histoire, on raconte des sagas nordiques en
> alsacien à ses petits enfants au coin du feu.
>
> Donc, pour en revenir au bilinguisme :
> Tout d'abord il y a quelque chose que je n'ai pas très bien saisi dans
> ce qui est en jeu, on parle de "promotion de la langue alsacienne" et de
> langue allemande. Plus tard on a des interrogations sur "les citoyens
> mondiaux" et la question des "repères identitaires".
> Mais ouvrir à l'international les nouvelles générations en leur
> permettant de communiquer avec d'autres peuples en parlant leur langue,
> c'est pour moi un combat qui idéologiquement s'oppose à l'ambition de
> cultiver coûte que coûte une langue régionale, c'est à dire celle de /sa
> /communauté (on ne dépasse pas les frontières). Peut-être qu'à la base
> l'alsacien ressemble à l'Allemand (j'en ai aucune idée), ce qui fait
> qu'une assoc de défense des droit de l'alsacien en danger s'oppose à la
> réduction des heures consacrée à l'enseignement de l'allemand. Mais pour
> autant, les motivations qui me mènent à vouloir défendre l'apprentissage
> des langues étrangères sont celles qui m'encouragent à tourner le dos à
> toutes les pesanteurs identitaires du passé. Si les gens veulent
> apprendre l'alsacien, c'est une ambition individuelle à mon sens, au
> même titre que vouloir devenir peintre du dimanche, on n'a pas à s'y
> opposer.
>
> En revanche, quid de /l'enseignement /des langues régionales, dans les
> institutions de l'Etat ?
>
> Il ne faut jamais oublier que la diffusion du savoir est autant une
> question d'épanouissement individuel qu'une richesse collective. La
> société à */besoin/ *que */vous/ *soyez le plus instruit possible, elle
> a besoin de votre savoir, expertise, créativité, capacité à innover,
> inventer, résoudre des problème, c'est aujourd'hui *la cause unique de
> la richesse des nations*/,/ bien plus que les infrastructures, ou je ne
> sais quoi d'autre. C'est pour cela que depuis autant de temps on
> considère comme normal que la société se saigne littéralement pour vous,
> pour votre éducation (l'éducation nationale est le premier budget de
> l'Etat, auquel il faut rajouter celui de l'enseignement supérieur et de
> la recherche).
>
> Donc doit être enseigné par la société ce que la société considère de
> bien pour elle-même (au sens large, car cela doit passer pour moi
> impérativement par l'accomplissement personnel, ce dont se fout l'école
> actuelle. On ne peut tolérer d'avoir autant d'enfants que l'on laisse
> avec leurs problèmes). Et ce que notre monde actuel considère comme une
> des richesses les plus incroyables, c'est la capacité à
> communiquer/./ Car le savoir se transmet, ainsi que les informations,
> les richesses, les biens, les idées...
>
> Et là on rejoint les contrées pirates :
> Aujourd'hui tout le monde a les moyens techniques de s'adresser à la
> planète entière. Et pourtant la communication n'est pas si simple sur le
> globe, à cause du manque d'ouverture dont chaque communauté fait preuve
> à l'égard de toutes les autres sur le plan des langues. C'est une tâche
> immense que de s'atteler à régler ce problème, pour des millions de
> profs de langue à travers le monde. Alors je pense que la génération
> internet ne peut que défendre ce combat.
>
> En revanche, quitte à ce que l'enseignement soit aussi cher, je ne pense
> vraiment pas que la société (et en France, l'école de la République)
> sacrifie des moyens pour que certains individus se sentent mieux dans
> leur petite communauté locale que dans le grand flux du monde.
>
> Crante, tu dis "au niveau des repères identitaires, de la culture et de
> l'histoire, nous sommes de plus en plus perdus". Perso je n'ai jamais
> compris pourquoi on dit ça, et pourtant je l'ai souvent entendu. Je ne
> me sens pas perdu dans ce monde. Tout ce que je vois ce sont des
> opportunités, des trucs dingues qui viennent de partout, des idées de
> oufs, de la créativité à l'état pur, bref, j'ai l'impression de pouvoir
> me brancher l'esprit sur le système nerveux du monde entier par cette
> petite interface qu'est cette surface de 40 cm², mon "écran". Je ne
> ressent pas le besoin d'écouter les histoires de grand père au coin du
> feu...
>
>
>
>
> Mais bon je dis ça hein, vous en faites ce que vous voulez :)
>
> Quentin
>
>
> 2012/1/29 Christophe X <qq at partipirate.org <mailto:qq at partipirate.org>>
>
> tout ce que je sais c'est qu'il serrais bien de mettre nos texte en
> Anglais en plus du Français mais c'est plutôt du aux échange avec
> les autres PP
> je ne me souviens pas d'une conversation sur le maintient ou pas des
> langues régionales
>
> Le 29 janvier 2012 13:10, François L. <octron5 at gmail.com
> <mailto:octron5 at gmail.com>> a écrit :
>
>
> Des élus alsaciens se mobilisent pour la défense du bilinguisme
> L'association des élus pour la promotion de la langue
> alsacienne s'élève contre l'expérimentation à la rentrée
> prochaine d'une version "light" du bilinguisme : 8 heures
> d'allemand, au lieu de la parité de 12 heures pour
> l'allemand et le français. Un projet d'autant plus
> inacceptable selon eux qu'on leur refuse l'ouverture de
> nouvelles classes bilingues paritaires.
> L'association va envoyer une lettre à un millier d'élus
> locaux et prévoit une manifestation le 31 mars à Strasbourg.
>
>
> Bonjour à tous,
>
> J'aimerai savoir, si, autant au niveau national que local, nous
> avons un avis précis sur le bilinguisme (Allemand dans ce cas,
> mais c'est valable pour tous), et si nous avons également un
> avis sur les langues régionales (promotion, soutien, etc... )?
>
> Je pense qu'à l'heure de la mondialisation et de l'oubli
> identitaire des peuples, autant locaux que mondiaux, il faut
> savoir comment nous nous placons dans ce cadre là.
>
> Avec l'arrivée d'Internet, nous passons de "citoyens citadins" à
> "citoyens mondiaux", pour la communication et la démocratie, que
> du bonheur, mais au niveau des repères identitaires, de la
> culture et de l'histoire, nous sommes de plus en plus perdus.
>
> Piratement,
> Crante
> --
> En vous souhaitant bonne réception, veuillez agréer mes
> salutations distinguées,
> L. François
>
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