[Stratcom] nouveau texte de vox politica

Thomas Vermorel tvermorel at gmail.com
Mar 26 Avr 15:10:30 CEST 2016


Avec un peu de retard. Je le trouve particulièrement intéressant.


*Les Panama Papers prouvent que les cypherpunks avaient raison... *

*…mais personne ne sait ce qu’est un cypherpunk.*



La pratique de l’évasion fiscale par les puissants et les célébrités de ce
monde était un secret de Polichinelle bien avant les Panama Papers. Ce
scandale international aura toutefois eu le mérite de révéler au grand
public trois éléments auparavant trop peu connus.



Il a démontré tout d’abord l’ampleur colossale du phénomène. Ce qui était
jusqu’alors vu – à tort – comme une pratique blâmable mais marginale de
montages fiscaux par certaines grandes firmes, de blanchiment d’argent par
certaines maffias, de comptes occultes pour quelques dirigeants politiques,
s’avère constituer une pratique courante et massive des élites de la
mondialisation.



Ce même scandale a aussi exhibé une réalité dont on ne parle pas du tout
assez aujourd’hui. A savoir : la pratique des sociétés-écrans, qui servent
de paravents pour échapper ainsi à l’impôt grâce à l’anonymat, est dans la
plupart des cas *parfaitement légale*. C’est donc une preuve absolue, tout
à fait tangible, que le libre jeu financier mondialisé, peu ou pas
réglementé, conduit inéluctablement au fait que les plus fortunés et les
plus puissants échappent aux règles politiques et morales qui doivent
pourtant s’appliquer à tous dans une société civilisée.



Enfin et surtout, l’affaire des Panama Papers a démontré que les thèses
avancées par plusieurs cypherpunks sur l’enjeu fondamental de la
transparence sont parfaitement vraies. Les cypherpunks sont, pour résumer,
un courant de l’anarchisme contemporain qui s’est situé très en pointe à
l’avant-garde du combat pour la défense des libertés individuelles sur
Internet. Les plus célèbres d’entre eux sont par exemple Julian Assange,
fondateur de WikiLeaks, ou encore Philip Zimmermann, inventeur d’un des
logiciels de cryptage des emails les plus utilisés au monde.



Un des points-clés de leur pensée commune est le suivant : grâce aux NTIC
(nouvelles technologies de l’information et de la communication) et grâce
au big data (les systèmes de collecte massive et de traitement tout aussi
massif de nos données individuelles privées), de grandes firmes comme les
GAFA (Google, Apple, Facebook, Amazon) et bien sûr des agences
gouvernementales comme la NSA disposent d’un pouvoir colossal sur
l’humanité, parce que tout ou presque ce qui concerne chaque individu leur
est totalement transparent. Par extension, c’est l’oligarchie mondialisée –
politique, économique et financière – qui jouit de ce pouvoir sur nous
tous.



Par conséquent, du point de vue des cypherpunks, tout citoyen du monde doit
se doter d’outils pour échapper à la surveillance de masse, c’est-à-dire
essentiellement d’outils de cryptographie : l’application Signal pour les
smartphones est un bon exemple. Parallèlement, les mêmes considèrent que le
combat prioritaire doit être d’inverser la situation de transparence : au
lieu de la transparence des faibles au bénéfice des puissants qui eux
profitent de l’opacité et du secret, il faut passer pour reprendre les mots
de Julian Assange à « transparence des dominants, protection de la vie
privée pour les dominés ».



A présent que les Panama Papers ont spectaculairement étayé leurs thèses,
reste à populariser ces dernières. En effet, au même titre que le combat
des libertés numériques en général, celui des cypherpunks subit un point
faible très lourd : sa difficulté à sortir du microcosme des activistes.
Pour le dire plus brutalement : afin que la cause cypherpunk gagne la
bataille des idées, il devient urgent que ses défenseurs fassent vraiment
l’effort d’apprendre à la rendre intéressante pour les publics que
spontanément ça n’intéresse pas ; et d’apprendre à l’expliquer simplement
pour les publics qui spontanément n’y comprennent rien. Ce n’est qu’en
faisant ce travail de pédagogie et de vulgarisation qu’à terme, le combat
pour les libertés numériques de tous pourra être gagné.



Thomas Watanabe-Vermorel
123 rue La Fayette 75010 Paris
06 89 68 79 66

WV.
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