[Stratcom] rédacteur rémunéré, pour quoi ?

[Fabbad - PP-fr]

J’explique quand même vite fait une “logique métier” autour du texte.
Définir un style “terre à terre, plus léger, plus direct” comme tu dis, se fait en amont, à la commande en milieu pro (édition, presse, pub...), et donc, forcément, ce n’était pas ce que j’avais fait et que je présentais comme un autre exercice de style, pas du tout pour faire du “parole d’expert” :

- Objectif notoriété = “scandale”, buzz. Ca, ça pourrait tenir en un tweet du genre : “Entre Daech et Le Pen, le nihilisme de Ruquier” avec un lien vers l’extrait de son émission. Si c’est signé “Parti Pirate” et que ça chatouille Ruquier, il aura au moins son existence en tête mais il risque d’avoir envie de répondre “Connards de trolls du web”.
- Objectif crédibilité : si on renvoie sur un texte avec une forme “auteur”, “intello” etc. on se place sur un certain registre qui empêche la réduction au troll, c’est sélectif sur le lectorat, tout le monde n’ira pas au bout et donc sélectif sur le type de réponse qu’on peut attendre (en l’occurrence, pas “terre à terre” si on parle sur un mode semi-lyrique de “à quoi bon penser à l’avenir, s’engager etc. ?”...).

Si on veut faire du “parole d’expert”, c’est un tout autre style à demander en amont, c’est, je suppose ce qui est attendu avec Guénolé qui apporte une notoriété et une crédibilité d’expert déjà médiatisé, une image de sérieux un peu rebelle mais pas porté sur la provocation volontaire.

Fabien “fabbad”


From: Kévin Grenèche 
Sent: Thursday, December 17, 2015 2:06 PM
To: Fabbad - PP-fr 
Cc: gnaPP ; bureau National ; ML CoSe ; stratcom at lists.partipirate.org 
Subject: Re: [Stratcom] rédacteur rémunéré, pour quoi ?

Il est vrai que nos chances de voir Guénolé accepter sont assez minces.


J'ai lu l'exemple que tu as donné et wouahou... c'est absolument à l'opposé de ce que j'imaginais quand on parlait de chronique.

Ce type de travail n'est pas "tout public". Combien de personnes sont capables de comprendre le fond de cet article ?

Personnellement, j'ai eu beaucoup de mal à aller jusqu'au bout. 


Quand on parlait de chronique, je pensais à quelque chose de plus "terre à terre", de plus "léger" mais d'assez direct pour que tout le monde puisse suivre sans se torturer l'esprit.

Je pensais à des propositions concrètes pour changer le monde, même si c'est plein d'optimisme.

Un peu à l'image de ce que faisais Guénolé dans sa chronique sur RMC. 
Pour ne pas que l'on me reproche d'être un Guénolé addict, ça aurait très bien pu être quelqu'un d'autre car, au fond, c'est le contenu qui m'a plu.

Du concret, rapide, simple, clair, explicite, avec un arrière goût de pourquoi pas à la fin de chaque épisode. Et finalement, c'est cet arrière goût qui est le plus important pour faire adhérer les gens!


Désolé si je froisse, c'est juste mon point de vue et ce que j'ai ressenti après la lecture de ton mail. 



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De: "Fabbad - PP-fr" <fabbad at partipirate.org>
À: "gnaPP" <gnapp at orange.fr>, "bureau National" <bureau at lists.partipirate.org>, "ML CoSe" <coordinateurs-sections at lists.partipirate.org>, stratcom at lists.partipirate.org
Envoyé: Jeudi 17 Décembre 2015 12:26:15
Objet: [Stratcom] rédacteur rémunéré, pour quoi ?


J’ai passé ma candidature à Gna et, pour le coup, une réflexion sur la question d’un rédacteur rémunéré.
De l’analyse du site actuel ( https://wiki.partipirate.org/Refonte_site ) et autres, j’avais conclu quela difficulté semblait moins celle des compétences rédactionnelles internes que celle de la paralysie d’une com’ commune pour cause de désir d’autonomie des groupes, de répugnance à une parole produite par une partie mais engageant le tout.
Qui parle ? Au nom de qui ?
Donc, je verrais deux motifs pertinents pour payer un rédacteur :
- avoir une “signature” au sein du PP, quelqu’un dont la parole porte déjà, c’est-à-dire paiement d’une réputation autant sinon plus qu’un contenu, et le laisser libre de s’exprimer comme il l’entend quitte à le “virer” (comme Guénolé...) si ses positions déplaisent. Difficulté : trouver quelqu’un qui ne considère pas qu’être associé au Parti Pirate nuise à sa réputation... ;
- auteur-rédacteur plus “aux ordres”, c’est-à-dire faisant un boulot contrôlé selon des objectifs de com’ et pouvant notamment exploiter les ressources produites par les membres (cf LO, wiki, forum etc.).
“Objectifs de com’” intègre à la fois un contenu et une forme pour un effet voulu. Pédagogie, informer platement, amuser, attaquer (cf Cavada agacé pendant la campagne pro-Reda), choquer voire provoquer un scandale public (qui a dit “buzz” ?) etc.
Pour l’exemple d’un rédactionnel “auteur” avec objectifs de com’, j’ai mis en P.P.S. un brouillon de chronique sur le mode “scandale politico-médiatique”. C’est écrit dans un style “littéraire”, comme une chronique d’auteur libre mais avec des objectifs de com’ précis sur l’engagement, pour susciter des vocations, manque plus que le bouton “adhésion” en bas.
Fabien “Fabbad”
P.S. objectif de com’ de ce mail : je doute que Guénolé accepte l’offre et comme il était dans mes projets de proposer des piges à divers groupements politiques, autant commencer par le PP, mais en tout état de cause, je pense que la réflexion a une valeur générale pour tout rédacteur rémunéré que prendrait le PP.
P.P.S. un peu de littérature à scandale :
Ruquier, Le Pen, Daech & al. : théâtre de l’apocalypse

Le buzz politico-médiatique de la semaine : Marine affiche de nouvelles couleurs, l’orange sanguine.

Brulées vives, écrabouillées, décapitées, les victimes de Daech sèchent donc sur le fil à twittos de madame. D’indignation, Manuel saisit Fernande, sa police (oui, quand il pense à Fernande...). Marine, elle aussi d’indignation, avait répondu à des propos de Jean-Jacques où elle entendait un parallèle entre son parti et celui de la Terreur ninjihad. Jean-Jacques s’indigne mollement : il a trop de respect pour les électeurs du Front National pour polémiquer.
Au fond, Jean-Jacques semblait vouloir dire que Daech et FN naissaient dans les failles d’une société, dans du désir de rupture et une dynamique de guerre, de crispation identitaire et de clash des clans, dans le vide d’une offre d’engagement pour un avenir commun.

Laurent, lui, quelques jours plus tôt, dans “On n’est pas couché”, a parlé de sauvetage de planète faute de pouvoir parler de politique sérieuse pour cause de Régionales.
Laurent, lui, alla plus bas que des cadavres de Daech, il descendit au fond existentiel du nihilisme.

La scène se passe donc au début d’un treize décembre vers la treizième minutes de la première heure de l’émission.

Les acteurs : un Laurent en faux candide terre à terre, un Yann invité filmant les choses du point de vue de Dieu, un autre Yann et une Léa en avocats du diable.

LAURENT [interrogatif] 
Est-ce qu’il faut sauver la planète ? Est-ce que tout ça n’est pas l’ordre des choses ? Est-ce qu’il faut vraiment la sauver cette putain de planète ?

LEA [amusée]
Laurent est pour la mort de la planète.

YANN chroniqueur [docte]
Laurent dit un truc qui est juste, les sociologues expliquent que l’esprit humain a du mal à se consacrer à quelque chose qui aura lieu il y a cent ans.

YANN invité [indigné mais fatigué]
Ca c’est des conneries... j’ai envie de vivre, j’ai des enfants, j’aime la vie, j’aime les gens autour de moi. J’aime la vie ! J’aime les gens !

LAURENT
Mais moi aussi ! Mais on est tous faits pour vivre et mourir.

YANN invité
On est en train de parler de la survie de l’humanité...

LAURENT
C’est ce que je vous dis, et alors ? Peut-être que c’est autre chose qui va se passer après.

YANN invité
Laurent, vous avez des enfants ?

LAURENT
Non !

YANN invité
Eh bien vous auriez des enfants et des petits enfants, ça vous emmerderait...

LAURENT
Non !  Mais non ! Je vous jure que non. (...) Tous on nait, on meurt, tous. Et peut-être que, voilà, il faut laisser vivre et mourir comme les choses se passent et après, autre chose mieux arrivera. Allez savoir.

YANN invité [épuisé]
J’ai pas de réponse à ça.

A notre tour, indignons, indignons, il en naitra peut-être une pensée.

Si les racines de Marine poussent dans des failles de notre société, celles de Laurent vont à l’abime, rejoignent l’apocalypse selon Daech. 
Nihilisme des boulevards, insouciance coupable, consumérisme endiablé, encore une fête s’il vous plait, nous les riches, nous les biens nourris, nous les heureux mais aussi nous les humiliés, les offensés, les enragés, nous sommes pressés, notre liberté s’appelle “caprice”. Pas de lendemains qui chantent, un goût de paradis, tout de suite ou rien !

Victimes et tueurs du Bataclan, même combat ? Ivresse de l’oubli ou ascétisme assassin, héroïne et héroïsme suicidaires, en finir avec les soucis, les contraintes, les devoirs, les douleurs, immolation dans la joie (les martyrs ont le sourire, disent les amoureux de la mort) ? Soyons irresponsables pour être heureux ? No future et tous au paradis, Inch’allah ?

Espérons qu’il soit choquant de ne pas distinguer la joie de vivre des victimes de la volonté de mort des bourreaux, espérons qu’il soit choquant d’entendre que la mort c’est la vie, espérons que cela fasse bouger les raisons paresseuses, celles pour qui il est indifférent de voter, de s’engager, de travailler à un avenir au-delà de leur plaisir du jour, celles à l’horizon clôt sur leur égoïsme au prétexte d’un futur d’autant plus fatal qu’ils ne feront rien pour changer au présent.
Une société entre colère des perdants et indifférence joviale des gagnants ? Le Front National au pouvoir ? Daech aux frontières ? L’humanité sous les eaux, après moi le Déluge ? Fatalité ?

Non, nous sommes acteurs de notre avenir.

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