[PP-discussions] Comment le monde actuel a privatisé le silence

Erwan Legrand partipirate at erwan.legrand.name
Jeu 10 Mar 16:59:59 CET 2016


2016-03-10 12:06 GMT+01:00 Mistral Oz <mistral.oz at partipirate.org>:
> La question des espaces publique est vraiment centrale dans l'histoire. Tu
> dis que ce n'est pas un lieu qui nous appartient si le propriétaire des
> lieux est un privé.

Non ! Ce que je dis c'est qu'une infime partie de la population
transite de façon régulière par un aéroport. Donc prendre le cas des
aéroports et prétendre en déduire une vérité s'appliquant à la société
entière, c'est une plaisanterie. (Ce qui n'empêche pas que je suis
d'accord avec le type sur beaucoup de choses.)

> Sauf que c'est une fausse appréciation de l'idée d'espace public :
> ...

Ce n'est pas du tout ce que je voulais pointer du doigt, à savoir
qu'un aéroport n'est pas représentatif de l'environnement dans lequel
nous évoluons en général.

> Je ne sais pas si c'est bien la pub partout. On peut se dire que c'est
> variable et que parfois ça va.

La pub me gène beaucoup personnellement. Je ne supporte pas d'utiliser
un navigateur sans AdBlock Plus. Les publicités dans la rue et le
métro me perturbent. J'ai cessé de regarder la télévision il y a une
quinzaine d'années et j'ai aussi rompu avec la radio (sauf
occasionnellement pour la musique) il y a quelques mois de ça. Le cas
de l'aéroport est anecdotique a mes yeux.

Pour ce qui est de la télé et de la radio, il y a à mes yeux plus
gênant encore que la publicité : l'abondance de faits divers. Mon
esprit est continuellement embarqué vers des choses qui me font réagir
émotionnellement tout en n'ayant aucune pertinence. C'est une
distraction permanente. Il y peu de substance sur laquelle se
construire une pensée.

> Néanmoins, faut pas se dédouaner en disant qu'on pourrait aussi faire
> autrement et que si on va suit Facebook ou qu'on fume un joint, on est déjà
> soit-même auto-aliéné (faut quand même user de nuances et les turpitudes des
> uns ou des autres ne leurs enlèves pas leurs droits).

Je ne vois pas ce que la notion de droits ou celle de turpitude
viennent faire ici. Je ne souhaite faire ni le juriste, ni le
moralisateur. Ce dont il est question ici, c'est de notre capacité
d'attention. Celle-ci est mise à mal par notre environnement. Lorsque
j'évolue dans les rues ou les transports en commun, mon attention est
attirée par toutes sortes de choses des publicités, certes, mais aussi
des bruits comme par exemple un malotru qui hurle dans son téléphone,
ou simplement une personne qui me semble désirable. Notre attention
est aussi mise en péril par le fonctionnement même de notre cerveau,
même dans un environnement favorable. Je ne vois pas de mal dans
l'absolu à s'offrir un plaisir facile de temps à autre, bien au
contraire. Le problème, c'est qu'il est difficile de maintenir une
attention soutenue lorsqu'on sait qu'on peut obtenir une petite
satisfaction facilement. (Sans parler de l'addiction ou de la
dépendance, ce qu'on risque lorsqu'on s’octroie trop fréquemment un
plaisir facile.) Or le progrès met une multitude de plaisirs faciles à
notre portée. C'est à la fois génial et périlleux...

> De plus, l'espace public n'existe pas. La rue appartient à la ville, la campagne au
> département ou à l'état... bref, rien ne nous appartient mais c'est pas une
> raison pour ne pas se partager ces espaces et en faire des espaces de vie et
> des espaces qui font société.

Je pense que tout le monde n'est pas à la même enseigne et ne comprend
pas forcément ce que les autres ressentent. Par exemple, je supporte
très mal de me trouver en présence d'une télé allumée alors que
d'autres peuvent passer leur journée à côté d'une télé sans que cela
les dérange. J'imagine que tes tas de gens sont peu affectés par les
publicités dans l'espace public alors que d'autres les perçoivent
comme une vraie nuisance.


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