[PP-discussions] les états aux chevets des lobbies industriels privateurs

renc rencontres3 at gmail.com
Jeu 20 Nov 16:23:17 CET 2014


cet article où on relève notamment la petite phrase bien naze de la
ministre


« *Je relève à ce titre que le Parlement européen a confié, parmi ses 751
membres, à la seule élue du Parti pirate, Mme Julia Reda, la responsabilité
d’un rapport sur le sujet. Je ne suis pas certaine que ce soit le meilleur
moyen de favoriser une réflexion sereine …"*
...

plein de comm aussi plus ou moins edifiants...

http://nextinpact.com/news/91011-au-ministere-culture-craintes-et-revendications-sur-chantier-droit-d-auteur.htm




<http://m.nextinpact.com/news/91011-au-ministere-culture-craintes-et-revendications-sur-chantier-droit-d-auteur.htm#options>
<http://m.nextinpact.com/news/91011-au-ministere-culture-craintes-et-revendications-sur-chantier-droit-d-auteur.htm#popupDialogBrowser>
[image: Loi]
Au ministère de la Culture, craintes et revendications sur le chantier du
droit d’auteurIntermédiaires vs droit d'auteur

Mardi, Fleur Pellerin est venue au Conseil Supérieur de la Propriété
Littéraire et Artistique, qui tenait là sa séance plénière. À cette
occasion, elle a salué les travaux du professeur de droit Pierre Sirinelli
qui présentait ce jour son rapport d'étape (notre actualité
<http://www.nextinpact.com/news/91002-droit-dauteur-telecharger-en-pdf-rapport-pr-pierre-sirinelli.htm>)
planchant sur une éventuelle révision de la directive de 2001 sur le droit
d’auteur et les droits voisins.

«* Une contribution française essentielle *». Voilà comment la ministre de
la Culture a accueilli ce « *Rapport Sirinelli *». Sans entrer dans les
détails de ce document de 87 pages (à télécharger ici
<http://www.nextinpact.com/news/91002-droit-dauteur-telecharger-en-pdf-rapport-pr-pierre-sirinelli.htm>),
Fleur Pellerin a rappelé que la France n’était pas favorable à une
réouverture de cette directive de 2001 qui encadre le droit d’auteur dans
toute l’Europe. Il faut dire que les récentes déclarations de Jean-Claude
Juncker ont inquiété et agacé les ayants droit. Pour exploiter « *les
possibilités des technologies numériques *», le nouveau président de la
Commission européenne veut en effet « *de briser les barrières nationales *»
notamment en matière de droit d’auteur.



« *Je relève à ce titre que le Parlement européen a confié, parmi ses 751
membres, à la seule élue du Parti pirate, Mme Julia Reda, la responsabilité
d’un rapport sur le sujet. Je ne suis pas certaine que ce soit le meilleur
moyen de favoriser une réflexion sereine … mais, en tout cas le débat est
ouvert ! *» a exposé de son côté Fleur Pellerin.



Celle-ci estime aussi le débat européen « *biaisé, mal posé *» avec « *quelques
contre-vérités flagrantes *». Par exemple, on aurait tort de présenter ce
droit comme une « *limite à l’innovation *», «* contraire aux libertés* »,
sans possibilité d’évolution. « *Ces clichés sont fondamentalement erronés
et dangereux. Destiné à faire vivre les auteurs et les artistes, le droit
d’auteur est bien sûr l’allié de l’innovation, sa base même, puisqu’il
permet la création des œuvres de l’esprit *» oppose la locataire de la Rue
de Valois.



Pour elle, il est au contraire temps de «* se poser la question de la
contribution de tous les acteurs qui bénéficient de la diffusion des
œuvres *» et d’ouvrir « *le débat de la lutte contre le piratage et de la
mise en œuvre des droits, en impliquant, ici encore, tous les acteurs, des
ayants droit aux hébergeurs, des moteurs de recherche aux fournisseurs de
solution de paiement ou aux professionnels de la publicité. *»
Une réforme inopportune et dangereuse pour les ayants droit

Mais que dit ce rapport ? Celui-ci « *expose les enjeux d’une éventuelle
évolution du cadre juridique européen en matière de droit d’auteur *»,
lequel est encadré par la directive 2001/29/CE. Problème, les ayants droit
auditionnés ne veulent pas d’une telle révision. Ils estiment cette réforme
inopportune, du moins si elle ne s’étend pas à la directive de 2000 sur le
commerce électronique, celle qui traite de la responsabilité des
intermédiaires techniques.
[image: Justice Marteau Clavier]
<http://m.nextinpact.com/news/91011-au-ministere-culture-craintes-et-revendications-sur-chantier-droit-d-auteur.htm#>Crédits
: serggn/iStock/Thinkstock

Ils redoutent en effet que cette mono-révision « *aboutisse à un recul de
la protection du droit d’auteur au niveau européen *» alors que « *le texte
actuel de la directive est en effet relativement protecteur pour les ayants
droit* ». Sur ce terrain, abonde en ce sens Pierre Sirinelli, « *la
réouverture des discussions sur le droit d’auteur interviendrait à une
période où les utilisateurs paraissent moins sensibles à la nécessité d’une
juste rémunération des auteurs et où les évolutions technologiques et
économiques ont renforcé la position des prestataires techniques de
l’Internet.* »
L’avis des prestataires techniques, d’internautes et des consommateurs

Dans le camp d’en face, des prestataires techniques seraient également
opposés à cette réforme. D’autres, rejoints par des associations
d’internautes, y sont favorables. Ainsi, le statut du lien Internet serait
trop incertain, car aiguillé par une directive trop imprégnée d’une
conception traditionnelle du droit d’auteur. « *Certains prestataires
défendent également l’idée que les échanges de fichiers, d’images ou de
vidéos entre personnes privées par le biais de sites Internet ne devraient
pas être regardés comme mettant en oeuvre le droit de communication ou de
mise à disposition du public *».



De même, la territorialité du droit d’auteur et la liste des exceptions et
des limitations facultatives sont autant d’obstacles « *au bon
fonctionnement du marché intérieur *». Enfin, ils jugent que le texte de la
directive est parfois trop flou, notamment celui qui permet aux ayants
droit de prendre à leur encontre des mesures lorsqu’une atteinte aux droits
d’auteur est constatée, « *quand bien même ils ne seraient pas responsables
de cette atteinte *» (l’article 336-2 du CPI en est l’image exacte).



Les consommateurs et internautes enfin soutiennent eux un élargissement de
certaines exceptions et limitations existantes au droit d’auteur
(exceptions en faveur des bibliothèques, celles à des fins de recherche et
à des fins pédagogiques, les oeuvres transformatives, etc.) « *Des vœux ont
également été formulés quant à une meilleure harmonisation de l’exception
pour copie privée, qu’il s’agisse des conditions de l’exception – et par
voie de conséquence de son champ d’application – que de ses modalités de
compensation. *»
La responsabilité conditionnelle des intermédiaires, cible de critiques

Du côté de la responsabilité conditionnelle des intermédiaires techniques,
le Pr Pierre Sirinelli résume tout de go que ce régime a « *affaibli la
protection du droit d’auteur *». Et pour cause, il s’agit d’« *une
exception au mouvement historique de responsabilisation des opérateurs
économiques à raison des dommages causés par leur activité *».



Justifié initialement par le développement d’Internet, celui-ci n’aurait
donc plus lieu d’être avec un système arrivé à maturation. «* Hormis les
plus puissants d’entre eux, les ayants droit ne disposent pas des
ressources leur permettant de repérer à tout instant les contenus illicites
figurant sur Internet et d’en obtenir le retrait *» ajoute le juriste. « *En
outre, ce régime exonère les prestataires techniques de toute vérification
a priori de la licéité des textes, photos ou vidéos mis en ligne sur leurs
sites et interdit aux autorités administratives ou aux juridictions
nationales d’exiger de ces prestataires qu’ils préviennent la réapparition
de contenus illicites précédemment retirés (stay down) ou qu’ils mettent en
place des dispositifs généraux de surveillance et de filtrage des contenus
ainsi référencés. *»



Conclusion : « *L’heure est venue de s’interroger sur le bien-fondé du
maintien de ce régime dérogatoire *». Avec un pouvoir grandissant sur les
services de communication, ces acteurs se sont « *imposés dans le secteur
de l’économie numérique *», aux dépens des acteurs traditionnels
(télévision, distributeurs de films, etc.). « *Les sites de vidéos en ligne
tels que YouTube et Dailymotion, les réseaux sociaux tels que Facebook, les
services d’écoute de musique en streaming à la demande, tels qu’iTunes ou
Deezer, les banques d’images sur Internet, telles que Shutterstock ou
Fotolia, n’existaient pas en 2001. À cette date, Netflix n’avait pas non
plus développé son service de vidéo à la demande *». Pour Sirinelli, la
part du fromage s’est donc déplacée au profit de ces acteurs, qui ne
soutiendraient donc pas assez la création culturelle, avalant dans le même
temps les marchés publicitaires.
Rouvrir la directive de 2001, mais seulement pour renforcer le droit
d’auteur

Dans tous les cas, résume-t-il encore, « *l’heure n’est pas à la réduction
de la protection du droit d’auteur *». Du coup, s’il doit y avoir révision
de la directive de 2001, celle-ci doit s’orienter vers un renforcement de
l’effectivité du droit d’auteur, et donc une consolidation du droit
exclusif plutôt qu’un allongement de la liste des exceptions.



Celles-ci doivent au contraire être « *réduites *» en promouvant dans le
même temps le monopole contractuel dans les mains des sociétés de gestion
collective. Quelles pistes ? Il pourrait par exemple s’agir de clarifier
que la revente d’occasion des biens culturels numériques n’existe pas sans
support (règle de l’épuisement). De même, il serait judicieux de clarifier
la notion de lien internet afin de mieux canaliser la jurisprudence
Svensonn, et donc remuscler le droit d’autoriser et d’interdire au
ceinturon des ayants droit.
Ne pas ouvrir la voie au « fair use »

De même, le rapport recommande de rester sur le mécanisme actuel des
exceptions, qui sont autant de coups portés au monopole des auteurs. La
directive de 2001 définit alors 21 exceptions dont 20 sont facultatives
pour les États membres. Sirinelli récapitule cette économie par une
généreuse formule : « *lorsqu’on donne à l’auteur, on lui donne largement ;
lorsqu’on le dépouille, on le dépouille strictement. *»



En clair, il ne faudrait pas suivre l’exemple américain du « *fair use *» ,
qui est une liste ouverte d’exception. Certes, cette logique a le mérite de
l’élasticité, mais « *il est possible d’opposer, sur un plan pratique, tant
les dangers d’une absence de prévisibilité que les risques de déséquilibres
susceptibles d’apparaître.* »
L’exception copie privée obligatoire en Europe, la question de son
extension au cloud

Pour revenir à ces exceptions facultatives, le professeur de droit suggère
également de rendre notamment l’exception de copie privée obligatoire. Ce
passage rendrait inévitable le paiement de la redevance dans les pays qui y
sont encore opposés, pour le plus grand bien des sociétés de gestion
collective. «* II serait également utile que le législateur européen
clarifie sa position sur l’application de l’exception de copie privée dans
le cloud (en particulier dans le cas du « casier personnel »). Nul doute
qu’on se dirige là vers un mode de consommation de masse. Aussi serait-il
bon que la Commission prenne position pour éviter des réactions divergentes
au sein des États de l’Union *».
Des intermédiaires plus responsables, plus sollicités financièrement

Dans le même temps, au vu des auditions qu’il a menées, le rapport juge
nécessaire un réexamen de la directive 200/31/CE sur le commerce
électronique. C’est elle qui, rappelons-le, encadre la responsabilité des
intermédiaires. Sur ce terrain, comme nous l’avons déjà souligné voilà peu,
la SACEM voudrait faire payer aux intermédiaires une compensation pour
toutes les utilisations licites ou illicites de leurs œuvres.



Du côté des producteurs, l’idée serait plutôt que créer une sorte de
hiérarchisation entre la directive droit d’auteur et celle sur le commerce
électronique, la première primant sur la seconde, pour résumer grandement,
dès lors que leurs intérêts sont malmenés.



Le rapport mentionne tout autant les travaux du Conseil d’État qui prône la
création d’une nouvelle catégorie d’intermédiaire (les plateformes) avec
des obligations en plus sur leurs épaules. Il cite les préconisations des
sénateurs Laurent Béteille et Richard Young qui proposent, eux, de ranger
les services web 2.0 dans la catégorie des « Éditeurs de services », avec
là encore des obligations en plus.



Il cite avec le même intérêt les travaux de Mireille Imbert Quaretta qui
propose d’instaurer à droit constant, un notice & stay down, lequel
obligerait les intermédiaires notifiés à scruter et empêcher les
éventuelles remises en ligne d’une même œuvre. Un mécanisme qui suppose
l’usage d’un logiciel d’empreintes pour apposer et détecter sur tous les
flux un marquage informatique…



[image: miq]
<http://m.nextinpact.com/news/91011-au-ministere-culture-craintes-et-revendications-sur-chantier-droit-d-auteur.htm#>
Le juge, une étape non nécessaire

Pour Sirinelli, Il est surtout « *nécessaire, dans l’hypothèse d’une
éventuelle réouverture de l’un de ces textes, que soit fermement réaffirmé
le principe suivant lequel des injonctions peuvent être prises à l’encontre
des intermédiaires dont les services sont utilisés par le contrefacteur
dans le cadre de son activité contrefaisante, et ce, indépendamment du fait
que la responsabilité de l'intermédiaire ait été ou soit mise en cause *».
De même, les préconisations du rapport MIQ (chartes, listes noires, notice
& stay down) devraient être amplifiées à toute l’Union Européenne. Et il
n’est pas bien utile de passer par le juge car cette étape « *priverait en
partie de son efficacité le dispositif envisagé, notamment pour des raisons
purement temporelles ou encore procédurales* ». Bref, autant armer une
autorité administrative.



Dans ses principaux points, le rapport d'étape préconise donc de :

   - Ne pas accepter le principe de réouverture de la directive 2001/29
   sans que ne soit également envisagé le principe de réouverture de la
   directive 2000/31/CE relative au commerce électronique ou, à tout le moins,
   celle des articles 12 à 15 de ce texte.


   - Demander, à ce propos, la création d’un nouveau statut pour certains
   intermédiaires techniques dont les activités étaient peu (ou pas)
   développées en 2000.


   - Même en l’absence de réouverture de la directive 2000/31/CE, proposer
   certaines solutions de nature à atténuer certains effets de cette dernière
   dans le champ de la propriété littéraire et artistique. Comment ? En créant
   un système de compensation équitable comme le veut la SACEM ou en
   infléchissant certains des effets des régimes d'irresponsabilité
   conditionnée au sein de la propriété littéraire et artistique. IL pourrait
   également s’agir de favoriser ou d’instituer la création d'un système
   visant à impliquer certains des acteurs de la publicité et des modes de
   paiement.


   - Réaffirmer avec plus de force certaines règles (non-épuisement du
   droit de distribution dans l’hypothèse de la fourniture en ligne
   d’oeuvres), raboter les incertitudes du statut du lien (notamment condition
   du « nouveau public »).


   - Rejeter le « fair use », et donc réaffirmer l'attachement des systèmes
   de droit d'auteur pour une construction analytique des exceptions.


   - Adopter des exceptions obligatoires, du moins en cas de besoin
   socio-économique, notamment.


   - Chercher à promouvoir un nouvel équilibre entre fournisseurs de
   contenus et plates-formes de distribution.

(On pourra retrouver la liste intégrale de ces préconisations p.76 du
rapport d'étape.)
Rédigé par Marc Rees
<http://m.nextinpact.com/news/91011-au-ministere-culture-craintes-et-revendications-sur-chantier-droit-d-auteur.htm#>

Le jeudi 20 novembre 2014 à 11:06
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