[PP-discussions] politique, tribune, et numerique...

renc rencontres3 at gmail.com
Mar 18 Nov 03:16:58 CET 2014


sur des sujets proches des themes d'interet pirates

un peu niais, et surtout pas mal réac, limite confusionniste l'article
(peut etre l'enseignant est-il plus fin, on lui  laisse un peu de
credit..??)

mais bon fait un peu le point et donne a voir.. le regard des chroniqueurs
du moment...

a nous de surfer /aller plus loin...

a lire cela  ca demange bcp... et vous?



« Le citoyen, consommateur de politique, veut en cocréer l'offre »
Opinions [image:
Nicolas Baygert, politologue.] *Nicolas Baygert, politologue. * (Crédits :
DR) Propos recueillis par Pierre Manière  |  02/11/2014, 13:34  -  1265  mots
Spécialiste de la démocratie en ligne et des partis contestataires à
l'Université catholique de Louvain, Nicolas Baygert analyse l'effet des «
foules sentimentales » du Web participatif sur la sphère politique.


http://www.latribune.fr/opinions/tribunes/20141102triba1385a618/le-citoyen-consommateur-de-politique-veut-en-cocreer-l-offre.html





  *LA TRIBUNE - Pourquoi et dans quelle mesure le Web participatif
chambarde-t-il la démocratie ?*

NICOLAS BAYGERT - Parce que des mouvements nés sur les réseaux sociaux
arrivent maintenant à se structurer, et décident parfois de rentrer dans
l'arène politique. C'est le cas du Parti Pirate en Allemagne, du Tea Party
aux États-Unis ou du Movimento 5 Stelle (Mouvement cinq étoiles) en Italie.

Pour ce dernier, son leader, Giuseppe (« Beppe ») Grillo, est d'abord un
humoriste. Mais pendant longtemps, il a surtout été le blogueur le plus
suivi en Italie. Dans ces mouvements, il y a une source d'influence très
importante de l'économie numérique. À travers le financement participatif,
il y a bien cette idée de « foule » et de collaboration à la mise en place
d'un projet commun.

*LT - Toutefois, ces « projets communs » apparaissent souvent comme des
critiques envers l'élite politique...*

NB - Aujourd'hui, beaucoup de citoyens sont effectivement dans une posture
de défiance. On le voit avec les Indignés, mais aussi à travers l'essor des
modes de consommation alternatifs, comme l'économie du partage ou le troc
organisé sur Internet. Il y a une volonté de sortir du système, d'avoir une
posture plus ou moins anti-systémique, tant au niveau politique
qu'économique.

Le citoyen s'est mué en consommateur de politique, il veut aussi en cocréer
l'offre. Or, le système actuel ne permet pas de le faire : on est encore
dans une logique de hiérarchie, de casting interne de partis.C'est pourquoi
on voit émerger parallèlement ces nouvelles formes d'organisations
politiques. Elles se façonnent comme dans l'économie numérique.

*LT - Comme la mobilisation des « Pigeons », qui pestaient en 2012 contre
l'alignement de la fiscalité du capital sur celle du travail ?*

NB - Exactement. Ce sont des mouvements très ponctuels et qui vont
s'inspirer du marketing collaboratif, participatif, pour donner une réponse
presque immédiate à un problème donné.

On n'a pas ici une offre politique plurielle et transversale qu'on retrouve
dans des courants idéologiques et partisans classiques. Ce sont des combats
rapides. Ils démarrent sur un thème, grandissent, et bifurquent parfois
vers la création d'une véritable force politique.

C'est le cas du Tea Party américain [qui s'est d'abord mobilisé contre les
impôts, ndlr]. Tout repose ici sur l'interaction, la participation très
forte des citoyens et internautes qui contribuent tous à la création d'une
offre politique donnée. C'est vraiment une transformation de l'engagement
politique.

*LT - Reste que les mouvements participatifs semblent parfois en panne de
propositions. Pourquoi ?*

NB - Pour eux, le danger, c'est d'être dans une discussion
permanente. L'exemple du Parti Pirate le montre très bien : en Allemagne,
il s'est largement essoufflé parce que le projet n'est jamais terminé.

Les débats ne s'arrêtent jamais, et cela empêche de passer à l'étape
suivante : la concrétisation. Autre problème, il n'y a plus vraiment de
hiérarchisation entre les personnes qui possèdent les connaissances et
celles qui n'en ont pas. On assiste à un nivellement dangereux où les
experts sont complètement laminés par une masse un peu excitée, qui ne
donne plus la possibilité d'aboutir à des décisions calmes, tranchées et
réfléchies. Les Indignés en sont un bon exemple : on est ici dans une forme
d'hystérisation de l'indignation qui n'aboutit sur aucune proposition
concrète.

Si l'on compare les Indignés aux altermondialistes d'il y a quinze ans, ces
derniers ont quand même réussi à se mettre d'accord sur la taxe Tobin et
d'autres projets

*LT - D'un côté, on a donc des « cyber-ras-le-bol » et de l'autre, des
politiques qui s'activent pour tenter de récupérer le buzz des réseaux
sociaux. Est-ce vraiment constructif ?*

NB - Je pense qu'aujourd'hui, il y a un risque de déconnexion entre les
pratiques politiques et ces mouvements - au départ souvent de boycotts et
de réprobation -, qui trouvent avec Internet une caisse de résonance à leur
message. Avant, on avait des manifestations de rue, avec des mouvements
d'humeur ponctuels et isolés.

Désormais, les mouvements d'humeur arrivent à s'interconnecter et à faire
corps, grâce au Net. Regardez le Printemps français, on y retrouve des
dizaines de combats hétérogènes : contre les Femen, contre le mariage pour
tous, contre François Hollande... Une guérilla s'organise et le politique
est coincé. Il est incapable de formuler une réponse immédiate, car il se
situe dans un autre temps, dans une logique plus longue de négociations et
de débats parlementaires.

*LT - Des initiatives collaboratives, comme le lancement d'un budget
participatif par la Mairie de Paris, émergent. Est-ce la solution ?*

NB - Le défi actuel pour les gouvernements consiste à développer des
projets politiques où les décisions - qu'elles soient sociales ou
économiques - incluent des éléments participatifs. C'est quelque chose
qu'on a déjà vu dans la campagne présidentielle de Ségolène Royal. En 2007,
elle disait déjà « mes idées sont les vôtres », et avait lancé des comités
participatifs et la plate-forme Désirs d'avenir... Pour Ségolène Royal,
c'est devenu sa signature politique.

*LT - La culture du Net et des réseaux semble maintenant bien ancrée chez
les politiques. Dernièrement, Nicolas Sarkozy a annoncé son grand retour
sur Facebook...*

NB - Derrière cela, Nicolas Sarkozy affiche sa volonté d'être lui-même sa
propre marque et d'avoir une communauté de marques qui le plébiscite, le
soutient. Il fait siennes les recommandations des conseillers d'Obama qui
prônent un rapport direct avec les internautes et les citoyens. On est donc
presque dans une forme de bonapartisme numérique, de démocratie
plébiscitaire numérique, qui court-circuite le travail des structures
partisanes pour aboutir à une sorte de populisme 2.0.

De même, lorsque Nicolas Sarkozy parle de créer « le premier parti du XXIe
siècle » et juge que les débats entre la gauche et la droite sont dépassés,
il y a une volonté de sortir du jeu démocratique classique, de s'extirper
de la mécanique des partis. Et ce, même si c'est un peu contradictoire avec
sa volonté, anachronique, de prendre l'UMP.

*LT - Cette mode du participatif ne répond-elle donc qu'à une logique de
fans, un désir de popularité ?*

NB - Les politiques y vont en grande partie par calcul. Ils ne veulent plus
avoir les citoyens de manière complètement anarchique contre eux. Ainsi, de
la même manière que les mouvements participatifs arrivent à fédérer des «
foules sentimentales » mécontentes, comme dans le cadre du Printemps
français, l'exécutif veut faire de même, mais à son profit. C'est une
manière de dire : « Écoutez, on va faire des réformes : soutenez-nous ! »

On se situe effectivement presque dans une logique de fans, où l'on joue
sur l'émotivité pour soutenir un projet. Récemment, c'est ce qu'a fait
Ségolène Royal lorsqu'elle s'est révoltée sur Twitter contre les rejets
chimiques d'une usine d'alumine dans le parc national des Calanques. La
ministre de l'Écologie a senti qu'il y avait une vraie émotion causée par
cette pollution autorisée par les collectivités locales.

Elle a choisi de se mettre du côté des citoyens mécontents, et tente de
gérer au mieux cette foule sentimentale. Ce type de stratégie politique
devrait à mon sens progresser sensiblement.
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