[PP-discussions] quadrature, philosophes, convivance, culture po et piratologie... apres les LO...

rencontres rencontres3 at gmail.com
Mar 17 Sep 17:19:26 CEST 2013


ds le post /after LO
 de cette nuit...
apparemment suite a des discussions autour des genrs de bar camp fort
interessant e la quadrature...  (merci fred...) et ca a l'air bien
interessant...
juste peut etre l'ambiance et un peu d'etat d'esprit qui deja present
en geme manque un peu par ici???
a imiter/rejoindre/cloner avec ameliorations??? fusionner?
http://www.laquadrature.net/wiki/Quadr'apéro

merci fred d'avoir introduit ces themes...
http://www.laquadrature.net/wiki/Quadr'apéro
.
.


tu parlais aussi de l'actu des philosophes reperes...
(a un moment ou je devait deploré l'inculture (sociale/politique)
crasse de nombre de nos amis...)
sont ils toujours lisibles...
et pas que ceux qui causent de drones???
de tout facons les dronistes sont ds le droit fil de ceux ci... des
foucault aux guatta en passant par les 'jeunes' comme agamben... de
toute facons tous petri en fait.. et issus de ces cultures la!

donc s'en suivent plein de discussions

et donc ce matin je trouve laissé sans doute  par un ami jeune pirate
 la page suivante...

http://1libertaire.free.fr/Guattari6.html

alors je vous en livre un bout ...
dites comment cela sonne pour vous...

si vs appreciez g.d. et son complice f.g.
vous adorerez le tres tres contemporain "rupture" que je cite souvent
(telech ds http://infokiosques.net


mais la c'est l'intro un peu  en version pour beotiens (tant mieux!)
ecrit par un certain jeune guilaume...
et il y a toutes les refs et des biblios et liens et ...etc...
ds le site noté plus haut ... (Guattari6.html)

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Gilles Deleuze je le voyais comme un gauchiste et un philosophe. C'est
à dire une personne finalement conservatrice, empêtrée dans des
schémas de pensée préhistoriques de type stalinien, trotskyste, etc.
et une personne un peu ennuyeuse, qui parle pour ne rien dire... Et
puis l'engouement de cinéastes indépendants, de musiciens
électroniques divers, de militants, d'architectes m'a mis la puce a
l'oreille...
On parlera plutôt de Deleuze et Guattari. Félix Guattari ayant
co-écrit les ouvrages principaux de Deleuze. Parce que Deleuze et
Guattari rêvaient de faire une pop philosophie, un manuel de leur
sagesse à destination de tous donc des non philosophes. Nous estimons
leur style d'écriture est magnifique mais certainement encore trop
rebutant. Espérons que ce décodage permette à chacun de s'y mettre, de
trouver l'envie, l'énergie, le désir d'aller vers cette pensées qui
nous a tant servi. N'oublions pas Michel Foucault qui considère les
livres comme des boîtes à outils. Prenez ce papier comme une sorte de
manuel de la très complexe boite à outil de Deleuze et Guattari. Un
manuel qui ne demande qu'à être enrichi par l'échange.

Une fois que l'on a commencé, on ne peut plus s'en dépêtrer.
Effectivement Gilles Deleuze a su nous parler. Et son message, si
important ne doit surtout pas rester aux mains des universitaires, des
analystes et exégètes de tous poils : il doit revenir à ceux à qui il
est destiné : non pas les gauchistes ou les politiques mais tous ceux
qui veulent se sortir du système : de tous les systèmes qui se
reproduisent : état, famille et capitalisme. Ces machines
interviennent dans tous les domaines de la vie. Gilles Deleuze et son
copain Félix ont collecté des centaines d'expériences de personnes
venant de tous les univers, de tous les domaines d'activités qui ont
réussi à produire des choses magnifiques, parce que sorties du/des
système : capable de parler un autre langage, d'utiliser d'autres
codes.
Puisque tout est avant tout affaire d'expérience et non pas de
discours, nous proposons à chaque lecteur de partager avec nous ce
qu'il a trouvé en Gilles Deleuze et Félix Guattari, comment leur
discours l'a aidé dans son action.
Il sera beaucoup question ici de contre culture puisque Deleuze et
Guattari ont pioché à droite et à gauche chez beaucoup d'écrivains de
la beat génération, chez les Artaud, les Castaneda et autres qui
furent les instigateurs de ces différents mouvement contre culture. La
contre culture ? Pas un assemblage de mouvements mais un assemblages
de pratiques d'indépendance que Deleuze et Guattari ont analysées,
triturées, malmenée pour rechercher ou était la faille, comment il
devenait possible de se sortir du système, de s'émanciper.

Comment ca marche ? Et moi je pourrais le faire aussi ?
Telles sont les deux questions qu'ont posé gilles Deleuze et Félix
Guattari. L'émancipation, c'est d'abord un défi avec soi même, on doit
s'émanciper d'abord de ce qui castre, bloque le plus profond de notre
individu. Ensuite, c'est au niveau interindividuel, puis a celui du
groupe que se situent les pratiques de lutte avec le système.
Je ne peux parler que pour moi. C'est donc l'histoire de mon immixtion
dans l'univers de Gilles Deleuze qui servira d'introduction.
Je suis un passionné de musique underground. A ma rencontre avec Joy
division vers 18 ans, j'ai cru être passionné par ce coté noir,
romantique de la musique. Très vite j'ai compris que ce n'était pas
tant le taux de dépression d'un morceau qui m'intéressait que ca
capacité à exprimer une indépendance totale vis à vis des styles et
des modes. Tous ces groupes " underground " visent à sortir et des
schémas classiques de composition, du système de
distribution/promotion de la musique. A parvenir à être eux même en
utilisant un média commun,
devenu souvent un produit : dégénérer le rock, amputer la dance,
mélanger les extrêmes et les inconciliables...

A la mort du philosophe Gilles Deleuze, dont j'avais vaguement entendu
parler au cours de mes études, sub rosa et milles plateaux ont sortis
leurs extraordinaires compilations. Expérimentation musicale extrême
sans flon flon ni subvention du ministère de la culture. J'apprenais
enfin a cette occasion que "Milles Plateaux" était un livre du même
Gilles Deleuze. Alors je me suis mis à ouvrir ces fameux milles
plateaux, et "l'Anti Oedipe", le livre qui le précède
chronologiquement.
Il n'est pas bon de résumer la pensée d'un auteur. C'est encore plus
difficile d'y parvenir quand ils sont deux à écrire. Ce qu'on trouvera
ici est donc très réducteur et certainement un peu massacreur de la
finesse des pensées croisées des deux auteurs. Les professionnels de
la philo peuvent donc passer leur chemin, ils risquent d'être déçus.

Deleuze et Guattari ont lancé, ou plutôt recueilli, a force de presser
et de croiser les expériences de dizaines d'auteurs d'artistes,
politiques, psy, scientifiques et révolutionnaires de tous poils.
Sortir du système ce n'est pas seulement dire non à DAVOS et oui aux
idées estampillées de gauche. C'est avant tout être capable de
produire des choses, des textes, des idées, qui soient en clash avec
les référents généraux. Faire sa contre culture ou son bout de contre
culture. Je me souviens d'avoir discuté avec un traveller anglais, un
DJ des Spiral tribe, nomade forcené qui sillonne l'Europe et essaime
son parcours de party sauvages et de disques auto produits. SP23. Une
personne capable de faire ce qui lui plaît, et surtout de donner envie
aux autres de le faire. De diriger sa vie hors du système, marche du
travail, famille. Une personne libérée en partie grâce aux drogues
psychédéliques.
« Si vous voulez changer le monde, changer vous-mêmes » m'avait il
dit. L'anti oedipe c'est un peu ca.
Un manuel pour se libérer des contraintes sociales, partant, un manuel
pour éviter de les reproduire dans sa vie de tous les jours. Et le
passage par le L.S.D. n'est pas une obligation...

L'anti-oedipe, est le livre culte des deux auteurs, qui leur assura
une jolie réputation au cours des seventies. Un bouquin compliqué. Pas
évident du tout au premier abord, et dont on peut se demander la
fonction. Pourquoi attaquer Freud, la psychanalyse, l'Oedipe ? Ce qui
ressemble fort au à une thèse d'universitaires, sans autre intérêt
laisse peu à peu transparaître entre les lignes, puis très directement
une sorte de guide pratique de l'émancipation. Justement parce que
s'émanciper, lutter faire face c'est d'abord se libérer de soi même.
Ou plutôt de notre forte capacité a reproduire au quotidien les
schémas sociaux qui nous répriment. Deleuze et Guattari veulent
libérer la folie qui est en nous, ne plus avoir à faire à une
génération de névrosés sous prozac mais à des personnes capables
d'admettre, mieux, de valoriser leur folie, de laisser aller, agir le
schizo qui est en nous.

Substituer la schizo-analyse à la psychanalyse. Un autre désir
La psychanalyse a eu le mérite de montrer l'existence, de découvrir
l'inconscient, mais pour le brider, le réduire à une image dégradée :
sexualité, papa-maman, manque/besoin du phallus etc. L'inconscient de
Freud se résume à une production de symboles que l'interprétation
psychanalytique ramène toujours à la famille et à la sexualité comme "
un sale petit secret familial ". Or, réduire l'inconscient c'est nous
castrer, car l'inconscient c'est un peu notre boîte à idée ou plutôt
notre coffre à désir.

Et si l'inconscient ne disait pas mais agissait ? Produisait ?
Voir l'inconscient comme machine, comme machine désirante.
Pourquoi machine ? parce que une machine produit. Pour Deleuze et
Guattari loin d'être le lieu de ressassement des mesquineries
familiales, l'inconscient est une machine à produire du désir.

L'anti-oedipe est donc un livre militant. Où l'on voit comme la
politique, le régime qui nous dirige descend et se reproduit jusqu'au
plus profond de notre être. L'émancipation passera donc par la prise
de conscience de cette présence, de cette reproduction, du schéma
général de pouvoir en nous, et de notre aptitude à le détruire. Grâce
aux force de l'inconscient, notre usine à désirs. Deux thématiques
comme trame générale d'un livre aux très multiples entrées :

1. ne pas laisser les psychanalystes remplacer les prêtres et asseoir
la soumission à l'Etat, à ses laisser les psychanalystes remplacer les
prêtres et asseoir la soumission à l'Etat, à ses valeurs, à son marché
comme les hommes d'églises l'avaient fait jusqu'au dix neuvième. Ne
pas laisser la psychanalyse devenir la machine abstraite, le big
brother conceptuel de l'Etat. (chaque État a sa machine abstraite,
sorte de socle de pensée qui lui permet d'asseoir son pouvoir, en se
reproduisant au niveau de l'individu)

2. rappeler a chacun l'importance du désir, sa force, son caractère
producteur : dégager le désir de la prison dans laquelle on l'a porté
: une société qui emploie le même mot pour l'appétit sexuel et la
volonté de combler un manque hypothétique d'une casserole ou d'un
collier est tombée bien bas. Le désir n'est pas la volonté de la chose
qui manque. Le désir est action. Et surtout production. Il faut
apprendre a désirer, a faire en sorte que notre désir nous permette
d'agir sur le monde (le dehors). A produire du désir, et donc a
produire par le désir.
Le premier problème s'est réglé de lui même. Deleuze et Guattari
n'intituleraient peut être plus leur livre l'anti-oedipe aujourd'hui.
Parce que la psychanalyse a échoué dans sa tentative de devenir la
machine abstraite, le discours qui soutiendrait la domination d'Etat
et du marché. Selon Deleuze et Guattari c'est plutôt l'informatique,
l'information et la communication qui servent de discours dominant,
qui mettent en place la "société de contrôle" tant redoutée. Le
deuxième lui reste d'actualité. Parce qu'il est universel, proprement
philosophique.

Suivre son désir. Ca veut dire quoi ?
La société de consommation fonctionne effectivement sur le principe du
désir. Mais un désir non productif, un désir assimilé au manque. C'est
en créant du manque que l'on crée des nouveaux marché. Or le désir
n'est pas affaire de manque comme nous le fait croire la psychanalyse.
Car l'analyse sous les augures oedipienne ramène tout a un manque : du
phallus, du père etc.

Le désir est affaire de production.
En rêvant nous créons plein de machines (à voir dans un sens très
large : le corps est une machine, chaque organe est une machine, un
paysage peut en être une : machines à souvenir, émotions, prédictions
etc. : la machine définie par son effet : elle produit quelque chose.
On ne s'émancipera qu'en laissant ces machines individuelles se
connecter au dehors et produire du réel. Ne plus ramener les
manifestations inconscientes à la sexualité et surtout à la
castration, la peur du père, le dégoût de la mère, bref à la famille,
c'est admettre qu'elles portent sur l'extérieur. On délire sur le
social, pas sur sa famille ; le schizo est un bon exemple. Il ne
délire pas sur sa mère, mais plutôt sur les grands hommes (il se prend
pour napoléon), le monde etc. Pour Deleuze et Guattari l'inconscient
est donc branché sur le monde, sur le social. Branché, le terme est
juste car surtout, l'inconscient est pour eux le moteur de l'action.

Car ce qui caractérise l'Oeuvre/action/objet/idée artistique,
scientifique, philosophique, politique, picturale révolutionnaire de,
mettons, une boîte de ravioli : c'est le désir qui a conduit a sa
production.
Pour s'émanciper du système, pour mener à bien sa production, son
travail, il faut avant tout être capable de désirer. D'apprendre à
désirer (apprendre à désirer, c'est à dire à produire :comme il est
pathétique d'attendre d'être aimé quand il faudrait apprendre à
aimer), puis d'être capable de se donner les moyens de le faire. De
travailler à sortir ce désir.
Ce désir la n'est plus la volonté de pouvoir telle qu'a pu la décrire
Nietzsche, mais plutôt la grâce : on désir et on trouve non pas qui
l'on est mais quoi devenir, on atteint la grâce.

Pas un avenir mais des Devenirs.
Deleuze et Guattari n'appellent pas à une sorte d'introspection
générale qui nous permettrai de retrouver notre être dans sa
plénitude. C'est justement l'inverse. " Nous avons écrit L’anti-oedipe
à deux, comme chacun de nous était plusieurs, cela fait beaucoup de
monde". Pourquoi plusieurs ? ce n'est pas qu'une boutade, nous sommes
effectivement constamment en changement et par là porteurs de
multiples identités. Segmenté dans notre vie sociale, adolescent,
étudiant, militaire, toujours à tendre vers un autre nous même :
devenir ce dont nous rêvons. Pas seulement sur un plan professionnel.
Sur un plan affectif, sexuel etc. On tend toujours vers plusieurs
devenir simultanés.
Nous sommes toujours en mouvement, et les chemins que nous suivons
sont ceux de nos devenirs. Devenir femme, devenir animal, notre
inconscient nous proposent des schémas de possibles, des voies à
suivre qui nous définissent à l'instant t. Chacun de nous produit des
devenirs différents, des devenirs qui ne correspondent pas à une
activité proposée par le système, à un statut social, mais bien à une
production de désir. Ce sont les devenirs émancipateurs ou devenirs
révolutionnaires.

La révolution c'est l'action plus ou moins violente d'une minorité qui
s'estime opprimée. N'entendons pas minorité sur un plan quantitatif,
la minorité peut être une majorité au sens quantitatif. La minorité
est un ensemble de personnes qui se retrouvent positivement sur une
communion d'intérêt, de statut, de mode de vie (les gays, les
minorités " raciales "). La minorité se définit aussi négativement.
C'est ce groupe de personnes qui ne correspondent pas aux canons de la
société, à l'étalon. Blanc, occidental, cadre, vivant en milieu
urbain. Ceux qui n'y correspondent pas ou refusent d'y correspondre.
Le devenir révolutionnaire passe par la prise de conscience de son
caractère minoritaire.
D'où un très fort attachement de Deleuze et Guattari à la linguistique
. D'abord parce que le langage est aussi le premier lieu de
transmission des fascismes, des oppressions tant au niveau de l'Etat
qu'au niveau individuel.
Mais Deleuze et Guattari insistent surtout sur l'importance des
langues mineures. Prenant l'exemple de l'anglais argotiques des noirs
américains. Pas de langue majeure, pas de langue étalon. Mais une
évolution constante de la langue qui échange et reçois des flux de ses
multiples déviations.

La minorité dévie. En ce sens elle fait dévier le reste.

La musique underground est un très bon exemple de conscience de cette
minorité. La créer et lui donner les moyens de lutter. Créer une meute
. Toujours en mouvement. A la chasse. Deleuze et Guattari se basent
énormément sur des travaux d'artistes déviants ou 'pop' (Patti Smith,
Burroughs, Castaneda, Artaud), en ce sens qu'ils expriment un devenir
révolutionnaire. A nous de trouver le notre a nous de fuir et de faire
fuir le système qui nous entoure.

Le premier pas vers notre devenir artiste, devenir-schizo,
devenir-cheval, devenir-désir c'est bien sur le travail. Le travail
qui permet de faire d'une production de désir une production de réel.
Parce que la philosophie de Deleuze et Guattari n'est pas,
contrairement à ce qu'on à laissé croire un appel à un hédonisme
total, à la fête constante. c'est un appel gai et spirituel, mais
assez grave, au militantisme à l'échelon individuel, à l'opposition et
à la liberté des consciences.

Expérimenter : la vie comme une oeuvre d'art.
Machine désirante. Toute machine produit. Notre inconscient produit du
désir. L’expérimentation s'oppose à l'interprétation psy. Le titre
anti-oedipe montre bien cette volonté de sortir de la vision
réductrice de l'inconscient, de libérer les forces qui s'y trouvent.
Votre inconscient produit du désir. C'est une machine à désir, qui
connectée à d'autres machines, réelles celles la, produira du réel.
Alors expérimentez, laisser agir vos idées les plus folles, suivez
votre folie, tâtonnez avec elles, trouvez vous, votre devenir en
expérimentant autour de votre production de désir. Pensez à la
musique, à la peinture, à l'art en général. Il ne s'agit que de
connecter des machines " réelles " (on emploiera plutôt le terme
"machine technique " comme le pinceau, l'ordinateur, l'instrument de
musique, la caméra, le stylo) à votre machine inconsciente.
Changer de route, " trouver sa voie ", c'est permettre à la production
de désir de devenir production de réel, c'est connecter la machine
désirante à une machine technique. L'art en est la manifestation la
plus évidente ; l'oeuvre d'art c'est l'image la plus fidèle, la
meilleure représentation qu'on se fasse d'une production venue tout
droit de l'inconscient. L'Oeuvre d'art s'obtient par la médiation
faite par la machine technique qui permet de retranscrire la vue de
l'esprit. Il en est de même dans tous les domaines d'activités que
votre désir voudra bien vous proposer.

Deleuze et Guattari proposent simplement de suivre le précepte de
Foucault, " la vie comme une oeuvre d'art ". Comme produit de votre
inconscient, comme suite de vos désir. Laisser aller le schizo qui est
en nous.

Fort bien. Mais qu'y a t il de politique la dedans ? Et bien le
politique, c'est tout ce qui nous sort du théâtre familial, c'est
l'action sur le réel dés lors qu'elle tend à s'émanciper du système
dans lequel elle évolue.
Mais cela ne suffit certainement pas. La famille c'est pas si mal me
direz vous. Suivre ses désirs c'est aussi suivre ses pulsions
ataviques, fascistes nazi etc. Et surtout combien suivent leur désirs,
agissent sur le réel pour finalement simplement reproduire le système
capitalisme/marche a leur échelle le conformisme ambiant (la plupart
des écrivains français, les groupes de rock qui reprennent les stray
cats, les scientifiques sans imagination etc.) ?

Parce que agir sur soi, produire du désir et produire à partir de son
désir ne suffit pas. Encore faut il s'écarter du système dans lequel
on baigne. Tenter de ne pas le recréer par nos différents agissements.

Deleuze et Guattari proposent plusieurs concepts qui s'appliqueront
autant au parcours individuel, à la vie de chacun qu'à une oeuvre
d'art. L'oeuvre et la vie peuvent être confondues parce que l'une et
l'autre sont des expérimentations basées sur les vues de l'esprit, sur
le désir. Nous nous façonnons nous même comme est construit l'oeuvre
par remise en cause constante avec comme but ultime de retranscrire le
mieux possible la vue de l'esprit, la production inconsciente. Et quoi
de plus indépendant, personnel, émancipé qu'une oeuvre d'art ? La
déterritorialisation et la ligne de fuite, ce sont les gages de
l'indépendance d'une oeuvre. Des préceptes à suivre pour soi.

Ligne de fuite et déterritorialisation.
Déterritorialisation. Changer de territoire. Aussi bien au niveau
métaphorique (territoire des idées) qu'au niveau réel (déménager).
Celui qui se déterritorialise doit se reterritorialiser quelque part.
On abandonne le territoire (avec ses règles, ses contraintes, ses
micro-fascismes : le territoire c'est la terre déjà appropriée) sur
lequel on évolue. Pour aller trouver une terre (encore vierge) sur
laquelle on placera sa petite machine a soi (reterritorialisation).
C'est créer un nouveau territoire, qui donc soi hors de portée, hors
des façons de faire du capitalisme. De même, on quitte la famille pour
rejoindre une meute. La meute de ses amis (les amis c'est ceux avec
qui on a pas besoin de parler, pas besoin de s'expliquer sur les
choses importantes, ceux avec qui cela va de soi), la meute militante
sur un point de vue politique, ou la meute des artistes (la scène
musicale etc.).

On quitte le territoire familial, le territoire capitaliste pour sa
meute, le groupe de ces gens avec qui l'on se retrouve, avec qui on
peut créer une alternative au système.

Deleuze et Guattari admettent bien sur l 'échec de mai 68 qui n'a
finalement pas vraiment changé la société. Des accords de Grenelles et
l'argent avait muselé tout ca. Mais pourtant c'est sur le plan des
devenirs individuels que les choses ont changé. Ce mouvement de masse,
a crée/exprimé chez beaucoup un devenir-révolutionnaire individuel.
C'est là le message. La plus important est de se changer soi, d'agir
en fonction de notre production de désir pour suivre nos devenirs
révolutionnaires ; pas de devenir révolutionnaire sans une
détérritorialisation justement. En 68 , on a assisté à nombre de ces

Déterritorialisations. déterritorialisation par des prises de
consciences, des ouvertures vers d'autres façon de voir les choses.
Déterritorialistaion par les manifestation, débats, AG qui ont permis
là encore de se trouver un autre type de groupe que les traditionnels
État, famille travail (désolé pour le cliché). Pensée soixante
huitarde ? Peut être, ca n'empêche pas sa grande actualité. La tribu
revient au goût du jour. L’Internet la révèle en lui permettant de
s'exprimer. Plus les genre de musiques (les familles et sous familles
musicales croissent de manière exponentielle), d'activismes se
diversifient, refusent les schémas ancien (les révoltes de sans
papiers, le bouillonnement intellectuel actuel refuse les schémas
d'actions des partis traditionnels), plus on donne raison à Gilles
Deleuze et Félix Guattari.

C'est sur un plan individuel (atomique) que les choses doivent d'abord
se passer ( Deleuze et Guattari disent d'ailleurs s'être
déterritorialisé et reterritorialisé l'un dans l'autre pour écrire
leurs ouvrages. Pas deux pensées superposées mais deux pensées
imbriquées). Un devenir révolutionnaire s'exprime. La machine
désirante se connecte à des machines techniques, et l'on agit sur le
réel. Sortir un disque, un journal, peindre, faire du théâtre, militer
; philosopher, écrire...tout cela est une production de la machine
désirante. Il y a devenir révolutionnaire lorsque le chemin tracé
prétend sortir ou aller contre le système général, la société en
place. Trouver une alternative. L'underground musical est un
rassemblement de devenirs révolutionnaires, un enchevêtrement de
meutes qui chassent simultanément et séparément.

Sortir du système c'est ouvrir des lignes de fuites.
On crée des lignes de fuite. Prenez ce terme comme le terme
photographique. Ligne de fuite comme la ligne qui nous transporte hors
du cadre, nous déterritorialise. Mais pas seulement. Ligne de fuite
surtout comme la fuite d'eau ou d'air. Faire fuir le système, le faire
suer par tous les pores. Parce qu’hélas, on voit souvent des lignes de
fuites mener a d'autres petits systèmes qui recréent en miniature le
système général (combien de scène musicales pourries par l'argent etc.
?). Or la fuite doit juste permettre aux autres de fuir. Lignes de
fuite qui vident le système, mais surtout qui ne lui permettent pas de
prendre place sur les nouveaux territoires créés (prenons l'exemple du
punk : une fuite au début pour finalement y revoir les même schémas
rock-majors traditionnels, prenons l'exemple d'une bonne partie de la
scène techno qui devient une " industrie ").

Il y a quelque chose de profondément guerrier dans cette idée de
fuite, la fuite comme une agression au système, une violence qu'on lui
ferai, seul moyen de le percer, de s'en échapper. Revenons à cet
exemple du punk. Une possibilité de fuite pendant quelque mois, un
nouveau territoire, un appel a l'expérimentation. Puis une
récupération.

Le punk offre alors au système capitaliste une nouvelle ouverture,
ajoute son territoire au sien. Mais certains des punk ont fui et crées
de nouveaux territoires, font fuir le système : new wave, hard core,
straight edge, collectifs musicaux comme the Ex ou dog faced
hermans...Et ainsi de suite, chaque individu, chaque groupe faisant de
son territoire une nouvelle place du système général, ou réussissant à
lui imposer sa personnalité, sa production désirante.

La psychanalyse et la politique dans le même sac. Ou l'influence de
chaque individu sur le champ social en général, et l'influence du
champ social sur chaque individu. Des échanges constant. Où le premier
moyen d'action est donc l'expression de ce devenir révolutionnaire, la
production de désir. Le second niveau est au niveau moléculaire
(connexion de plusieurs personnes comme des " atomes sociaux ") avec
la meute ou chaque personne s'intègre. C'est la multiplication de ces
lignes de fuites qui permettra une action molaire (assemblage de
nombreuses molécules) , plus globale.

Dés lors les choses progressent. L'art rejoint la politique. Non pas
que les chansons doivent être engagées. Il ne s'agit pas de faire des
oeuvres de " gauche ". Ce serait ridicule. Mais qu'elles doivent créer
des lignes de fuite. Permettre une déterritorialisation est un acte
politique. L'oeuvre personnelle, qui fait fuir le système (on notera
que très vite on ne cherche pas a faire fuir le système capitaliste
général, ou même à révolutionner la musique, non, on fait fuir le
système dans lequel on évolue : créer une nouvelle façon de faire de
l'indus, une nouvelle manière de voir l’ambiant etc. Redonner un peu
de vigueur au territoire artistique que l'on s'est choisi) permet a
celui qui la découvre de trouver sa ligne de fuite. Son devenir
révolutionnaire. L'exemple de la musique est vraiment le plus frappant
parce qu'on y trouve toutes les tentatives de fuites, les
récupérations, les réussites, on y trouve le système capitaliste dans
toute sa splendeur et les nombreux sous systèmes, d'abord crées par
des lignes de fuites puis devenus eux même une nouvelle excroissance
du système capitaliste, comme, mettons, la musique grunge. Rater sa
fuite c'est agrandir le champ d'action du système global. C'est ce que
Deleuze et Guattari reprochent à une bonne partie de la littérature
française nombriliste et persuadée d'une mission supérieure : souvent
retournée vers sa petite affaire privée. On ne devrait pas écrire pour
les pauvres, les SDF, les homos : on devrait écrire à leur place. Non
pas qu'ils ne peuvent pas le faire. Mais parce qu'on exprime un
devenir, on prend leur place. On leur ouvre la brèche. Ouvrir la
brèche c'est créer un autre langage, ou plutôt d'autres codes que le
langage. Détourner le langage, chercher l'expression d'intensités,
c'est à dire produire du sens au delà du langage, au delà (ou au
dehors) des lignes du textes.

L'intensité c'est quand le désir se transmet.
On transmet son désir bien au delà du langage par l'expression
d'intensité. Car ce que nous retenons d'un livre ou d'un disque va
bien au delà des mots qui y sont imprimés ou de l'organisation des
notes. Nous en retenons l'émotion, la capacités à transmettre ce
désir, les intensités qui y sont développées. L'écriture de Deleuze et
Guattari est d'ailleurs largement ouverte, joue avec le langage, crée
des mots pour laisser au lecteur la possibilité d'expérimenter ce
qu'il lit.

S'impliquer, s'appliquer à faire fuir le système a ouvrir sa brèche,
sa ligne de fuite qui permettra à d'autre d'ouvrir la leur. D'où la
nécessité du mouvement pour fuir et faire fuir, être en mouvement, se
déterritorialiser, c'est déjà un peu faire la guerre.
Car l'immobile se complaît de nouveau dans son système. Et recrée déjà
le système capitaliste, qui ne se connaît pas d'autre limites que
celles que chacun lui assigne. Deleuze et Guattari pensent que l'état
est une machine politique, administrative soutenue par une machine
"abstraite ", un socle conceptuel qui lui permet d'asseoir sa
domination (on retrouvera la dessus le écrits de Michel Foucault sur
les rapports très imbriqués entre pouvoir et savoir).

Par contre, la machine de guerre n'appartient pas à l’Etat. L’Etat se
l'est simplement appropriée. La machine de guerre est à l'origine
nomade, ce sont les tribus qui la détiennent. Tout nomade n'est pas
guerrier, mais tout guerrier est nomade. Et surtout la guerre ne se
définit plus par la boucherie sanglante que l'on connaît sous ce nom.
La guerre c'est avant tout la confrontation du nomade avec les
sédentaires, de ceux qui se déterritorialisent avec ceux qui ceux qui
s'arrogent les terres. Il existe donc une guerre sans arme, que les
nomades pratiquent depuis toujours. Une guerre a laquelle nous sommes
invités à participer. S'opposer au système c'est être nomade, créer le
mouvement, être en mouvement. Sur la route de ses devenirs, la route
tracée par nos production de désir.

OUF. Vous avez tout lu ? Passez vites aux originaux. Deleuze et
Guattari détestaient le commentaire, la réduction, le massacre. On ne
leur a pas rendu service ! Sauf si vous vous y mettez. A leur
langages, leur néologismes, leur mauvaise foi, à la poésie, la gaieté
et la sérénité qui transpirent de toutes leur pages.

Libérateur, et jouissif en un mot comme en cent.

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