[PP-discussions] Sexisme chez les geeks : Pourquoi notre communauté est malade, et comment y remédier.

Knittel Gautier gautier.knittel at gmail.com
Dim 17 Mar 12:02:28 CET 2013


Rebonjour en focus uniquement sur le sujet :

Le 17 mars 2013 11:35, François Vermorel <fvermorel at gmail.com> a écrit :

> Et puis si l'auteur a traité le passage sur les jeux vidéo avec la même
> légèreté et la même presse que celui sur le PP, ça le décrédibilise. Les
> meilleures causes souffrent ainsi de la médiocrité de leurs supporters.
>

-> Voilà. C'est pour ça que je soulignais à quel point c'est dommage que le
sujet soit traité ainsi sur son billet, en prenant autant de légèreté avec
les faits sur un sujet que je connais bien cela jette le doute sur
l'ensemble de l'article et c'est vraiment moche parce que jusque là je le
trouvais intéressant et bien construit. Accessoirement, je ne fréquente pas
tant que ça les jeux en ligne et elle a clairement plus d'expérience du
milieu que moi. Ce qu'elle décrit je ne l'ai jamais vécu en plus de 15 ans
de pratique

*Carole *:
Tu pars du postulat que le féminisme combat le sexisme. Mais est-ce que
c'est vraiment le cas ? Je ne dis pas ça en mettant en cause la moralité de
ce qui se disent féministes, je pense simplement à titre personnel que le
féminisme n'est pas l'égalitarisme et qu'il ne fait que reproduire le
schéma de ce qu'il pense combattre. C'est mon point de discorde récurrent
avec pas mal de militants LGBT/minorité visible ou pas/féministes/etc.

*Damien *:
Je travaille moi aussi dans le jeu vidéo et pour ma part je n'ai jamais été
confronté à du sexisme au travail, ce qui ne m'empêche pas de penser que
l'article est juste là dessus.
Ensuite quand on parle des professionnels rencontrés sur un festival il
faut bien comprendre qu'on va généralement parler des membres du
département marketing ou carrément d'intervenants externes recrutés pour
l'occasion. En clair des gens qui n'ont quasiment pas la moindre idée de
quoi ils parlent et qui du coup s'enfoncent dans les clichés et stéréotypes
sur le jeu et les joueurs/joueuses.Il est évident que les éditeurs font ce
qu'ils pensent pouvoir leur rapporter le plus de fric, et que la triade
divine *" Boobs, Explosions, Us Marines saving the world "* est encore une
sorte de valeur refuge.

En fait c'est là que j'aurais aimé que l'article se répande sur la
représentation masculine des héros, qui est tout aussi caricaturale et
malsaine que celle des héroïnes. Ou même la représentation des ennemis en
règle générale. Je me demande si là le problème est le sexisme en tant que
tel ou la marchandisation du monde, en fait.

Au niveau des communautés il est indéniable qu'une femme va crouler sous
les approches plus ou moins discrètes et les avances sexuelles.
Il y a aussi le problème du vocabulaire connoté qui n'a plus le même sens,
prenons deux exemples :
_ Un "*viol*" cela définit dans le jeu vidéo une situation de domination
totale d'un joueur sur l'autre et là le sexe n'a aucune importance. Exemple
: une unité de guerriers Taus (Warhammer 40 000) chargés par quoi que ce
soit au corps à corps se fera violer.
_ Une " *pute *" dans le monde du jeu de rôle cela ne signifie pas " *une
prostituée *" mais "* un personnage fourbe et manipulateur* " qui peut être
un individu tout à fait positif par ailleurs. Exemple : Tyrion Lannister
(Game of Thrones) est une grosse pute velue. Et il est génial.

On parle bien sur d'un vocabulaire fortement sexualisé, comme le veut toute
l'évolution de la société, mais le même mot n'aura pas forcément le même
sens pour deux personnes différentes.

Ensuite par dessus il y a tout un tas d'autres phénomènes. Les communautés
de jeux vidéos sont encore très axées sur le vieux concept de la bande de
potes. Traditionnellement les femmes ont toujours été le plus grand danger
de ces petites structures sociales, l'élément "perturbateur" qui va
détruire et fragmenter la communauté. M'est avis que le concept de la fake
geekette est une sorte de tentative de protection instinctive contre ça. On
parle d'un truc vieux comme les plus vieux mythes là, deux amis pour la vie
tombent amoureux d'une même femme et s'en suit une éternité de regrets.

Là je m'approche d'un sujet dangereusement plus vaste qui concerne les
rapports hommes/femmes et la permanence du désir, l'incroyable puissance de
l'attraction sexuelle contre laquelle on lutte à peu près tout le temps (en
tous cas au grand minimum pour les hommes hétérosexuels blancs en bonne
santé etc..., je ne m'avancerai pas à titre personnel pour quelqu'un
d'autre). J'ai connu des types se comportant horriblement avec les femmes
parce qu'ils sont persuadés qu'ils n'ont pas la moindre chance de les
séduire, d'autres qui le font parce qu'on leur a inculqué que c'est ce
qu'un vrai homme doit faire, d'autres encore qui chambrent tous les êtres
humains avec la même virulence... chaque cas est unique, j'ignore combien
peuvent réellement être résumés au sexisme.

A vous lire,

Gautier

Le 17 mars 2013 11:43, Damien <golgo2017 at wanadoo.fr> a écrit :

> "Sur les thématiques de la misogynie des gamers je trouve l'article très
> intéressant et clairement écrit par quelqu'un qui fréquente bien plus que
> moi ce milieu. J'y ai fait des découvertes terrifiantes et bien sourcées,
> sur un phénomène que je n'ai jamais vécu personnellement et donc dont
> j'ignore largement l'existence."
>
> Effectivement la partie sur le gaming est pertinente et remplie de
> vérités. Gravitant autour, on ne peut que constater ce qui est rapporté
> dans l'article.
> Il faut quand même mettre en parallèle l'âge des personnes (cf extrait
> youtube de la partie sur le lien). On dériverai donc comme l'a dit
> levieuxcédric sur l'éducation et consorts (si un enfant de 12a parle de
> salope et de viol dès qu'il voit le nom d'une fille, peut être y a-t-il un
> problème en amont ? phénomène de groupe ? Car cet enfant grandira...). Je
> précise que bien sur cela ne saurait se limiter à des enfants évidemment
> (puisque les enfants d'hier et d'avant hier ont grandi aussi) mais comme un
> exemple était sur ça.
>
> Phénomène curieux, l'auteur de l'article parle qu'elle est arrivée à être
> GM de plusieurs clans. Il m'est arrivé d'être sous les ordres d'une chef de
> clan; jouant en alliance avec d'autres clans, certaines conversations de
> "discordes" tournaient irrémédiablement à des remarques sur le genre (j'ai
> même entendu ma GM pleurer sur TS une fois pour des paroles sexistes, je
> passe sur les logs de chats).  Donc oui la personne défend sa cause, et oui
> ces faits existent au quotidien (vu le nombre de jeux et de joueurs). La
> personne n'a pas sélectionné sur 20ans quelques "dérapages" (suivant de
> quel coté on se place).
> Tout cela dans quel pourcentage sur le nombre de joueurs/joueuses ? Nul ne
> saurait le dire.
>
> Pour la partie édition, c'est commercial ce que je vais dire mais les
> éditeurs font ce qu'ils pensent qui va plaire au public pour vendre et non
> pas ce qui serait bien pour l'humanité ou l'égalité (dans la limite des
> lois). Ils utilisent des modèles éprouvés de rentabilité donc pourquoi en
> changer ? (en se mettant à leur place)  C'est basique mais c'est la réalité.
>
> Par contre, quelqu'un peut m'expliquer le truc hétérosexuel ? En gros si
> on s'affiche gay ou autre on se prend des remarques dans la gueule, c'est
> ça ?
>
>
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