[PP-discussions] tapie woerth gueant sarkozy, pas très pirates ceux là...Mediapart, notre whisttleblower préféré...
Larose75
splaissy at gmail.com
Ven 28 Juin 18:52:02 CEST 2013
http://www.mediapart.fr/journal/france/280613/eric-woerth-est-rattrape-par-le-scandale-tapie?page_article=3
Le scandale Tapie prend des proportions chaque jour plus considérables.
D'abord parce que la liste des mises en examen pour « /escroquerie en
bande organisée /» ne cesse de s'allonger : c'est le tour, ce vendredi,
de Bernard Tapie. Après quatre jours de garde à vue, il a été mis en
examen sous cette même incrimination et placé sous contrôle judiciaire.
Ensuite parce que de nouveaux indices graves et concordants viennent
confirmer les juges d'instruction et la police judiciaire dans leur
présomption qu'une véritable machination aurait pu être conçue non
seulement pour organiser un arbitrage truqué mais aussi pour faire la
fortune de Bernard Tapie en soumettant les indemnités de l'arbitrage à
une fiscalité allégée.
Selon nos informations, la police judiciaire a mis la main, lors d'une
perquisition, sur une pièce qui pourrait être décisive dans ce second
volet du scandale, celui qui porte sur le traitement fiscal qui a été
appliqué aux 403 millions d'euros d'indemnités alloués par les arbitres
à Bernard Tapie. Il s'agit d'une lettre d'Eric Woerth, à l'époque
ministre du budget, adressée aux avocats de Bernard Tapie.
De source judiciaire, il s'agirait d'une longue lettre, datée du mois
d'avril 2009, soit neuf mois après que les arbitres eurent rendu leur
sentence controversée. A l'époque, on sait donc que Bernard Tapie et ses
avocats fiscalistes étaient entrés en concertation avec l'administration
des impôts pour déterminer le solde net qui lui resterait, une fois
payés ses arriérés de cotisations sociales et d'impôts, ainsi que les
nouveaux impôts pesant sur ses indemnités. La fameuse --et si choquante-
indemnité de 45 millions d'euros au titre du préjudice moral n'était pas
concernée, car elle n'était pas soumise à l'impôt.
Cette lettre d'Eric Woerth intéresse au plus haut point la justice car
elle vient confirmer que le dossier fiscal de Bernard Tapie n'a pas été
géré, comme c'est l'usage, par l'ex-Direction générale des impôts
(l'actuelle Direction générale des finances publiques) mais qu'il a été
pris en main par Eric Woerth lui-même, et son directeur de cabinet,
Jean-Luc Tavernier (qui, depuis, est devenu le patron de l'Insee).
Ce document intéresse d'autant plus la justice que s'il est émaillé de
considérations techniques très compliquées, il n'en suggère pas moins
que Bernard Tapie aurait pu profiter d'un traitement fiscal avantageux.
Ce traitement fiscal est-il intervenu en violation de la loi? « /A tout
le moins, il a été exceptionnellement favorable /», nous répond notre
source judiciaire, n'excluant pas que la formule relève de l'euphémisme.
Au total, Eric Woerth indiquerait en effet dans cette lettre que Bernard
Tapie aurait à payer un total de 12 millions d'euros d'impôts, alors que
d'autres modes de calcul auraient pu déboucher sur la somme de... 120
millions d'euros. Notre source nous précise que ces chiffres ne sont pas
à l'euro près ceux qui figurent dans cette lettre mais qu'il s'agit du
bon ordre de grandeur.
Les enquêteurs de la Brigade financière devraient donc demander aux
services des impôts de Bercy -- si ce n'est déjà fait- de leur
transmettre le dossier fiscal de Bernard Tapie, pour apprécier si des
irrégularités ou des fraudes ont été commises.
Mis en examen en février 2012 pour « /recel /» et pour « /trafic
d'influence passif /» dans l'un des volets de l'affaire Bettencourt
(*lire ici*
<http://www.mediapart.fr/journal/france/080212/woerth-la-chute-du-tresorier-de-sarkozy>
-le Parquet s'est prononcé vendredi pour un non lieu), et placé par la
Cour de justice de la République sous le statut de témoin assistédans
l'affaire de l'hippodrome de Compiègne (
<http://www.mediapart.fr/journal/france/130912/woerth-lagarde-la-course-de-lenteur-de-la-justice>*lire
là
<http://www.mediapart.fr/journal/france/130912/woerth-lagarde-la-course-de-lenteur-de-la-justice>*),
Eric Woerth fait donc une entrée fracassante dans le scandale Tapie, où
son nom n'avait été cité jusqu'à présent que de manière incidente.
Mediapart a cherché à entrer en contact ce vendredi matin avec son
avocat, Me Jean-Yves Le Borgne, mais ce dernier n'a pas donné suite à
notre demande.
L'enregistrement qui implique Claude Guéant
La lettre de l'ancien ministre du budget prend d'autant plus de relief
qu'elle intervient dans un calendrier très particulier. Comme Mediapart
l'a révélé voici un peu plus de trois mois (Lire *Affaire Tapie :
l'enregistrement qui met en cause Claude Guéant*
<http://www.mediapart.fr/journal/france/270213/affaire-tapie-lenregistrement-qui-met-en-cause-gueant>),
Claude Guéant, à l'époque secrétaire général de l'Elysée, a reçu Bernard
Tapie en mai 2009, soit un mois après cette lettre d'Eric Woerth, pour
s'impliquer à son tour dans le dossier fiscal de Bernard Tapie.
Un enregistrement de Bernard Tapie que Mediapart a obtenu voici
plusieurs années et que nous avons accepté de remettre en février
dernier aux juges d'instruction à la suite d'une réquisition judiciaire,
tout en revendiquant le secret des sources (*lire ici nos explications*
<http://www.mediapart.fr/journal/france/270213/affaire-tapie-lenregistrement-qui-met-en-cause-gueant?onglet=prolonger>),
confirme la tenue de cette réunion entre Bernard Tapie et Claude Guéant
et la teneur des échanges entre les deux hommes.
A titre de rappel, voici cet enregistrement de Bernard Tapie, dans sa
version longue :
Et, extrait de cet enregistrement, en voici le passage le plus important :
Dans ce document sonore, Bernard Tapie s'agace du schéma proposé par
Bercy. Sans doute s'agit-il précisément de cette lettre d'Eric Woerth :
« /Donc, écoutez, s'ils ont pas les couilles de faire un tiers, qu'ils
laissent tomber. C'est pas la peine de se faire chier, on va pas faire
des calculs à la con, simplement parce que... /» La formule est peu
compréhensible car elle renvoie à un montage fiscal que l'on ne connaît
pas mais ce qu'elle laisse entendre est très clair : le ministre du
budget et son directeur de cabinet sont en sympathie avec Bernard Tapie
mais n'ont pas « /les couilles/ » d'aller jusqu'à accepter le schéma
fiscal qu'il leur propose.
La suite des propos de Bernard Tapie confirme cette interprétation
puisque ce dernier explique que Jean-Luc Tavernier lui a téléphoné
quelques jours auparavant et qu'il lui a indiqué accepter la première
partie du montage fiscal mais pas la seconde.
Mais surtout, Bernard Tapie suggère que du même coup, compte tenu des
réticences du ministère du budget, il en a appelé à Claude Guéant. « /Ce
qui est hallucinant, c'est que hier, il a menti, Woerth, parce qu'il a
dit à Claude Guéant avec qui j'étais hier : "oui, de toute façon, tu
donnais l'accord sur la proposition de Tavernier". /» Là encore, la
teneur de la conversation est difficile à suivre parce que les modalités
du schéma fiscal ne sont pas connues, mais cela confirme que le
ministère du budget traînait des pieds et que Bernard Tapie cherchait un
moyen de contourner cette résistance. On comprend dans la foulée que
Bernard Tapie a bel et bien eu une réunion avec Claude Guéant pour
parler de ses affaires fiscales, lequel Claude Guéant s'en est par
ailleurs entretenu au téléphone avec Éric Woerth.
Et Bernard Tapie poursuit sa conversation en usant d'une sorte de menace
contre les responsables du ministère du budget, sans que l'on puisse
comprendre si sa colère est tournée contre Éric Woerth ou contre
Jean-Luc Tavernier : /« Non, je crois que... il a les chocottes. Il ne
veut rien faire. Je vais vous dire : un grand dangereux, il a peur
qu'une chose (sic), c'est des dangers plus grands. Bon, comme il a pas
compris, on va lui faire comprendre. Vous allez voir, ça va pas être
très long./ »
Là encore, la formule dont use Bernard Tapie -- « /Il a les chocottes/ »
-- suggère que le ministère serait disposé à accepter sa proposition
fiscale mais qu'il est seulement arrêté par la peur. Le document soulève
donc une question qui pourrait s'avérer de première importance : mais
pour quelle raison le ministère du budget avait-il « /les chocottes/ » ?
Quels sont « /les dangers encore plus grands/ » auxquels fait allusion
Bernard Tapie pour inviter ses interlocuteurs de Bercy à surmonter leurs
réticences ? Et le rendez-vous avec Claude Guéant avait-il précisément
pour objet de sommer le ministre du budget et son directeur de cabinet
de ne plus avoir « /les chocottes/ » ?
Dépôt du recours en révision contre la sentence
Avec la lettre d'Eric Woerth puis l'enregistrement de Bernard Tapie, la
police judiciaire est donc en passe de reconstituer le puzzle de la
concertation fiscale. Et à chaque fois, on se rend compte que Bernard
Tapie a sans doute profité d'un traitement fiscal très avantageux.
Mais l'histoire ne s'arrête pas là. Comme Mediapart l'a aussi révélé
(Lire *Tapie: le fisc passe l'éponge sur 15 millions d'impôt*
<http://www.mediapart.fr/journal/france/170513/tapie-le-fisc-passe-leponge-sur-15-millions-dimpots>),
le Trésor public a renoncé à l'automne suivant de saisir la cour d'appel
de Paris pour réclamer à Bernard Tapie le paiement de près de 15
millions d'euros d'arriérés d'impôt (pour être précis 14 814 157,69
euros), dont 12 millions au titre de ses impôts sur le revenu des années
1992 et 1993. La justice risque de s'intéresser à cette nouvelle
affaire, pour déterminer notamment qui a pu donner des instructions en
ce sens.
Depuis, l'administration fiscale a trouvé un autre biais pour réclamer à
Bernard Tapie les créances qu'elle détenait sur lui. Mais il reste que
la décision du Trésor public, en cet automne 2009, de ne pas faire appel
pour récupérer dès cette époque les 15 millions d'euros constitue un
nouvel indice d'un traitement de faveur dont aurait pu bénéficier
Bernard Tapie.
C'est dire que la police judiciaire aura de nombreuses questions à poser
à Claude Guéant quand elle le convoquera -- car ce sera sans doute la
prochaine personnalité qui devra s'expliquer sur son rôle dans le
scandale Tapie, mais peut-être pas dans les prochains jours car les
enquêteurs ont besoin précisément de mieux cerner cette question
fiscale. Des questions sur son implication dans l'arbitrage puisque l'on
sait maintenant que c'est dans le bureau même du secrétaire général de
l'Elysée qu'a eu lieu, fin juillet 2007, la première réunion (en
présence de Bernard Tapie) pour lancer l'arbitrage. Et puis des
questions, donc, sur son implication dans le dossier fiscal de Bernard
Tapie.
Pour tous les protagonistes du scandale Tapie, l'étau judiciaire se
resserre. C'est vrai pour Claude Guéant, mais cela l'est plus encore
pour Bernard Tapie après sa mise en examen, ce vendredi, pour
«escroquerie en bande organisée».
A la menace pénale s'ajoute de plus la menace civile. Car, comme l'a
révélé le professeur de droit Thomas Clay jeudi soir sur La Chaîne
parlementaire (*c'est à visionner ici*
<http://www.dailymotion.com/video/x11btgt_ca-vous-regarde-le-debat-tapie-les-dessous-de-l-affaire_news>),
Me Pierre-Olivier Sur, le conseil du Consortium de réalisation (CDR), a
déposé le même jour auprès de la cour d'appel de Paris un recours en
révision de la sentence arbitrale ayant accordé, le 7 juillet 2008, la
somme de 403 millions d'euros à Bernard Tapie. C'est cette procédure qui
pourrait conduire à une annulation de l'arbitrage et contraindre à terme
Bernard Tapie à rembourser les 403 millions d'euros qu'il a perçus indument.
--
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