[PP-discussions] pour info et argumentaires en faveur du mariage pour tous
Aldo
aldo.reset at placenet.org
Jeu 17 Jan 16:54:24 CET 2013
Il y a assez de cocus chez les hétéros, pourquoi vouloir ajouter les
homos ?
citation d'André Labarrere Senateur Maire PS de Pau décédé en 2006.
a+
Le 2013-01-17 15:13, LapNews a écrit :
> Très sympa d'amener à la table de réflexion des Pirates de grands
> penseurs. Pour ma part je vais tenter d'être pragmatique, et pour le
> coup à contre-courant de mes propres idées préconçues.
>
> Ma réponse peut sembler rapide, mais vous verrez qu'il n'y a pas à
> réfléchir à cent fois à des évidences.
>
> Suis-je pour le Mariage pour tous, l'adoption pour tous, la PMA pour
> tous... et /tutti quanti/ ?
>
> Si je raisonne en termes d'égalité et d'équité, c'est une évidence !
> Mais si je réfléchis un poil plus loin, je ne suis pas vraiment pour
> tout ça. Je m'explique.
>
> Le mariage, disons que c'est un archaïsme qui finalement ne fait de
> mal
> à pas grand monde. Le fait qu'un choix de vie en commun (sans
> distinction de genre et de nombre, disent les valeurs compatibles du
> PP) permette une structure privilégiée et protégée par des lois est
> quelque-chose qui me semble positif. Comme on aime à le dire, c'est
> bien de penser aux malheurs du reste du monde mais c'est déjà bien de
> commencer autour de soi.
>
> Dans ce cadre, il est important qu'on puisse choisir ses compagnons
> et
> sa structure familiale, et que les lois privilégient cette solidarité
> choisie.
>
> Dans ce contexte, un "mariage pour tous", une co-parentalité
> d'enfants
> naturels plus ou moins externes, sinon même adoptés, me semble une
> valeur positive. Les outils permettant de, dans un contexte de
> "transition", une fois de plus, pérenniser cette solidarité à courte
> portée et choisie, doivent être développés bien au-delà du Pacs.
> C'est
> une évidence. Le "mariage" est-il une solution ? Pourquoi pas, dans
> le
> contexte. Je suis beau-parent, et que j'aie été ou pas marié, aucun
> outil ne m'a donné la possibilité de pérenniser la structure
> "familiale" au cas où leur mère ait un accident. Le problème n'est
> donc
> pas propre aux homos.
>
> Faciliter l'accessibilité des couples (ou autres structures
> familiales)
> à l'adoption me semble une autre évidence.
> Si j'ai mis de côté mes "instincts naturels" de voir mon génome
> prototypé dans un être de chair, c'est d'abord parce qu'il en
> existait
> déjà pas mal qui manquaient de pères. Vu que, connaissant un bon
> nombre
> de couples non hétéros dont l'amour et l'attention pourrait (ou a pu)
> combler le manque de pas mal d'enfants qui n'en disposent pas, je
> suis
> convaincu qu'un manque d'une part pourrait combler un autre manque
> par
> ailleurs, je suis évidemment pour l'ouverture à toutes "structures
> familiales" de l'adoption. Il serait d'ailleurs pas con de faciliter
> son accès, tant il existe d'orphelins dans des structures bien mal
> adaptés, de parents potentiels qui les "élèveraient" pour le plus
> grand
> bien de tout le monde, sachant que dans le contexte actuel on trouve
> beaucoup de cons pathologiques faire pousser de futurs jeunes cons
> avec
> la complicité des structures payées par nos impôts...
>
> Mais quid de la PMA ? Je ne rentrerai pas dans le débat sur les
> mères-porteuses, il me semble dégénéré au possible.
>
> Je vais en rester à des fondements plus évidents, et je ne vais pas
> me
> gêner pour être brutal.
>
> Notre planète manque de ressources. Même les peuples les plus
> prolifiques décident progressivement de décourager la surnatalité. Et
> nous allons mettre en place un système qui permet à des enfants
> non-naturels de voir le jour ???
> Je ne parle pas là des homos, je parle de tout le monde. Faut-il
> franchir la barrière de la procréation totalement naturelle ? Veut-on
> un monde peuplé de bébé-éprouvettes, clones, HGM (humains
> génétiquement
> modifiés) en masse, histoire de "pondre" comme si c'était une
> nouvelle
> drogue ?
>
> Alors non. Perso, je suis contre la PMA, mais pour *tout le monde*,
> hétéros mariés ou homos qui se cherchent des causes ou des raisons de
> vivre.
>
> Je pourrais développer sur l'intérêt de la sélection naturelle dans
> le
> bien-être des générations à venir, et des alternatives bien plus
> graves que sont l'eugénisme ou les éliminations massives, mais ça
> serait
> à la fois stupide et prématuré.
>
> Je pense avoir trouvé un sujet de réflexion (localement, mais ça peut
> se développer), car les Jeunes Écolos (donc a priori au premier rang
> sur le problème de la surpopulation et les ressources de la planète)
> et
> la LGBT locale (les deux étant partenaires, ça peut être un débat
> intéressant) pourraient prochainement participer à une table ronde
> que
> j'aimerais organiser.
> Si un film peut servir d'illustration à ce débat, j'ai le ciné-club
> kivabien, mais pas d'idée pour le film. Vous auriez une suggestion ?
>
> LeLapin
>
>
>
> Le Thu, 17 Jan 2013 13:59:54 +0100
> sophie wahnich <sophiw at club-internet.fr> a écrit :
>
>>
>>
>> Claude Levi-Strauss et notre manifestation du 27 janvier....
>>
>> Grande agitation autour du mariage homosexuel. Dans tout ce
>> tohu-bohu, on a recours à l’anthropologie pour éclairer de prétendus
>> invariants de la structure familiale. En arrière-plan, des questions
>> qui ont leur dignité, sur les modalités contemporaines des alliances
>> et des structures de la parenté, dont Claude Lévi-Strauss avait
>> dégagé les formes élémentaires. Il ne sera pas inutile d’attirer ici
>> l’attention sur un texte posthume du grand anthropologue disparu,
>> publié en avril 2011 dans un recueil de conférences prononcées au
>> Japon au printemps 1986, L’anthropologie face aux problèmes du monde
>> moderne (Coll. du XXème siècle, Seuil).
>>
>> La seconde de ces conférences porte sur trois grands problèmes
>> contemporains : la sexualité, le développement économique, les
>> relations entre la pensée mythique et la science. S’agissant de la
>> sexualité, trois questions majeures retiennent l’attention de
>> Lévi-Strauss : le prêt de l’utérus ; la procréation artificielle ;
>> le
>> couple homosexuel. En regard de chacune de ces questions nouvelles
>> dans nos sociétés, il met les surprenants montages élaborés dans
>> d’autres sociétés, au mépris du prétendu invariant familial
>> universel.
>>
>> Ainsi apprenons-nous que l’insémination avec donneur a son
>> équivalent
>> chez les Samo du Burkina Faso. Chaque fillette y est mariée de très
>> bonne heure, mais avant d’aller vivre chez son époux, elle doit,
>> pendant trois ans au plus, avoir un amant de son choix,
>> officiellement reconnu pour tel. Elle apporte à son mari le premier
>> enfant, né des œuvres de son amant, mais qui sera considéré comme le
>> premier né de l’union légitime. Dans d’autres populations
>> africaines,
>> un homme marié dont la femme est stérile, peut, moyennant payement,
>> s’entendre avec une femme féconde pour qu’elle le désigne comme
>> père.
>> Dans ce cas, le mari légal est donneur inséminateur, et la femme
>> loue
>> son ventre au couple sans enfants.
>>
>> Chez les Indiens Tupi-Kawahib du Brésil, un homme peut épouser
>> simultanément ou en succession plusieurs sœurs, ou une mère et sa
>> fille d’une union précédente. Ces femmes élèvent en commun leurs
>> enfants, sans se soucier spécialement de qui est celui-ci ou
>> celui-là. La situation symétrique prévaut au Tibet, où plusieurs
>> frères ont en commun une seule épouse, tous les enfants étant
>> attribués légalement à l’aîné.
>>
>> Les Nuer du Soudan assimilent la femme stérile à un homme ! En
>> qualité d’ « oncle paternel », elle reçoit le bétail représentant le
>> « prix de la fiancée » payée pour le mariage de ses nièces, et elle
>> s’en sert pour acheter une épouse qui lui donnera des enfants grâce
>> aux services rémunérés d’un homme, souvent un étranger. Chez les
>> Yoruba du Nigeria, une femme riche peut, elle aussi, acquérir des
>> épouses qu’elle pousse à se mettre en ménage avec des hommes. Quand
>> des enfants naissent, la femme, « époux légal », les prend pour
>> siens. Dans ces deux cas de couples formés par deux femmes, une des
>> femmes sera donc considérée comme le père légal et l’autre comme la
>> mère biologique.
>>
>> Lévi-Strauss évoque aussi le cas de figure du « mariage fantôme »,
>> qui chez les Nuer, autorise une femme veuve à engendrer « au nom du
>> défunt » avec un de ses proches parents. Il en rapproche
>> l’institution du lévirat chez les Hébreux. Ces enfants sont tenus
>> pour des réincarnations du défunt. Ces sociétés n’éprouvent pas les
>> craintes du genre qu’engendrent chez nous l’insémination avec le
>> sperme congelé d’un mari défunt, mais le problème en cause n’est,
>> aux
>> yeux de l’anthropologue, guère différent.
>>
>> Tous ces exemples témoignent de ce que le conflit en cause dans nos
>> sociétés, entre la procréation biologique et la paternité sociale,
>> n’existe pas dans d’autres, qui y apportent des solutions
>> originales,
>> constituant autant d’images métaphoriques anticipées des techniques
>> modernes. Ils démontrent aussi que ce que nous considérons comme «
>> naturel » et fondé sur l’ordre des choses se réduit à des
>> contraintes
>> et des habitudes mentales propres à notre culture.
>>
>> Aux juristes et aux moralistes trop impatients, conclut
>> Lévi-Strauss,
>> les anthropologues prodiguent des conseils de libéralisme et de
>> prudence. Ils font valoir que même les pratiques et les aspirations
>> qui choquent le plus l’opinion — procréation assistée, mise au
>> service de femmes vierges à des femmes célibataires, veuves ou au
>> service de couples homosexuels — ont leur équivalent dans d’autres
>> sociétés qui ne s’en portent pas plus mal.
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