[PP-discussions] culture, partage démocratie

Quentin MARQUET quentin.marquet at gmail.com
Dim 28 Oct 20:01:35 CET 2012


Il semblerait que ce soit vraiment un projet et un travail qui te tienne à
coeur, et je vais avoir d'autant plus de scrupule à faire les remarques qui
vont venir...

Hum, m'autorises-tu à être (assez) critique ?

- premier point : pourquoi, mais *pourquoi *réinventer à roue ? Cette
"maison" existe déjà et elle a *d'ores et déjà tous les attributs que tu
veux lui donner : *c'est l'Université  !

La seule dimension nouvelle que tu apportes à cette institution c'est sans
doute le côté informel, populaire et disponible que tu loues : en effet
c'est une vielle et poussiéreuse institution, remodelée pour la dernière
fois dans l'après mai 68, et qui peine à comprendre le dynamisme de notre
époque moderne. Contrairement à ce que le monde universitaire en pense
lui-même, cette institution est de fait difficile d'accès (sauf sur le
papier, car on y entre comme dans un moulin, mais l'homme de la rue n'ose
pas), peu avenante et enfermée dans ses propres certitudes.

Cette dimension intéressante, qui est celle de l'*accessibilité*, passe
effectivement en grande partie aujourd'hui par internet, dont l'université
n'a pas du tout compris qu'il était de son devoir de s'en emparer, au
regard de cette mission qu'elle prétend avoir. En fait, le virage ne
saurait tarder ces prochaines années, car très récemment plusieurs start-up
fondées par des professeurs des plus prestigieuses universités du monde
travaillent à donner accès à tout un chacun aux enseignements de Harvard,
Stanford, du MIT, et de toute l'Ivy league (les arts, les savoirs et les
techniques comme tu dis, et eux on peut dire qu'ils s'y connaissent). En
gros, bientôt tu trouvera tout l'enseignement d'Harvard gratuitement sur
internet... et tu pourras payer pour passer un examen (dans une vraie salle
d'examen) pour être diplômée. Mais au lieu de payer 60 000 $ par an pendant
5 ans tu paieras... 100 ou 200$ pour être diplômée d'Harvard !

Perso, pour moi dans 10 ans, c'est IM-PO-SSIBLE que nos universités
poussiéreuses résistent à cette concurrence.

Bon sinon pour la petite histoire, euh... il se trouve que moi aussi je
suis en train de monter une start-up dans le domaine. Moins radical que ces
prestigieuses personnes dont j'ai parlé (comme Daphne Koller), mon but est
d'assurer la "transition" de ces prochaines années : en ouvrant les
université à la diffusion de leur savoirs sur internet, notamment.

- Enfin bref, ceci m'amène à parler du deuxième point qui me fait tiquer
: la mise à distance absolue de la sphère économique. Alors on connait la
chanson : l'argent c'est mal, le capitalisme c'est le vol de l'homme par
l'homme, et tout le bazar d'influence marxiste. Mais, tout comme la
politique de l'open data est ridicule si elle se fait sans autoriser la
sphère économique à s'en saisir elle-aussi, je ne vois aucune légitimité à
fermer la porte à la capacité d'innovation et de créativité de la puissance
économique.

Celle-ci a énormément de choses à apporter, et ce faisant elle rendrait
d'immenses services à la mission de diffusion des savoirs. Alors
 "sanctuariser" cette mission en interdisant à tous ces
salopiots-marchands-de-tapis-vilains-capitalistes de s'en approcher est une
démarche contre-productive. Peut-être que je dis ça parce que j'en fais
partie, mais vois-tu il m'est* absolument impossible* de considérer qu'en
ayant cette ambition qui est la mienne, une telle activité pourrait rendre
un service considérable à la diffusion des savoirs (sauf si je plante ma
boite, ce qui est hautement probable).


Quentin
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