[PP-discussions] /!\ Prenons nos responsabilités pour l'avenir

Zest zest at partipirate.org
Dim 1 Avr 18:56:53 CEST 2012


Ahoy,

en relisant les échanges précédents de la liste de diffusion, j'ai
l'impression qu'une majorité d'avis s'accordent à dire : « okay, on a
débattu de la polémique, on a produit un addendum, maintenant passons à
d'autres choses plus constructives ».

J'attire votre attention sur la réalité actuelle du problème : le
communiqué d'origine existe toujours en l'état, avec l'ajout d'un encart
explicatif qui surenchérit, et devient de facto une nouvelle antenne à
polémiques.

Ce communiqué est publié sur le blog dans le but d'y rester, d'être lu
dans les jours, semaines, mois et années à venir : c'est la finalité
primordiale du blog par rapport à d'autres médias volatils.

Or nous sommes en pleine mobilisation pour notre première grande
campagne électorale, nous levons l'ancre pour nous aventurer hors de
notre cocon confidentiel, et se frotter, avec la jeunesse de nos idées
et de nos candidats, à d'autres formations politiques usées, mais
entraînées à l'exercice politicien, qui se feront un malin plaisir à
exploiter et à médiatiser la faille ainsi offerte.

Si l'on souhaite que la politique, au sens noble, ne soit pas dévoyée
par la mesquinerie politicienne, ne lui prêtons pas le flanc bêtement :(

J'en appelle à la sagesse et à la responsabilité de tous ceux et celles
qui croient au succès des idées pirates : un clou est planté dans notre
plante, « patchons » afin d'éviter qu'à l'avenir la plaie ne s'infecte
davantage, que ce soit la semaine prochaine, dans un mois, ou dans un an.

Voulons-nous vraiment que le Parti Pirate puisse être vilipendé comme le
parti qui envoie un message de condoléances aux proches d'un tueur
d'enfants présumé ?


Sur le fond de l'argumentation derrière la formulation hasardeuse :

Des pirates font communément profession d'un attachement humaniste et
universaliste à la vie humaine, à son émancipation individuelle,
refusant la peine de mort et la dérive autoritaire d'une violence d'État.

Mais comment arrive-t-on au concept scabreux d'« égalité de la valeur
d'une mort, quels qu’aient été les agissements du défunt » ? Cela relève
d'un jugement moral propre à chacun, de la liberté d'opinion ou de
croyance individuelle ! Ce n'est pas à un parti, et tout
particulièrement au Parti Pirate, de prescrire un tel impératif moral !

Être humaniste, c'est aussi veiller à ne pas offenser la douleur des
victimes, à ne pas l'amalgamer douteusement à un argumentaire politique.

Si l'on veut mettre l'accent sur l'éthique judiciaire selon laquelle le
tueur présumé aurait dû être — dans la mesure du possible — arrêté
vivant et traduit en justice, pourquoi pas, mais pas au détour d'une
affirmation provocante venant parasiter le solide argumentaire contre la
proposition de Sarkozy de contrôler le Net ; ni en prenant en otages les
sentiments personnels des membres du PP.

J'ai toujours promu le PP et ses idées en étant fier d'en parler avec ma
famille et mes amis, au-delà de mes « pairs ». Mais depuis la semaine
dernière, j'aurai honte si ceux-ci lisent une telle déclaration
officielle du PP, comparant l'incomparable et disant l'indicible,
affirmant que les conditions de la mort de Merah sont aussi tragiques
que l'exécution d'une enfant — le summum de l'inhumanité à mes yeux.

Je me permets de donner mon opinion toute personnelle sur l'affaire
Merah, pourtant beaucoup trop récente pour en connaître tous les tenants
et aboutissants : si Merah a été exécutée, c'est sans doute en raison de
l'agenda politique de Guéant et Sarkozy, qui aura poussé à
l'affrontement violent, au lieu d'un long dénouement « pacifique » par
épuisement ; mais il était aussi, ne l'oublions pas, un forcené
suicidaire : il a volontairement provoqué sa mort, après avoir blessé
cinq policiers du RAID — que notre communiqué, dans sa volonté incongrue
de n'oublier aucun chagrin, a pourtant oubliés de citer.

L'animation du compte twitter @partipirate m'aura appris que lorsqu'on
communique publiquement, on est tributaire d'un contexte ambiant. On se
doit de veiller à une certaine humilité, à une « common decency » de bon
sens, et à une ouverture vers le monde autre que le nôtre pétri de
convictions ; de baser nos réflexions et paroles sur des faits
tangibles, et d'être à l'écoute des critiques, fussent-elles
instinctives ou non argumentées.

L'humain est doué de raison, mais aussi d'un coeur, c'est la dichotomie
qui fait le sel de la relation humaine, et préside aux destinées de
notre société. Sans passion personnelle pour seconder la conscience
citoyenne, la solidarité et l'engagement civique que nous pronons
seraient alors inexistants.


Bref, il me paraît indécent, voire dangereux, d'imposer une conception
rigoriste et jusqu'au-boutiste de nos idées, tout particulièrement dans
un domaine sensible, subjectif, et privé.

Nos sympathisants, candidats et porte-paroles doivent êtres libres de
porter fièrement leurs convictions sans avoir à traîner un boulet
potentiellement très pesant.

Dans le sillage du vaisseau allemand, le Parti Pirate français a le
potentiel de créer la surprise, de faire connaître ses engagements
fondamentaux et ses propositions pragmatiques pour le renouvellement de
la démocratie.

Nous sommes un collectif et une communauté grandissants, en passe de
passer du stade de « groupuscule » à celui d'une formation politique
ouverte et innovante. N'hypothéquons pas tout le travail collectif
accompli jusqu'à présent, dont celui des rédacteurs eux-mêmes.

Les petites phrases maladroites ne pardonnent jamais en politique : le
spectacle médiatique nous en montre tous les jours des exemples
cocasses, ou funestes.

Abandonner le communiqué en l'état nous placerait une épée de Damoclès
sur la tête. (Et c'est bien connu, le chapeau pirate a plus une fonction
de franche fanfaronnade que de protection efficace...)

Nous faisons tous des erreurs personnelles, et même collectives en
l'occurrence, c'est intrinsèquement humain ; cela devient par contre
irresponsable si nous persévérons dans l'erreur pour des raisons qui
perdraient de vue l'intérêt général.

Je mets dans la boucle le CAP et le CN, pour solliciter l'avis respectif
de leurs membres, en les priant explicitement de faire la part des
choses s'ils ont aussi participé à la rédaction du communiqué.

Je propose que l'introduction du communiqué soit reformulée avec tact
sur le blog, en ajoutant par exemple une note informant de la mise à
jour de l'article pour cause d'éclaircissement. Et qu'on ouvre un débat
public si d'aucuns tiennent mordicus à assumer publiquement ces
déclarations actuelles.


Merci d'avoir lu cette doléance solennelle jusqu'au bout, veuillez s'il
vous plaît prendre en considération que ma loquacité, ma gravité ou mes
reproches sont proportionnels à l'attachement que je porte au travail
collectif accompli, et à venir.

Merci aussi de prendre le temps de relire posément les déclarations qui
posent problème, afin de prendre, chacun, nos responsabilités au sein de
la communauté pirate :

« Les membres du Parti Pirate réservent leur première pensée aux
victimes des récents agissements atroces, à leurs familles et amis...
ainsi qu'à la famille et aux proches de M. Merah, qui viennent de perdre
un fils, un frère ou un ami dans des conditions non moins tragiques.

Addendum — La phrase qui précède nous semble mériter d’être expliquée,
en rappelant la devise de la France : Liberté, Egalité, Fraternité. À ce
titre, aucune mort ne vaut plus ou moins qu’aucune autre, quels qu’aient
été les agissements du défunt. Tous les proches souffrent du même deuil,
et le Parti Pirate regrette que le coupable des meurtres de Montauban et
de Toulouse n'ait pu être capturé vivant afin d'être jugé. À présent, le
Parti Pirate appelle au recueillement et à la dignité qui convient à
toute période de deuil, ainsi qu'à l'apaisement et au rejet des amalgames. »


-- 
Zest ^ Parti Pirate




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