[Stratcom] Grèce et positionnement gauche/droite du PP
Olivier Soares
olivier at artfutur.com
Mar 30 Juin 08:59:28 CEST 2015
Sur la Grèce :
Je partage le sentiment exprimé par la plupart d'entre-nous.
D'après ce que j'ai compris notamment en lisant les positions prises par
Stiglitz et Krugman, les Grecs auraient fait des propositions concrètes
pour faire rentrer de l'argent dans leurs caisses et commencer de
rembourser. Mais ils souhaitent imposer les plus riches. Les
gouvernements de l'UE ne veulent pas de cette politique et cherchent à
contraindre Tsipras à appliquer un plan d'austérité basé sur la
réduction des dépenses et qu'il fasse payer les plus modestes.
C'est évidement totalement inacceptable que l'Europe se mêle de décider
sous quelle forme les économies budgétaires doivent être réalisées, et
qui en Grèce doit payer la dette. Et c'est encore plus inacceptable de
mon point de vue, de voir des dirigeants politiques se raidir à
l'annonce d'un référendum qui est un acte de courage politique dont ils
sont manifestement incapables.
Je pense que les dirigeants Européens ont la pétoche, car ils ne veulent
pas que Syriza applique son programme. Ce serait ouvrir la porte à
d'autres programmes comparables dans leurs propres pays, et ils
redoutent l'émergence de nouveaux partis comme Syriza ou Podemos. Ils
sont certainement pressés par leurs amis du monde des affaires pour
empêcher ça à tout prix...
et il n'est pas dit qu'ils y parviennent, car si les Grecs votent non,
les négociations reprendront avec un Tsipras en position de force. Parce
que si la Grèce peut temporairement sortir de l'Euro, il n'est pas
envisageable qu'elle sorte de l'Europe, pour plein de raisons d'ordre
géostratégiques que je vous laisse deviner.
Sur la question de notre positionnement gauche/droite... en revanche, je
rejoins la position de Fabbad, et je suis désolé de ne pas être d'accord
avec la plupart, mais il me semble que c'est une question de simple
cohérence avec le point précédent.
Une politique alternative ok mais pourquoi faire ? Si ce que nous
voulons c'est entretenir le système actuel basé sur le profit de ceux
qui possèdent déjà toutes les richesses, il est assez inutile de fonder
un nouveau parti politique pour ça. Ceux qui existent déjà y arrivent
très bien. Ils n'ont pas besoin de nous. Laissons la Commission
Européenne diriger, ne nous préoccupons pas de rendre le pouvoir au
peuple qui n'en a pas besoin et dont la vocation est de travailler pour
produire toujours davantage de richesses qui vont toujours dans les
mêmes poches. C'est ça la droite.
Que le PS se soit plus ou moins rallié à cette idéologie ne change rien
à l'affaire, si ce n'est que si nous ne sommes pas d'accord et que nous
voulons davantage de justice sociale, de solidarité humaine et de
partage, c'est sans-doute que nous nous situons quelque part à gauche de
ce parti.
Je veux bien prendre avec vous toutes les mesures du programme, lire la
Déclaration de Politique Générale, réfléchir avec vous aux valeurs
pirates, que ce soient celles du monde contemporain et du logiciel
libre, ou celles de l'histoire de la piraterie des mers et des utopies
qui l'ont parfois accompagnée... Rien de tout ça n'est à tribord. C'est
de la gauche libertaire toute pure.
Le Revenu de Base, la séparation des banques d'affaire et de dépôt, la
lutte contre les sociétés d'ayant-droits, contre le système des brevets,
contre les grosses entreprises agrochimiques, contre les lobbies
pharmaceutiques, contre les traités comme Tafta, contre le fichage
abusif qui est indispensable au marketing, contre les pratiques de
surveillance et de répression policière indispensables pour la
protection des biens dans les sociétés inégalitaires... Qu'est-ce qui
est de droite là-dedans ?
Avez-vous vu un représentant du MEDEF venir nous appuyer ? Les drapeaux
de l'UMP sont-ils à nos côtés lorsque nous manifestons ? Pourquoi est-ce
que je ne vois que ceux du Front de Gauche, d'Europe Ecologie, du NPA et
de la CGT-Police ?
... et c'est important qu'on en prenne conscience, parce que ce sera
très difficile tant qu'on assumera pas cet héritage, de convaincre les
militants engagés dans des réseaux associatifs de nous rejoindre, et ce
sera très difficile de réaliser un mouvement comme celui de Syriza, pour
lequel il est indispensable de se rassembler avec toutes les *autres*
formations politiques de gauche pour défendre ensemble une alternative
au système économique, politique écologique et au modèle de société dans
lequel nous vivons.
Ce rassemblement est à mon humble avis, la seule solution si nous
voulons avoir des élus et peser dans le débat public, et c'est en tous
les cas la stratégie politique à laquelle je crois pour ma part.
Merci à celles et ceux qui ont eu la patience de lire tout ça :)
Amitiés à toutes et à tous
OSB
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