[Stratcom] empowerment

Thomas Vermorel tvermorel at gmail.com
Jeu 9 Avr 17:36:30 CEST 2015


Voilà qui devrait participer à satisfaire le débat de fond sur les notions.
Mais on n'en est pas encore là. Il y a en effet une opposition bien
argumentée d'OSB à ce qu'on fasse de cette notion (ou de sa soeur une fois
les choses posées) l'axe d'une campagne. Il appelle cela le programme
coquille vide qui peut donner le pouvoir à une majorité haineuse, apeurée,
notamment dans notre contexte de chasse au sorcière. De façon général, il
est vrai qu'au projet de démocratie directe (et voisins) on oppose souvent
les problèmes du populisme et de la démagogie. Sans prendre le peuple pour
crétin, force est de constater que ce ne sont pas toujours ses meilleurs
aspects qui s'expriment le plus fort ni même le mieux.

J'ai peur que ce sujet ne puisse être tranché dans l'absolu. En revanche je
pense pouvoir y répondre dans le cas qui nous occupe. En aucun cas je ne
suggère qu'on aille aux élection avec cette seule proposition. On a
beaucoup d'autre choses dans le bide, ce serait dommage. Je suggère surtout
d'en faire un axe principale.
Ma vision quand je propose le cas d'un lien de consultation permanent du
député pirate avec sa circo, c'est qu'on reconnaît qu'on ne participera pas
d'aucune majorité. Il est essentiel, bien sûr, qu'on propose notre vision
du monde, mais il faut aussi qu'on propose des choses concrètes.
Concrètement, que ferais-je comme élu pirate, très probablement très
ostracisé.... La question se pose là. De plus, rien n'empêche, bien au
contraire, à l'élu pirate de faire campagne pour ce qu'il croit dans sa
circo, même après l'élection. Finalement c'est même très juste: s'il veut
que sa circo appuie une proposition particulière, il aura à l'expliquer, à
convaincre... bref, à impliquer les citoyens. Quand le député pirate n'aura
fait que cela de son quinquenat, il aura fait du bien.


Thomas Watanabe-Vermorel
123 rue La Fayette 75010 Paris
06 89 68 79 66

WV.

Le 9 avril 2015 16:58, antoine bevort <antoine.bevort at gmail.com> a écrit :

> Rebonjour,
>
> C’est amusant comme Thomas et moi avons souvent les mêmes centres
> d’intérêt...
> Je ne sais pour autant pas si la notion de l’empowerment peut être la
> notion centrale pour une campagne électorale en France, je ne sais même
> pas si le PP doit participer aux élections présidentielles.
> En tout cas, j’ai été amené à faire une intervention sur l’empowerment
> pour une association scolaire et devant la bonne réception de cette
> intervention, j’ai commencé à rédiger un papier que je compte développer.
> Je vous copie ici l’introduction du papier.
>
> « Empowerment »  ou la possibilité de la démocratie
>
> Lost in translation
>
> De façon significative Empowerment s’avère difficile à traduire. La notion
> signifie littéralement : mettre quelqu’un en capacité de, en pouvoir de. De
> nombreuses traductions sont suggérées par les uns et les autres.  L’article
> de Wikipédia recense ainsi « capacitation », « autonomisation », «
> responsabilisation », « émancipation » ou « empouvoir». Le dictionnaire en
> ligne Linguee propose une variété de traductions encore plus large
> renvoyant notamment à participation, habilitation, autonomie,
> responsabilitsation… mais recourt aussi à de nombreuses périphrases. On
> peut retenir que dans ses usages, empowerment renvoie à l’autonomie, à la
> responsabilité individuelle et collective, mais aussi à la participation, à
> l’émancipation, ou encore au pouvoir d’agir ou de faire, à la démocratie.
> Devant cette polysémie de sens, la notion est fréquemment, utilisée en
> anglais. Cette difficulté de traduction souligne non seulement un problème
> linguistique, mais aussi le problème culturel que pose la notion en France.
>
> La plasticité du terme se lit y compris en anglais. Le Online Etymologie
> Dictionary note l’apparition du verbe « empower » dans les années 1650,
> situe le substantif empowerment en 1814 et en date la popularité moderne en
> 1986. Si l’usage émerge au début du XXè siècle, la notion s’impose dans les
> années 1960-1970 dans le travail social, les mouvements féministes, les
> mouvements sociaux, les mouvements d’éducation populaire. Dans les années
> 1990, elle est mobilisée dans le management et dans les organisations
> internationales. En France, elle apparaît plus récemment, notamment en lien
> avec la politique de la ville.
>
> L’article anglais d’empowerment  dans Wikipedia associe la notion aux
> individus et groupes discriminés et exclus dans les processus de prise de
> décision et l’appréhende comme un process d’obtention d’opportunités de
> bases pour des personnes marginalisées. Empowerment renvoie aussi à la
> préconisation et au développement de compétences d’autosuffisance avec
> l’objectif d’éliminer le recours à la charité ou au welfare pour des
> groupes comme des individus.
>
> Les modèles
>
> Biewiener et Bacqué,  dans L’empowerment, une pratique émancipatrice,
> (2014), distinguent pour leur part trois modèles d’empowerment : un modèle
> radical nourri des théories de transformations sociales, notamment de Paulo
> Freire ; un modèle libéral ou social-libéral au sens anglo-saxon du terme,
> qui prône l’intervention de l’État pour la promotion des droits civiques et
> pour la diminution des inégalités sociales et économiques ; et enfin un
> modèle néolibéral, qui met État au service du marché,  prône en cohérence
> que l’individu doit être « l’entrepreneur de sa propre vie ».
>
> « Empowerment » pour une citoyenneté active
>
> Pour notre part, nous utiliserons l’empowerment comme le fait de mettre
> les citoyens en capacité d’agir individuellement et collectivement dans une
> société démocratique. L’empowerment nous apparaît comme la condition de la
> possibilité de la démocratie forte (Barber, 1984, Strong Democracy, voir
> aussi article du Guardian du 8 octobre 2008), comme ce qui fait, plus que
> le capital social Making Democracy work selon le titre de l’ouvrage de
> Robert Putnam. Au-delà et en deca des usages et modèles, nous appréhendons
> la notion comme la reconnaissance du fait que le citoyen est l’acteur
> central principal d’un régime démocratique, comme le fait d’équiper,
> d’outiller le citoyens en conséquence afin qu’il puisse exercer ses
> pouvoirs.
>
> L’empowerment n’est ni réservé aux populations marginalisées, ni évaluée
> en fonction de son objectif, mais définie en tant que mise en capacité de
> la participation citoyenne dans les sociétés démocratiques. L’empowerment
> des citoyens est une condition si ce n’est la condition de la démocratie
> (forte). Donc nous ne définissons cette notion ni par l’approche
> idéologique, ni par les objectifs ou les résultats qu’elle produit, mais
> comme les moyens, outils donnés aux citoyens. En tant que tel l’empowerment
> fait écho aux écrits d’Amartya Sen sur les capabilities (capacités),
> entendus comme le fait de donner la possibilité et la liberté pour un
> individu de choisir entre différentes sortes de vie.
>
> L’empowerment apparaît comme le moyen de favoriser la participation qui,
> selon Amartya Sen,
>
> - a une valeur intrinsèque pour la vie humaine et son bien-être,
> - améliore la réceptivité et la satisfaction des besoins politiques
> économiques et sociaux des citoyens.
> - donne l’opportunité aux gens d’apprendre les uns des autres, et aide la
> société à former ses valeurs et ses priorités.
>
> La problématique de l’empowerment éclaire la réflexion, les théories,
> l’histoire de la démocratie. Elle est une réponse aux interrogations si ce
> n’est au franc scepticisme qui s’exprime quant à la capacité citoyenne
> d’exercer le pouvoir que la démocratie lui attribue. La problématique de
> l’empowerment montre à quel point la tradition républicaine française a
> réduit le pouvoir citoyen à la seule possibilité d’élire ses représentants.
> En tant que mise en capacité citoyenne, l’empowerment représente également
> une  problématique intéressante pour l’école, d’autant plus que l’école
> représente un pilier de la tradition républicaine française.
>
> antoine bevort
> Lyon, 13 mars 2015
>
> antoine bevort
>
>
>
>
>
>
> > Le 9 avr. 2015 à 15:16, Thomas Vermorel <tvermorel at gmail.com> a écrit :
> >
> > Tu as raison, et ceci d'autant que j'ai commis la maladresse d'ouvri un
> autre fil de discution sur le sujet (en fait c'est celui ci le nouveaux
> fil). Voici mon poste de départ:
> >
> > Bonjour,
> > je me pose des questions sur notre capacité à créer une vraie
> candidature pour les législatives. Nous sommes en train de rationaliser le
> PP, de créer les outils qui manquaient en 2012 pour gérer une affluence de
> militants. Même si on avance lentement sur la question, on n'est pas
> dépourvu d'éléments de programmes intéressants. Et on va continuer à
> affiner et enrichir cela.
> >
> > Cependant qu'attendons nous de 2017? avoir plus de monde qui dépasse les
> 1%? je ne pense pas que ce soit une ambition suffisante. Et à vrai dire je
> ne pense pas que ce soit vraiment réalisable sans une vraie grosse bonne
> idée. Nous ne profiterons plus comme en 2012 de l'effet de découverte. J'ai
> peur qu'une campagne classique ne nous soit fatale.
> >
> > J'en viens à l'objet de mon intuition: en plus du corpus de nos valeur,
> d'un programme consistant (que nous devons encore bâtir) je propose que
> nous fassions une campagne sur le seul mot d'ordre de l'empowerment.
> > Au final nous avons diverses valeurs, que nous sommes prêts à défendre.
> Mais la principale est notre désire de rendre le pouvoir aux citoyens.
> L'avantage que nous aurions sur cette thématique par rapport aux autres
> mouvements et candidatures "citoyens", c'est qu'on pourra mettre en avant
> la plate-forme liquid feedback. Nous annoncerions par exemple qu'un élu
> pirate déploiera sur sa circo une telle plate-forme et s'en tiendra
> strictement aux avis qui s'y exprimeront. Si vous votez pour moi, vous
> gardez le pouvoir. Chaque candidat signerait une charte en ce sens.
> >
> > Je sais qu'il y a pas mal de lièvre à soulever dans une telle
> proposition, et ce sera notamment une partie du travail à élaborer d'ici
> là. Une autre tâche consisterait à développer encore lfb pour le rendre
> très accessible (la V2 est pas mal déjà), ou en tous les cas avoir un
> matériel de communication assez fin dessus, qui dépasse le simple tuto.
> Mais n'est-ce pas là qu'on a une chance d'être original, d'être pertinent
> et, va savoir, de faire un peu de bien dans le débat public du moment....
> >
> > sur l'autre fil, il y a un vrai débat qui s'installe, je vais essayer de
> le ramener ici.
> >
> > Thomas Watanabe-Vermorel
> > 123 rue La Fayette 75010 Paris
> > 06 89 68 79 66
> >
> > WV.
> >
> > Le 9 avril 2015 12:08, Bevort <antoine.bevort at gmail.com> a écrit :
> > Merci Thomas de me mettre dans la boucle, qui m’intéresse d’autant plus
> que je viens de travailler sur la question de l’empowerment, et par
> ailleurs je vais en Suisse à la fin du mois pour intervenir dans une
> journée faisant le bilan d’une forme de démocratie participative.
> L’intervention est centrée sur l’empowerment.
> > Ceci dit, je prends les échanges en passant et j’ai l’impression d’avoir
> raté le départ … le motif de la discussion
> >
> > Pour réagir en passant aux interrogations, je dirais que la fin est dans
> les moyens, la démocratie directe n’est pas simplement un moyen mais donner
> aux citoyens le droit de prendre les décisions me paraît fondamental.
> Ensuite les citoyens décideront à quelles fins utiliser ce droit.
> L’empowerment me paraît comme la condition de la possibilité d’une
> démocratie radicale, il faut donc réfléchir aux moyens de réaliser
> l’empowerment des citoyens. C’est un très bon axe politique
> >
> > Pour autant, je suis très réticent à m’inscrire dans l’objectif d’une 6
> è république car cela nous confond avec des idées qui sont très différentes
> des nôtre. L’idée d’une constituante ne me paraît pas crédible pour le
> moment et ne correspond pas à notre identité je trouve…
> > Il faut proposer des moyens de donner le pouvoir aux citoyens sans se
> soucier si cela est compatible avec la constitution, évitons de tomber dans
> un débat constitutionnel technocratique
> > antoine-provo
> >
> >
> >> Le 9 avr. 2015 à 11:34, Frédéric Lecointre <
> frederic.lecointre at burnweb.net> a écrit :
> >>
> >> Au risque de passer pour un chieur, je ne vois que des moyens dans tout
> cela. Il n'y a pas d'objectif. Le problème est qu'il y a moyen de
> s’accrocher sur les moyens par contre quand on a des objectifs communs, on
> peut éventuellement s'entendre.
> >> L'offre politique actuelle ne parle que de moyens et fait l'impasse sur
> les objectifs. Prnez un politique au hasard et demandez lui quel est
> l'objectif de la croissance ...les réponses sont surprenantes.
> >>
> >> Le moyen est par définition court termiste, concret mais discutable
> mais surtout non mesurable.
> >> L'objectif s’entend sur le long terme et reste mesurable.
> >>
> >>> Le 9 avril 2015 09:00, Thomas Vermorel <tvermorel at gmail.com> a écrit :
> >>>
> >>> - le référendum d’initiative populaire justement, et là je pense que
> les plate-formes techniques peuvent être d'une grande utilité, notamment
> parce que par définition le soutien de ces initiatives n'est pas anonyme.
> >> C'est un moyen, quel sont les objectifs et les motivations ?
> >>
> >>>
> >>> - la formation d'une constituante (même si on ne part pas dans le
> projet 6eme république, on aura du mal à faire une impasse sur la question,
> c'est une obligation à partir du moment où l'on souhaite changer le système)
> >> C'est un moyen, quel sont les objectifs et les motivations ?
> >>
> >>>
> >>> - l'idée comme on l'a dit de lier les élus pirate à leur base
> électoral de façon statutaire (là on est vraiment dans le "hacker le
> système", "votez pour vous-même", "le jour du vote, vous avez le pouvoir.
> Gardez-le"...) Le gros avantage c'est qu'on peut proposer cela dès le
> premier élu, contrairement aux autres points qui demanderaient qu'on ait
> une majorité :p
> >> C'est un moyen, quel sont les objectifs et les motivations ?
> >>
> >> Le 09/04/2015 09:51, Thomas Vermorel a écrit :
> >>> ah, et j'oubliais un autre aspect essentiel:
> >>> l'accessibilité à l'information pour le citoyen. Ce qui comprend non
> seulement le droit à l'accès, mais aussi des rédactions claires, à jour et
> non jargonneuse. Une vrai transparence pour pouvoir avoir une opinion
> vraiment éclairée. Cela vaut entre autre pour les lois et autres textes
> réglementaires. A ce titre, je crois qu'il y a un mouv' (je me fais le
> champion des solutions techniques, moi. Que m'arrive-t-il) sur les
> comparaison automatique de texte pour pallier les situations telles que
> pour la loi Cazeneuve où la rédaction était incompréhensible (à dessein?)
> >> ah là par contre, il y a un objectif : Apporter l'information et sa
> maitrise au citoyen afin qu'il puise faire un choix en toute connaissance
> de cause.
> >>
> >> ----------------------------------
> >> Je suggère de (re)lire ce résumé
> http://wiki.partipirate.org/wiki/Utilisateur:Flct/drafts/Manifeste_pour_la_d%C3%A9mocratie_liquide
> >>
> >> Je pense aussi qu'avoir une démarche de réflexion similaire à celle-ci
> serait souhaitable
> >>
> >>
> http://wiki.partipirate.org/wiki/Utilisateur:Flct/drafts/Europ%C3%A9ennes_2014_-_Sud-Ouest_-_Projet_de_campagne
> >>
> >> 4 thèmes y avaient été définis
> http://wiki.partipirate.org/wiki/Utilisateur:Flct/drafts/Europ%C3%A9ennes_2014_-_Sud-Ouest_-_Projet_de_campagne#Communication
> >>
> >> --
> >> Frédéric Lecointre
> >
> >
>
>
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