[PP-discussions] Un ex-directeur de la DGSE: «On a baissé la garde sur le renseignement humain»

Frédéric Lecointre frederic.lecointre at burnweb.net
Ven 20 Nov 18:55:58 CET 2015


En septembre 2001, il était déjà question de cette perte en rens humain
au profit du rens signal. Nous pouvions nous vanter nous d'avoir
conservé nos réseaux. Aujourd'hui, ce n'est plus le cas.

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En outre, on a voulu miser sur le renseignement technologique, à
l’américaine, le « big data »  et toutes ces choses-là. Or ce n’est pas
très efficace. Il suffit de voir aux États-Unis, les déclarations du
général Alexander, patron de la NSA, en 2013, sur l’efficacité très
relative des milliards dépensés dans la technologie après le 11
septembre 2001. Aujourd’hui, on en est pourtant là : on a concentré nos
moyens sur le renseignement technologique, et on a baissé la garde sur
le renseignement humain. Cela étant, à la décharge des policiers, la
centaine de perquisitions administratives fructueuses réalisées dès le
lendemain du 13 novembre montrent qu’ils avaient des objectifs, mais
qu’il manquait le cadre juridique et la volonté politique pour agir. La
faille, si faille il y a, est aussi et souvent du côté politique.

[...]

*Manquons nous de renseignements en provenance de pays déstabilisés ou
en guerre comme la Syrie, l’Irak, la Libye ?*

Énormément, oui. La France a rompu tous les liens de la DGSE avec les
services syriens. Or les services secrets sont faits pour dîner avec le
diable, sinon ils ne servent à rien. Que le pouvoir politique ait voulu
rompre avec le régime syrien, c’est une décision qu’il a toute
légitimité pour prendre. Mais le rôle des services spéciaux est de
permettre - si besoin est -  de maintenir un canal discret de communication.

Quand récemment les services syriens ont tenté de rétablir un canal
discret via d’anciens responsables des services français /[il s’agit
notamment de Bernard Squarcini, l’ancien patron de la DCRI – ndlr]/, il
leur a été opposé un refus catégorique. Que ce soit à droite ou à
gauche, il y a une méconnaissance de ce qu’est un service spécial. Notre
métier est de garder le contact avec des gens infréquentables. Nous ne
sommes ni des juges, ni des flics, ni des diplomates, qu’on nous laisse
parler aux agents syriens ne serait pas une reconnaissance politique du
régime de Bachar.

[...]

*Existe-t-il des pays qui ne jouent pas le jeu, ou qui ont d’autres
logiques que la nôtre vis à vis des djihadistes ?*

Oui, il y a les sponsors idéologiques et financiers du terrorisme. Les
pétromonarchies du Golfe, qui essayent par tous les moyens – et en
particulier par la diffusion de l’idéologie salafiste – d’empêcher la
constitution d’un axe chiite du Liban jusqu’à l’Iran, qui ont un
problème de légitimité musulmane, et qui veulent empêcher toute dérive
démocratique. L’Arabie saoudite, par exemple, s’emploie depuis 30 ans à
distiller le message salafiste et wahhabite en Europe, à travers des
écoles et des fondations, et le résultat est là aujourd’hui. Il y a
trente ans, les musulmans de France ne savaient pas ce qu’était le
wahhabisme.


http://www.mediapart.fr/journal/france/201115/un-ex-directeur-de-la-dgse-baisse-la-garde-sur-le-renseignement-humain
-- 
Frédéric Lecointre
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