[PP-discussions] Au Congrès, une Chambre bleue

[Frédéric Lecointre]

Dans un coin, le député socialiste Pouria Amirshahi ne pense pas du tout
la même chose. Mais vraiment pas. /« C’est du Sarkozy. On a toute la
panoplie de la logorrhée conservatrice de 2001, après le 11-Septembre.
La déchéance de nationalité, la distinction entre les réfugiés et les
demandeurs d’asile, la modification de la Constitution dans le sens de
ce que proposait le Comité Balladur et qu’on avait critiqué à
l’époque./ /»/ Amirshahi aurait aimé que l’état d’urgence ne dure pas
trois mois. Il aurait voulu entendre des propositions pour /«/ /assécher
financièrement Daech »/ (financé par des alliés de la France, comme le
Qatar ou l’Arabie saoudite) ou/«/ /éviter la radicalisation de certains
jeunes/ /»/. Il n’a rien entendu en ce sens. De fait, François Hollande
n’en a pas parlé.

Pendant ce temps, à la tribune, l’ancienne ministre écologiste Cécile
Duflot, /« députée du XI^e arrondissement »/ meurtri, avertit contre la
tentation de /« faire reculer nos droits fondamentaux »/. Elle insiste
sur /« la lutte contre les ghettos et les discriminations »/. Mais dit
aussi/ /: /«/ /Votre gouvernement pourra compter sur notre soutien à
chaque fois qu'il s'agira de protéger nos valeurs. »/ Le sénateur et
secrétaire national du PCF, Pierre Laurent, s’interroge sur
des/« mesures qui demandent réflexion. On va déjà voir ce qu’il y a dans
le texte qui prolonge l’état d’urgence »/, présenté ce mercredi en
Conseil des ministres. Non loin, Hervé Mariton regrette encore que le
chef de l'État n'ait pas parlé d'/« islamisme »/.

Il est l’heure de partir. La députée Isabelle Attard, ex-écologiste en
pointe contre la loi renseignement et les mesures sécuritaires, reprend
sa voiture. En écoutant le chef de l’État, elle a eu /« des frissons »/,
comme sa collègue écolo, la sénatrice Esther Benbassa, qui était à côté
d’elle.

/« Ça y est. Ils sont tous prêts à voter comme un seul homme des mesures
qui mettent en cause nos libertés fondamentales. On pense que c’est avec
des discours de guerre qu’on va abattre les terroristes ? La guerre au
sol contre Daech, on dirait que c'est pour demain. Qui va parler de la
défense des libertés ? De la ghettoïsation de certains quartiers ? Des
soutiens financiers de Daech/ /? Je me sens si seule./ /» /Elle raconte
que des socialistes sont d’accord avec elle. /« Mais ils ne diront
rien. » /Et le jour venu, au moment du vote,/«/ /ils iront pisser/ /»/.

http://www.mediapart.fr/journal/france/161115/au-congres-une-chambre-bleue

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Frédéric Lecointre
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