[PP-discussions] Lettre à monsieur Dutilleul : Nous, pirates, nous respectons la liberté d'expression

renc rencontres3 at gmail.com
Mar 24 Mar 15:15:23 CET 2015


Lettre à monsieur Dutilleul : Nous, pirates, nous respectons la liberté
d'expression


http://m.actualitte.com/d/2307 <https://m.actualitte.com/d/2307>

Ça claque (même si une petite relecture eut été utile... Bon la rapidité et
l'émotion..)

Bravo francois + actualité !



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Après


http://www.actualitte.com/societe/au-salon-du-livre-on-parle-droit-d-auteur-sans-liberte-d-expression-55892.htm


http://www.actualitte.com/tribunes/lettre-a-monsieur-dutilleul-nous-pirates-nous-respectons-la-liberte-d-expression-2307.htm
<https://www.actualitte.com/tribunes/lettre-a-monsieur-dutilleul-nous-pirates-nous-respectons-la-liberte-d-expression-2307.htm>



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Par La rédaction,

le mardi 24 mars 2015 à 10:06:30

Lettre à monsieurDutilleul: Nous, pirates, nous respectons la liberté
d'expression

Il y a probablement eu des moments forts au Salon du Livre, entre les
auteurs et les lecteurs. Il y a aussi eu des ratages complets, comme un «
débat » sur le droit d'auteur sans contradicteur organisé en présence de
Pierre Moscovici, commissaire européen, Fleur Pellerin, et Małgorzata
Omilanowska, ministre polonaise de la Culture. Un membre du Parti Pirate a
écrit à PierreDutilleul, président de la fédération européenne des éditeurs
et modérateur de ce débat. Nous reproduisons ici sa lettre ouverte.





Monsieur Dutilleul, Je suis François Vermorel, animateur de la section
Île-de-France du Parti Pirate et c'est moi qui vous ai interpellé vendredi
soir, au Salon du livre. Vous m'avez peut être trouvé impoli et je confesse
que je n'ai pas l'habitude de tels éclats. À ma décharge, votre discours
m'est passablement monté au nez. Et comme vous ne m'avez pas laissé le
loisir d'exposer mes arguments, voici en substance ce que je voulais vous
dire.



Vous avez présenté le rapport Julia Reda sous un jour si caricatural (où
diable la députée pirate écrit-elle que « le droit d'auteur est coquille
vide » ?) que j'en suis à me demander si vous l'avez lu. Si ce n'est pas le
cas, vous pouvez le faire en cliquant sur ce lien :
http://www.reformonsledroitdauteur.eu/



Ensuite, je me permettrai de vous poser quelques questions : trouvez-vous
normal que Le Petit Prince de Saint-Exupéry, mort en 1945, ne soit pas
encore entré dans le domaine public ? Soutenez-vous monsieur Buren quand il
attaque en justice les photographes de la place des Terreaux, à Lyon ?



Vous avez, sans rire, affirmé que sans droit d'auteur il n'y aurait plus de
production littéraire. Est-ce que Rimbaud pensait à ses droits quand il a
écrit Une saison en enfer ? Et Varlam Chalamov ? Et Primo Levi ? Étrange
conception que vous avez de la création littéraire...





Pierre Moscovici et Pierre Dutilleul (ActuaLitté, CC BY SA 2.0)





Pour prendre des exemples moins dramatiques et plus proches de nous, il y
avait au Salon du Livre des centaines d'auteurs. Avez-vous discuté avec eux
? Je ne parle pas des stars comme votre ami Éric-Émmanuel Schmitt, mais de
ceux qui n'ont pas de surface médiatique particulière, ceux qui assurent 99
% de la production éditoriale. Parmi eux, combien gagnent avec leurs droits
l'équivalent d'un SMIC horaire ? Et pourtant ils travaillent, ils écrivent
et ils recommencent.



Bien sûr qu'il faut que les auteurs soient mieux rémunérés. Seulement le
système que vous défendez ne le permet pas.



Lors de la table ronde de vendredi, il a été longuement question de livres
électroniques. Aucun intervenant n'a simplement mentionné les DRM. C'est à
se demander si vous saviez de quoi vous parliez ! C'est pourtant ce système
de protection qui empêche le livre numérique d'être un vrai livre qui se
lègue, qui se prête et surtout qui se conserve, quelle que soit la liseuse
qu'on choisit d'utiliser.



Vous écrivez « La liberté d'expression, ce n'est pas copier ce que font les
autres ». Pardonnez-moi, mais en tant qu'homme de lettres vous avez un
discours un peu simple. De la scène de la galère des Fourberies de Scapin
repiquée sur Cyrano de Bergerac à la préface des Yeux d'Elsa de Louis
Aragon en passant par les Palimpsestes de Gérard Genette, n'y a-t-il pas
moyen d'affiner davantage ?



Mais qu'est ce que c'est, monsieur Dutilleul, que cette liberté
d'expression que vous liez avec autorité au droit d'auteur ? Une expression
à la mode depuis la tragédie du mois de janvier ? Ou une valeur forte que
vous entendez défendre ?



Pour nous, pirates, lors d'un débat la liberté d'expression implique de
laisser aux opinions contraires la possibilité de s'exprimer de façon à ce
que le public profite d'une multiplicité de point de vue. J'enfonce une
porte ouverte ? Lors du « débat » que vous avez organisé vendredi soir,
monsieur Dutilleul, vous n'avez sélectionné que des invités qui, pensant
strictement la même chose, ont répété de concert un discours lisse et sans
aspérité.



Vous avez critiqué de façon fallacieuse le rapport Julia Reda, députée
européenne pirate, mais vous n'avez pas jugé utile d'inviter les
représentants des bibliothécaires qui lui sont favorables. Non plus que les
membres du Parti Pirate français. Lâcheté ? Paresse ? Ou volonté délibérée
d'éviter qu'une opinion contraire à la vôtre puisse s'exprimer ?



Lorsque je vous ai interpellé, vous avez promis que la table ronde serait
suivie d'un débat au cours duquel le public pourrait intervenir. Vous
n'avez pas tenu parole : sitôt l'allocution de monsieur Moscovici terminée,
vous avez évacué l'estrade, malgré les protestations des pirates soutenus
par une bonne partie du public. Comble de la dérision, vous avez prétexté
que le programme vous contraignait d'enchaîner, par une nouvelle table
ronde... sur la liberté d'expression !



Cette liberté qui vous est si chère et que pourtant vous avez bafouée avant
tant de désinvolture.









Monsieur Dutilleul, nous pirates nous respectons la liberté d'expression :
elle est au coeur de notre projet politique. Nous respectons également les
auteurs. Et nous ne sommes pas rancuniers : aussi nous vous invitons à un
débat sur « Le droit d'auteur à l'heure du numérique », que nous organisons
mardi 31 mars à 20h30. Nous vous promettons un temps de parole juste et
équilibré et une écoute respectueuse de vos arguments.



Et si cette date ne vous convient pas, faites nous part de vos
disponibilités : nous en programmerons une autre. La liberté d'expression,
ce n'est pas une rente. Cela demande du travail et des efforts, ce que
nous, pirates, ne ménageons pas.



Veuillez recevoir, Monsieur Dutilleul, l'expression de mes salutations
distinguées.



François Vermorel

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