[PP-discussions] L’enjeu

Frédéric Lecointre frederic.lecointre at burnweb.net
Dim 13 Déc 12:43:23 CET 2015


Article très dense ...

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Si Bashar reste, Hollande, Cameron, Erdogan et Obama sont passibles de
poursuites pour crime d’agression, crimes de guerre et crimes contre
l’humanité. A qui le tour ?

[...]

Crimes contre la paix, rien que ça ! Il ne s’agit pas seulement de
crimes de guerre ou de réparation pour des « dommages collatéraux ». Au
procès de Nuremberg, où furent condamnés à mort les principaux
responsables du régime nazi, le juge Robert H. Jackson, qui dirigeait
l’accusation déclarait solennellement : « Déclencher une guerre
d’agression, par conséquent, n’est pas seulement un crime international,
c’est le crime international suprême, lequel diffère seulement des
autres crimes de guerre en ce qu’il porte en lui l’horreur accumulée de
tous les autres ! » Jusqu’à présent, les gouvernements victimes de crime
d’agression de la part des USA ont toujours été éliminés, ou bien leur
plainte était jugée irrecevable car émanant d’un gouvernement
communiste, donc illégitime. Pendant dix-huit ans, les USA ont maintenu
un embargo effroyablement injuste contre le Viêtnam, pays littéralement
ravagé et presque anéanti par plus de vingt ans de guerre, de
bombardements, de destructions des terres arables et des forêts par des
millions de mètres-cubes de défoliants et de napalm, laissant derrière
eux des destructions incalculables, des millions de mines, de
« bombies » (petites mines des bombes à fragmentation), de morts, de
blessés, de veuves et d’orphelins, de malades incurables, etc. Condition
sine qua non de la levée de cet embargo : l’abandon par le Viêtnam de
toute poursuite pour crimes de guerre. L’embargo ne fut levé qu’en 1994,
lorsque le gouvernement du Viêtnam renonça effectivement et
définitivement à toute poursuite et à toute demande de réparations.

Au cours des dernières décennies, pour tous les pays qui ont précédé,
les piliers de l’OTAN étaient parvenus au prix des contorsions les plus
obscènes à obtenir l’aval de l’ONU. Pour l’Afghanistan, ils l’avaient
eu ; pour la Serbie, in extrémis (avec un pseudo génocide à Raçak) ;
pour l’Irak, ils l’avaient extorqué en mentant ouvertement sur les armes
de destruction massive ; en Libye ils avaient transformé une
« interdiction de survol » de l’est du pays en destruction intégrale de
toutes les capacités de défense du pays par les airs, en détournant le
sens d’une demi-phrase : « … par tous les moyens possibles… ». Mais pour
la Syrie ils n’ont rien ! La Syrie peut faire valoir la légitimité de sa
réponse militaire (quelles qu’en soient les méthodes) à une agression
armée organisée de l’extérieur par des puissances ennemies. La Russie
peut faire valoir la légitimité de son intervention au regard du droit
international.

L’Iran aussi. Mais les Occidentaux n’ont aucun droit d’intervenir en
Syrie en y soutenant une rébellion armée majoritairement constituée de
mercenaires capables d’exactions épouvantables pourvu qu’on les paye. Et
depuis l’intervention russe, les dossiers de preuves de l’implication
des pays de l’OTAN dans la déstabilisation de la Syrie depuis trois,
quatre ans (voire davantage) avant le début des manifestations de 2011
gonflent à vue d’œil. Rien, absolument rien n’était légitime ou
seulement défendable.

El la patate chaude commence tellement à sentir le roussi que tout le
monde la lâche. Les uns après les autres, les parlementaires français et
représentants politiques prennent leurs distances : « C’est pas moi, je
n’en étais pas, j’ai dit très tôt qu’il fallait renouer avec Assad et se
rapprocher de la Russie ! ». Aux USA, même chose : sénateurs et membres
du Congrès demandent à la CIA d’arrêter immédiatement son programme
secret en Syrie, dénoncent la décision d’Obama d’envoyer des forces au
sol et son obstination à contrecarrer l’offensive russe en parachutant
armes, munitions et conseillers militaires. Même Jimmy Carter, prix
Nobel de la paix comme Obama (et qui soutenait ouvertement les
dictatures sud-américaines) se vante d’avoir livré aux Russes des cartes
indiquant les positions des islamistes – déclaration confirmée par le
Kremlin, qui ne dit pas si ces renseignements lui étaient réellement
utiles. En UE, Merkel n’a guère tardé à plaider pour la suspension des
sanctions contre la Russie et un rapprochement avec les positions de la
Russie en Syrie. Aujourd’hui, partout, en Italie, en Espagne, même en
Angleterre – où les poursuites contre Blair pour les crimes commis en
Irak prennent une dimension nationale – des ténors de la politique
demandent qu’on cesse de soutenir les islamistes et pressent leurs
dirigeants de rejoindre les positions de Poutine : priorité Daesh ! Dans
le reste du monde, c’est l’indignation générale mais pour nos médias,
c’est « hors champ » et ça n’a aucun intérêt. Jusqu’à début novembre, il
n’y avait littéralement plus que l’Ukraine, Erdogan (en chute libre), la
CIA, l’OTAN et la pitoyable clique Hollandaise de Paris pour soutenir
encore les islamistes armés anti-Russes en Syrie. Même l’ASL rejoint les
Russes – on finissait justement par douter de son existence. « Le Roi
est nu ! »

http://www.investigaction.net/L-enjeu.html
-- 
Frédéric Lecointre


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