[PP-discussions] pp...) ...was :

[Garreau, Alexandre]

Le 02/11/2014 à 18h56, Fabien Abbadie a écrit :
> Autonomie avec du Wifi et des imprimantes 3D ?

Oui.

> De quoi sont faites les imprimantes 3D ?
> Pour simplifier :
> - plastique => pétrole, industrie pétrolière, raffineries, transport,
> géostratégie au Moyen-Orient dont politique militaire de garantie des
> approvisionnements etc.
> - électronique => plastique (cf ci-dessus), métaux, terre rares,
> mines, Chine, géostratégie etc.

Bon, non seulement tu ne sais pas ce que signifie autonomie, mais tu ne
sais pas ce qu’est une imprimante 3D non plus. Une imprimante 3D ça
requiert un ordinateur, des pièces en plastique, mais pas n’importe
lequel, un plastique qui peut être fondu par l’imprimante 3D,
écologique, peu cher, abondant, renouvelable, et non nocif, c’était dans
les guidelines du projet RepRap, et on l’a : les imprimantes 3D de type
RepRap utilisent du PLA, c’est-à-dire de l’acide polylactique, du
plastique d’origine végétale, à base d’amidon de maïs, et non de
pétrole. Pour le reste il faut des tiges solides pour une structure pas
trop coûteuse, mais certaines modifications permettent d’imprimer du
métal, du ciment, de la céramique voir des organes. Il est donc possible
d’imaginer une structure imprimable. Mieux, on peut faire une structure
sans métal, à terme, en utilisant des cellules pluripotentes induites et
en synthétisant des os animaux. Toutefois en attendant il existe déjà
des modèles de RepRap intégralement faits en plastique polymérique, sans
tiges de métal.

Les vrais composants limitants pour les imprimantes 3D artisanales
aujourd’hui sont deux : les moteurs et l’extrudeur. Toutefois on arrive
à imprimer de plus en plus de matériaux différent, et il devrait devenir
possible à l’aide de composés organiques complexes d’imprimer des
extrudeurs en un matériaux qui se durçit après fusion à l’extrudeur
thermique mais que ne refond pas ensuite (par polymérisation ou
stabilisation moléculaire), à l’image de la céramique. Ainsi l’extrudeur
pourrait être aussi réplicable. Pour les moteurs on a beaucoup de pistes
intéressantes sans métal, mais on a toujours besoin d’un
aimant. Certains imprimantes 3D devraient donc pouvoir remplacer leur
extrudeur par un outil capable d’usiner des aimants, lui-même imprimable
avec une telle RepRap.

Le problème de l’électronique existe et en effet restera problématique
tant qu’on arrivera pas à imprimer des semiconducteurs suffisamment
précisément. Mais des efforts pour le faire existent et se développent.

> L'"autonomie" correspond à une vie agricole ou de chasseur cueilleur
> type néolithique.

Déjà le néolithique c’est la période préhistorique où le mode de vie
chasseur–cueilleur a été *abbandonné* et où la vie agricole (ainsi que
les sociétés autoritaire, hiérarchiques, propriétariennes et
patriarcales) a commencé.

Et non, l’autonomie consiste à vivre sans avoir besoin de faire appel à
l’extérieur. Une autonomie technologiste est déjà possible aujourd’hui.

Ça c’est l’autonomie individuelle.

Ensuite on a aussi l’autonomie politique, ce que font les « autonomes »
(les totos quoi) dans les squats. On appelle ça autonomie aussi.

Enfin on a l’autonomie techno-économique pure, et l’atteindre au niveau
d’un foyer reste difficilement imaginable aujourd’hui. Néanmoins ça ne
m’étonnerait pas qu’elle soit déjà aujourd’hui atteignable au niveau
d’un village de taille moyenne.

> Au demeurant, l'"hétéronomie", l'échange, la rencontre, se définir par
> l'autre, avec l'autre, c'est aussi ça l'humanité.

Tu veux dire l’hétérotrophie ? :) Et oui, c’est un principe de base du
vivant, mais il s’applique seulement aux organismes individuels, qui
restent malgré ça en grande partie autonome — quoi que jamais
complètement ;) — et sont en soi des constructeurs universels (c’est ce
qui rend le vivant si beau, sa capacité à se répliquer et évoluer). Par
contre au niveau d’une société ce n’est pas désirable car pas
intéressant. Économiquement et surtout politiquement il est très
intéressant d’arriver à l’autonomie technoéconomique au niveau le plus
local possible. Là où l’hétérotrophie est intéressante c’est là où
l’humain est intéressant : non le physique mais le culturel,
l’intellectuel, tout ce qui est échange télécommunicatif. Libre échange
de données, mais aussi de population. *Ça* c’est intéressant.

Sinon, pour un petit cours d’étymologie : auto = tout seul, nomie =
règles. L’autonomie c’est donc se choisir ses propres règles pour être
indépendant du reste, ne pas avoir à subir les règles et l’autorité des
autres. C’est donc un principe pleinement libertaire, dans la ligne
politique du parti pirate donc.

« Hétéronomie » au contraire signifirait « ne suivre que les règles
d’autrui », et signifierait donc « autorité », c’est donc un principe
pleinement autoritaire, associable à ce que fait le capitalisme et
l’État aujourd’hui, et qui a créé les institutions propriétariennes et
patriarcales : le concept politique d’« hétéronomie », c’est-à-dire
d’autorité, est d’ailleurs véritablement celui qui a conduit
psychosocialement aux émergeances des premiers patriarcats qui ont
conduits aux premières institutions de propriété et de hiérarchie. Il
est intéressant de lire l’analyse d’Engels sur l’apparition de la
propriété, de la famille et du patriarcat, et son lien avec l’évolution
économique au cours de l’histoire.
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