[PP-discussions] Mediapart : Orange veut licencier un lanceur d’alerte.

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Lun 30 Juin 10:10:19 CEST 2014


  Orange veut licencier un lanceur d’alerte

29 juin 2014 |  Par Michel Deléan
<http://www.mediapart.fr/biographie/165371>

Après avoir dénoncé une série de soupçons de malversations au sein de
son entreprise, Yves Garcia est menacé par une procédure disciplinaire.
Il est convoqué lundi 30 juin à l'inspection du travail, Orange ayant
demandé son licenciement.

Yves Garcia, un cadre travaillant chez Orange et qui s’est
progressivement mué en lanceur d’alerte, est actuellement l’objet de
mesures de rétorsion de la part de son employeur qui risquent d’aboutir
à son licenciement. Cet homme de 60 ans, défendu par l’avocat Norbert
Tricaud et le syndicat Unsa, dont il est responsable de section, a
comparu en commission consultative paritaire (CCP) disciplinaire le 23
mai dernier, et il est convoqué le 30 juin à l’inspection du travail
dans le cadre d’une « enquête contradictoire », Orange ayant déposé une
demande d’autorisation de licenciement.

Yves Garcia assure que son employeur veut, en fait, lui faire payer des
démarches qu’il a effectuées à bon droit et de bonne foi, tant au sein
de l’entreprise qu’en direction de la justice. Il a notamment déposé une
plainte récemment auprès du procureur national financier, Éliane Houlette.

Entré en 1998 chez France Télécom (devenue Orange), Yves Garcia a mené
une carrière sans histoire, d'abord dans la logistique puis le secteur
commercial, cela jusqu’aux années 2007-2008, quand il est expatrié en
Guinée-Équatoriale. Il dépend alors de la société Getesa (une filiale de
France Télécom-Orange), à Malabo.

Les soucis commencent en 2008, quand Yves Garcia est chargé par son
employeur de résoudre une affaire épineuse, que Getesa qualifie alors
prudemment de /« relation extra-conjugale »/ d’un expatrié français avec
une jeune Guinéenne, et ayant donné lieu à une naissance non reconnue.
/« La jeune fille n’avait que 14 ans, il s’agissait ni plus ni moins que
d’un viol sur mineure »/, affirme Yves Garcia à Mediapart. Celui-ci
s’est démené pour que l’enfant soit reconnue et la jeune mère indemnisée.

Mais cette reconnaissance de paternité, censée mettre un terme à
l’affaire, ne lui suffit pas, loin de là. Il décide d’alerter le siège
d’Orange sur le dossier complet, et sur le risque pénal encouru par
l’entreprise, comme l’ont raconté /L’Express/ et /Le/ /Canard enchaîné/.

En Guinée-Équatoriale, Yves Garcia fouine aussi dans certaines
opérations commerciales et financières qui lui paraissent suspectes. La
filiale Getesa aurait ainsi réglé des prestations surfacturées à des
sous-traitants locaux, avec la complicité de certains dirigeants
français de l’entreprise, accuse-t-il. Il dit aussi avoir mis au jour un
important système de détournement de cartes à gratter prépayées.

Yves Garcia en fait-il trop aux yeux de certains ? En 2008, il est muté
en République centrafricaine, chez Orange. Là encore, il continue à
mettre son nez dans les comptes, et détecte des soupçons de corruption.
Curieusement, il échappe alors de peu à une arrestation et à une
extradition vers la Guinée-Équatoriale, un régime qui n’est pas des plus
démocratique
<http://www.mediapart.fr/journal/international/260612/biens-mal-acquis-mandat-darret-contre-le-fils-du-president-obiang?onglet=prolonger>.
/« Après son départ de Malabo, un dossier a été monté contre lui et cela
a abouti, sans qu’il en soit informé, et en son absence, à un procès et
à une peine de prison »/, explique Norbert Tricaud, le défenseur d’Yves
Garcia.

De fait, la direction équato-guinéenne de Getesa l’avait dénoncé aux
autorités de Malabo. /« Je n’ai réussi à m’enfuir que grâce à des
amis »/, raconte Yves Garcia, qui assure ne pas comprendre pourquoi son
employeur ne l’a pas prévenu de cette procédure judiciaire qui a failli
l’expédier en prison.

À Bangui, là encore, il met son nez dans les comptes, et assure
découvrir des faits de corruption. Pour finir, il est muté au Niger en
2010. Et il pose encore des questions. Yves Garcia estime que cela lui
vaut d’être rapatrié en France en 2011, et /« placardisé »/ depuis lors.
Ce qui ne l’empêche pas de découvrir, assure-t-il, des bizarreries dans
les flux financiers du système Orange Money, un système de transferts de
fonds d’un ordinateur vers un téléphone portable, au moyen d’unités de
valeur, très utilisé en Afrique de l’Ouest.


    Une plainte classée par le procureur financier

Le 23 mai, Yves Garcia et M^e Tricaud ont adressé une plainte simple au
procureur national financier, Éliane Houlette, synthétisant des soupçons
de malversations repérés dans plusieurs pays d’Afrique où il a
travaillé, ainsi que d’autres qui lui ont été transmis par des collègues
(notamment en République démocratique du Congo, au Ghana, en Afrique du
Sud et en Ouganda).

Les faits visés par la plainte sont qualifiés de « faux », « abus de
biens sociaux », « présentation de comptes inexacts », « diffusion
d’informations fausses ou trompeuses », « escroquerie en bande
organisée », « détournements de fonds publics », « trafic d’influence »
et « corruption ». Le raisonnement étant, en résumé, que des
malversations éventuellement commises dans des filiales étrangères
fausseraient les comptes consolidés du groupe Orange.

Cette plainte a été classée « sans suite » le 13 juin, faute d’éléments
suffisants aux yeux du parquet financier. Mais selon Norbert Tricaud,
son avocat, Yves Garcia compte revenir à la charge en déposant une
nouvelle plainte, avec constitution de partie civile cette fois

Auparavant, Yves Garcia s’était déjà manifesté dans le dossier
judiciaire de « viol sur mineure » ouvert à Paris, dans lequel il estime
que des faux ont été produits pour modifier l’âge de la victime. Suite à
la destruction du disque dur de son ordinateur portable par sa
hiérarchie, il avait auparavant déposé une première plainte qui avait
été classée sans suite.

Il avait alors déposé une autre plainte, avec constitution de partie
civile, pour des faits présumés de « subornation de témoins »,
« destruction de preuves » et « entrave à la justice ». Ce dossier a été
confié à la juge d’instruction parisienne Raphaëlle Agenie-Fecamp en
janvier dernier, et suit encore son cours, malgré des réquisitions de
non-lieu prises récemment par le parquet de Paris.

Dans le cadre de la procédure de licenciement « pour cause réelle et
sérieuse » engagée par Orange contre Yves Garcia, dont Mediapart a pu
prendre connaissance, l’entreprise dément catégoriquement avoir couvert
quelque affaire de malversation que ce soit, et conteste la plupart des
affirmations de ce salarié rebelle. La direction des ressources humaines
reproche notamment à Yves Garcia d’avoir diffusé par mail, à vingt
personnes, un courrier adressé le 2 avril 2013 à Stéphane Richard, le
PDG d’Orange, /« qui met en cause la direction de l’entreprise, ses
produits et ses services »/.

Selon Orange, les /« allégations »/ contenues dans ce courrier ont été
/« largement diffusées dans l’intention de porter atteinte à l’image de
France Télécom-Orange, de ses dirigeants et de ses produits, M. Garcia
ayant parfaitement conscience de leur inexactitude »/.

En ce qui concerne les affaires de la Guinée-Équatoriale, Orange assure
que toutes les alertes ont reçu une réponse. L’entreprise dit avoir
/« pris l’initiative de mettre en place plusieurs actions pour lutter
contre la fraude et la corruption »/, bien qu’elle ne soit
/« qu’actionnaire minoritaire de sa filiale Getesa »/, et qualifie
d’/« infondées »/ certaines accusations de corruption lancées par Yves
Garcia, comme le fait qu’il ait été mal défendu dans le procès de Malabo.

Par ailleurs, les /« allégations »/ lancées par Yves Garcia sur le
lancement du produit Orange Money en Afrique de l’Ouest sont
/« fausses »/, /« destinées à nuire à un produit phare de la zone»/, et
/« portent atteinte à la réputation de l’entreprise »/, fait valoir
Orange auprès de l’inspection du travail. En amont, le comité de
déontologie avait estimé que les faits que dénonçait le lanceur d'alerte
n’étaient pas établis.

Quoi qu’il arrive, si Yves Garcia devait être licencié, M^e  Tricaud
prévient qu’il adressera immédiatement un recours au ministre du travail.








Le 30/06/2014 09:57, Hugo / Thamior a écrit :
> Bonjour,
>
> N'ayant pas accès à Mediapart je ne peux pas voir l'article dans son
> intégralité:
> http://www.mediapart.fr/journal/international/290614/orange-veut-licencier-un-lanceur-d-alerte
>
> Avons-nous des gens abonnés ?
> Des personnes sont-il au courant de cette affaire ?
>
> Est-ce que le PPfr peut réagir ?
>


-- 
Pir@@@tement,
Jeey

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