[PP-discussions] Mediapart : l'hopital public fossoyeur des lanceurs d'alerte
Larose75
Larose75 at partipirate.org
Mar 1 Juil 16:34:42 CEST 2014
pour un travail objectif il aurait fallu avoir la position de
l'administration de l'hopital
On 01/07/2014 09:13, Nicolas B wrote:
> Pour le cas précis, il s'agit surtout d'un mélange mal sain
> publique/privé sur l'usage d'un équipement de l’hôpital.
>
>
> Le 1 juillet 2014 15:20, Larose75 <Larose75 at partipirate.org
> <mailto:Larose75 at partipirate.org>> a écrit :
>
> le problèmes de fond, c'est l'extreme selection au debut du parcours
> paces et un système de selection, géré au final par les medecins,
> qui veulent protéger leurs avantages acquis, et qui empechent le
> renouvellement dans cette profession. Ceci cumulé à la facilité pour
> les politiques de juguler le budget de la sécurité sociale sans
> s'attaquer aux réels dossiers (taxe sur les produits financiers,
> ..), et on aboutit a un hopital qui peut plus faire d'irm
>
> On 01/07/2014 09:03, Sophie L. wrote:
>> Très intéressant.
>> Montre bien qu'Irène Frachon est une exception, puisqu'elle a pu
>> agir avec le soutien de ses supérieurs de Brest. de façon
>> générale, le problème, aussi bien dans le public, mais encore plus
>> dans le privé, reste entier.
>>
>> Crocs_bleus
>>
>>
>> Le 30 juin 2014 12:17, "Jérémy \"Jeey\" PP" <jeey_ppmp at jeey.net
>> <mailto:jeey_ppmp at jeey.net>> a écrit :
>>
>> Mediapart fait dans le lanceur d'alerte aujourd'hui !
>>
>> http://www.mediapart.fr/journal/france/300614/l-hopital-public-fossoyeur-des-lanceurs-d-alerte
>>
>>
>>
>> L’hôpital public, fossoyeur des lanceurs d’alerte
>>
>> 30 juin 2014 | Par Caroline Coq-Chodorge
>>
>> Le médecin DIM de l’hôpital de Saint-Malo est /« au
>> placard »/, le responsable de la filière AVC du CHU de
>> Strasbourg est devenu/« transparent » /: nous avions enquêté
>> il y a quelques mois sur ces deux lanceurs d’alerte. Leurs
>> carrières sont aujourd’hui ruinées. Les dysfonctionnements
>> dénoncés ont été étouffés et des patients se retrouvent pris
>> dans cette spirale de discrédit.
>>
>> Le professeur Christian Marescaux a cette définition du
>> cynisme : /« Je n’ai pas cette manière d’être cool,
>> supposément équilibré, qui permet de tout relativiser. »/ Et
>> cet autoportrait, presque désobligeant : /« Il faut avoir une
>> certaine rigidité de caractère pour ne pas supporter
>> l’injustice. »/ Voilà ce qui distingue, et isole, le lanceur
>> d’alerte. L’ancien responsable de la filière AVC (accident
>> vasculaire cérébral) du CHU de Strasbourg en fait aujourd’hui
>> l’expérience douloureuse. En janvier dernier, il dénonçait
>> dans Mediapart un accès problématique des urgences aux IRM
>> (imagerie par résonance magnétique) du CHU de Strasbourg, en
>> partie occupées par les consultations privées des radiologues.
>> Les alertes du professeur Marescaux sont restées sans effet,
>> comme les plaintes de trois patients.
>>
>> Christian Marescaux est aujourd’hui /« transparent. Je
>> n’existe plus. Je n’ai plus aucune autorité sur mon service.
>> Je me contente de mes consultations et de cours à
>> l’université. L’hôpital peut dire que c’est mon choix, puisque
>> j’ai accepté de prendre du recul. Si j’avais continué à gérer
>> la filière AVC, cela aurait été un handicap pour les patients.
>> Mais cela n’a rien réglé : les difficultés d’accès aux IRM ont
>> encore augmenté ! »/ Plus grave, /« les internes refusent de
>> rejoindre le service, trois postes sont vacants »./
>>
>> C’est toute la filière neurologique du CHU qui est désormais
>> fragilisée. Car elle vient aussi de perdre son chef du service
>> de neurochirurgie*, décédé à la fin du mois de mai d’un
>> malaise cardiaque. En janvier dernier, il nous avait confié
>> sa/« souffrance professionnelle » /: /« Il faut sans cesse se
>> déplacer, discuter, insister, pour obtenir une IRM. Pour une
>> tumeur, on nous propose un rendez-vous dans 15 jours ou 3
>> semaines : c’est trop tard ! Et après une opération, on nous
>> refuse des IRM de contrôle. Cela fait des années qu’on
>> travaille ainsi, en mode dégradé, alors qu’on livre de vraies
>> batailles pour nos patients. Depuis un an, la situation est
>> encore plus difficile, c’est insoutenable. »/ En janvier, ce
>> professeur était à la fois/« désolé et content »/ que ce
>> conflit entre les services de neurologie et de radiologie soit
>> rendu public : /« Au moins, ça va bouger »/, a-t-il espéré, en
>> vain.
>>
>> À Saint-Malo non plus, rien ne bouge. /« Je suis au placard
>> depuis janvier. J’ai un poste de médecin hygiéniste, un
>> bureau, mais rien à faire. Je ne reçois aucun coup de fil,
>> aucun courrier, je n’ai aucune relation professionnelle »,/
>> raconte Jean-Jacques Tanquerel. Il a été longtemps été le chef
>> du département d’information médicale (DIM) de l’hôpital. Il a
>> même été chef de pôle, le poste médical le plus important à
>> l’hôpital. En septembre dernier, après des tentatives répétées
>> d’alerte en interne, auprès de la direction comme du corps
>> médical, il a publiquement dénoncé l’exploitation par une
>> société privée des dossiers des patients, au mépris du secret
>> médical. Nous lui avions alors consacré une enquête
>> <http://www.mediapart.fr/journal/france/211013/hopital-le-secret-medical-bafoue-au-profit-du-prive>.
>> Il pouvait s’appuyer sur le soutien de l’Ordre des médecins et
>> sur un avis de la Commission nationale de l'informatique et
>> des libertés (Cnil), mettant en demeure l’hôpital de mettre
>> fin à ces pratiques. Neuf mois plus tard, la société privée
>> dont il a dénoncé les pratiques continue à travailler à
>> Saint-Malo, sous l’autorité d’un médecin DIM plus arrangeant.
>> L’administration a tenté d’exfiltrer Jean-Jacques Tanquerel de
>> Saint-Malo en lui proposant des postes qu’il a refusés,
>> puisque /« aucune justification n’a été donnée à mon éviction
>> du poste de DIM, aucune faute ne m’a été reprochée »/.
>>
>> Il a mis à profit ses heures vides à l’hôpital pour écrire un
>> livre, /Le Serment d’Hypocrite/. Il y parle du rôle central
>> des médecins DIM, de la pression qu’ils subissent en période
>> de disette budgétaire puisque, dans le système de tarification
>> à l’activité
>> <http://www.sante.gouv.fr/financement-des-etablissements-de-sante,6619.html>,
>> de leur travail de codage informatique des actes médicaux
>> dépend le budget de l’hôpital. Il décrit cette spirale qui
>> pousse la plupart des établissements français, publics et
>> privés, à s’asseoir sur une règle éthique élémentaire, le
>> secret médical. La limite est aussi mince, explique-t-il,
>> entre l’optimisation et le surcodage, qui est une fraude à
>> l’assurance maladie. Il ne cache pas non plus les menaces et
>> les intimidations qu’il subit, et même sa /« mise à mort »/
>> professionnelle. L’hôpital a porté plainte pour diffamation,
>> et perdu le 30 mai dernier, condamné à payer 1 500 euros à
>> Jean-Jacques Tanquerel et 1 500 euros à sa maison d’édition.
>> Et voilà que le conseil départemental de l’Ordre des médecins
>> porte à son tour plainte pour/« propos mensongers et
>> manquement à mon devoir de confraternité. C’est la loi du plus
>> fort, je suis découragé »/, souffle-t-il.
>>
>>
>> Ne « jamais aborder le problème de fond »
>>
>> À Strasbourg, contre Christian Marescaux, il n’y a aucune
>> plainte. Il le regretterait presque : /« Les menaces ne sont
>> jamais frontales. On cherche à ancrer l’idée d’une fragilité
>> psychologique, d’une paranoïa. On dit de moi que j’ai été
>> interné à l’hôpital psychiatrique de Rouffach. En réalité, j’y
>> ai travaillé trois ans, nuance… Mais les rumeurs tournent très
>> bien. »/
>>
>> Quant à la jeune Alexandra Belhadj, 24 ans, elle se veut
>> au-dessus de ça, mais tout de même : /« Mon père commence à en
>> avoir assez d’entendre dire que sa fille a des problèmes
>> psychologiques. »/ Dès la prise en charge d'Alexandra Belhadj
>> aux urgences du CHU, le 13 avril 2010, le diagnostic
>> psychiatrique est privilégié pour expliquer ses forts maux de
>> tête et ses fourmillements dans tout le corps, qui évoluent
>> très vite vers une tétraplégie. Elle présente pourtant tous
>> les signes cliniques d’un AVC. Mais elle attendra 16 heures
>> avant de passer une IRM, l’examen de référence, qui aurait dû
>> être réalisé en urgence. Parce que le cliché est d’abord mal
>> lu, elle passe une /« nuit d’enfer »/ à l’hôpital, seule dans
>> une chambre, entièrement paralysée et en détresse
>> respiratoire. Ce n’est que le lendemain qu’un neurologue
>> repère enfin l’AVC sur le cliché de l’IRM. Alexandra sera
>> alors immédiatement envoyée en réanimation et mise sous
>> assistance respiratoire. Elle mettra de longs mois à récupérer
>> une partie de sa motricité.
>>
>> Aujourd’hui handicapée à 79 %, elle doit se réinventer une vie
>> de jeune femme. Mais quatre ans après, elle attend toujours
>> une reconnaissance de son accident médical par la chambre
>> régionale de conciliation et d’indemnisation (CRCI)./« Cet
>> hôpital nous traite comme des malpropres,/ s’emporte Noredine
>> Belhadj, le père d’Alexandra. /Ils veulent nous avoir à
>> l’usure. »/ La première expertise lui était défavorable, mais
>> Christian Marescaux est intervenu pour la faire casser.
>> Depuis, Alexandra est ballottée d’expertise en expertise, plus
>> ou moins favorables. La dernière, rendue en avril, reconnaît
>> le retard dans la prise en charge (il était d’abord nié). Mais
>> l’expert, qui a suivi l’avocat de l’hôpital, estime qu’une
>> prise en charge immédiate /« n’aurait, en rien, changé
>> l’importance des troubles, et l’importance des séquelles »./
>> Au cours de l’expertise, un médecin extérieur à l'affaire a
>> déclaré/« sentir la magouille à plein nez »/ devant l’ensemble
>> de la commission, Alexandra, son avocat et sa famille…
>>
>> Alexandra vient de recevoir l’avis de la CRCI : elle lui
>> refuse toute indemnisation. /« C’est hallucinant »/, se désole
>> Christian Marescaux. /« C’est incroyable, injuste, mais
>> tellement prévisible,/ soupire Alexandra. /Tout le monde sait
>> que ma prise en charge est allée de catastrophe en
>> catastrophe, de nombreux médecins l’ont reconnu,/
>> assure-t-elle. /Il n’y a eu aucune humanité lors de ma prise
>> en charge aux urgences. Mais depuis qu’on demande des comptes
>> à l’hôpital, c’est de pire en pire. Qui accepterait que son
>> enfant soit traité ainsi par le service public ? »/ Elle est
>> aujourd’hui prête à aller au tribunal administratif, même si
>> elle n’y croit/« plus vraiment »./
>>
>> Pour Christian Marescaux, l’hôpital le disqualifie et entrave
>> les procédures d’indemnisation des patients pour ne/« jamais
>> aborder le problème de fond »./ Même constat à Saint-Malo :
>> /« La direction essaie de faire croire que le recours à cette
>> société privée, donc ma mise à l’écart, est la seule manière
>> pour l’hôpital de redresser ses comptes,/ estime Jean-Jacques
>> Tanquerel. /Mais c’est faux, ces sociétés coûtent horriblement
>> cher. Il faut donner des moyens au médecin DIM, qui doit
>> rester le garant du secret médical. »/
>>
>> Le directeur général des hôpitaux universitaires de
>> Strasbourg, Jean-François Lanot, a refusé notre demande
>> d’interview et semble incapable de trancher le conflit qui
>> gangrène les services neurologie et de radiologie. L’Agence
>> régionale de santé (son directeur, Laurent Habert, a lui aussi
>> refusé de répondre à nos questions), tutelle de l’hôpital,
>> semble atteinte par la même paralysie. À Saint-Malo, devant la
>> communauté médicale, le directeur, Jean Schmid, a été clair :
>> /« C’est lui ou moi »/, rapporte Jean-Jacques Tanquerel.
>>
>>
>> « Le venin et la boue »
>>
>> Une histoire a/« fortement impressionné »/ Christian
>> Marescaux. C’est la pneumologue Irène Frachon qui la lui a
>> racontée. En 1978, le médecin Olivier Roujansky a le premier
>> porté plainte contre le laboratoire Servier pour publicité
>> mensongère pour son coupe-faim, Pondéral, l’ancêtre du
>> Mediator. Le Dr Roujansky a publié ses recherches sur la
>> véritable nature de ce coupe-faim, un dérivé de
>> l’amphétamine./« Quand j’ai débuté au CHU de Strasbourg, il
>> était considéré comme un fou, personne ne voulait travailler
>> avec lui »/, souffle Christian Marescaux, ahuri. Irène
>> Frachon, qui a dénoncé en 2010 l’escroquerie du Mediator, a
>> apporté son soutien à Christian Marescaux, non pas sur le fond
>> – /« Je ne connais pas le détail de cette histoire »/ –, mais
>> parce qu’elle recueille sans cesse/« des histoires de médecins
>> qui mettent en cause l’institution hospitalière et le corps
>> médical, qui sont intimidés, ligotés, mis au placard. On en
>> arrive très vite à des techniques de harcèlement. C’est d’une
>> violence absolue ». /Le monde médical et hospitalier a,
>> explique-t-elle, /« des réactions de corps, collectives et
>> synergiques. Individuellement, ce sont souvent des gens bien.
>> Mais ils se défendent ainsi contre la violence de ce métier,
>> qui peut avoir des conséquences très graves sur le plan
>> médico-juridique. Quand l’affaire du Mediator a éclaté, la
>> majorité des médecins se souciaient moins des patients que de
>> leurs plaintes. Beaucoup de médecins considèrent que les
>> accidents sont le prix à payer : on ne peut pas faire
>> d’omelette sans casser des œufs »./
>>
>> William Bourdon, auteur de la tribune /Une plate-forme de
>> protection des lanceurs d’alerte/, co-écrite avec Edwy Plenel
>> et parue dans /Le Monde/
>> <http://abonnes.lemonde.fr/idees/article/2014/04/23/une-plate-forme-de-protection-des-lanceurs-d-alerte_4405575_3232.html>,
>> a récemment publié un /Petit manuel de désobéissance civile/,
>> pensé comme un /vade-mecum/ à l’intention du lanceur d’alerte.
>> D’Irène Frachon à Edward Snowden, il décrit /« le venin et la
>> boue »/ jetés pour les disqualifier, l’expérience qu’ils font
>> /« dans leur chair, leur vie familiale, de ces campagnes de
>> discrédit »./ Il les incite à la/« vigilance »,/ à/« évaluer
>> par tous les moyens l’impact »/ de leurs révélations. William
>> Bourdon a accepté de défendre le médecin DIM de Saint-Malo,
>> Jean-Jacques Tanquerel. Il constate /« le raidissement
>> dramatique de la hiérarchie hospitalière. On est dans une
>> spirale de défiance »./ Face à de telles situations de
>> blocage, et d’isolement des lanceurs d’alerte, il est
>> convaincu qu’il faudra/« créer une autorité indépendante »/.
>>
>> Il n’est pas le seul. Les Assises du médicament, réunies en
>> 2012 à la suite du scandale du Mediator, proposaient
>> de/« créer un statut du lanceur d’alerte »/, de /« donner un
>> délai de réponse impératif aux autorités sanitaires »/, et de
>> créer/« une instance d’appel »/. Ces préconisations n’ont pas
>> été mises en œuvre. La loi du 16 avril 2013, à l’initiative
>> des Verts, créée une Commission nationale de la déontologie et
>> des alertes en matière de santé publique et d'environnement.
>> Faute de décret d’application, la loi reste pour l’instant
>> lettre morte.
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