[PP-discussions] Optimisme pour la diplomatie sportive : le résultat du match France-Ukraine

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Dim 17 Nov 01:24:03 CET 2013


Damien,

nous sommes bien d'accord, il ne s'agit nullement d'empêcher qui que ce soit de pratiquer l'activité physique de son choix et, pour y parvenir, de restreindre son besoin de se doter des (infra)structures qui désirées par les pratiquants mais de s'interroger sur ce que représente dans nos sociétés ce que l'on appelle généralement "le sport". Sous cet angle, cet ensemble d'activités collectivement désigné par le vocable de "sport", offre une excellente entrée pour réfléchir à la triple problématique de la gouvernance (transparence et non cumul), du positionnement (diplomatique et économique) et de l'articulation au fait social (public/privé, gratuité/commercialité, santé/performativité).

Principale activité récréative qui'sagise de pratiques personnelles individuelles ou collectives ou de consommations spectaculaires, le sport est un phénomène central dans la vie quotidienne de nos sociétés. Il génère et soutient un secteur d'activité économique considérable (biens dans la bêtiment et les produits manufacturés et services : publicité et transport…) et soulève des questions éthiques bien identifiées (dopage, sélection, altération physique, reconversion donc formation continue…) mais plus fondamentalement le sport interroge aussi les notions "très diplomatiques" de frontières : en effet, comment organiser un championnat du monde en l'absence (hypothétique pour le moment) de frontières nationales clairement définies par exemple, ou bien comment gérer les groupes humains ne disposant pas d'un état (les kurdes ou… les bretons) ? Doivent-ils se satisfaire de l'indistinction culturelle produite par le cadre légal actuel ou pas ?

Entre outre, le poids des grandes institutions sportives telles que le CIO ou la FIFA mériterait d'être comparé à celui d'états puissants et, à cette aune, leur influence pourrait être mesurée à l'aide d'outil ordinairement réservés à l'évaluation des mécanismes de gouvernance démocratique. Les constatations menacent d'être intéressantes puisqu'au sein du CIO lui-même règne la plus parfaite opacité : tous ses membres étant cooptés sur la base d'aptitudes qui n'ont donné lieu à aucune définition objective. À titre d'exemple, le financement d'équipements sportifs (stades, voirie de desserte, terminaux de transport spécialisé) susceptibles de satisfaire aux "normes internationales" (édictées par le CIO évidemment) représente le moyen de prédilection pour certains gouvernements de mettre en place des mécanismes de corruption qui conditionnent leur obtention au moment de l'exécution des marchés (on peut se demander à juste titre ce qui se passe exactement avec les profits réalisés au Qatar par les entreprises convaincus de pratiquer l'esclavage caractérisé), sans parler de la corruption 'ordinaire" à laquelle donne lieu l'attribution de telle ou telle compétition et qui est un phénomène mieux étudié parce que plus ancien : Salt Lake City, mais plus précisément et plus près de nous, les problèmes actuels en matière de finance publique rencontées par la Grèce ne peuvent pas être déconnectés de la gestion des derniers Jeux Olympiques organisé par ce pays. L'obtention et le traitement de sommes considérables n'ont pu l'être qu'autant qu'il a été possible d'altérer au plus haut niveau la sincérité de la comptabilité nationale grecque, ouvrant la porte à la faillite du pays avec les conséquences que l'on déplore.

En France cette fois, la préparation de l'Euro de football a conduit les édiles de plusieurs grandes villes à se lancer dans la rénovation ou, carrément, la construction de nouveaux stades dont la rentabilité est plus qu'incertaine. Le financement et la maintenance restera à la charge desdites communes donc de leurs habitants durant des années sans que l'économie des projets retenus n'offrent de garanties sérieuses en terme d'externalités économiques positives. La technologie compte pour beaucoup dans ces réalisations or les options prises (vis-à-vis du logiciel libre entre autre) ne sont pas explicitement favorables à un développement des structure locales, nationales ou européennes. Cette dernier niveau dans le cadre d'une compensation budgétaire étant la dernier ressort au delà duquel les grands projets d'équipement sportifs présentent un solde négatifs. sefvent-ils d'autres intérêt qui échapperaient aux administré-e-s de Lille, Lyon, Nantes ou Marseille ?

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Exemple de l'Euro 2016, dont le déroulement concerne la mandature des élus municipaux qui se présenta à l'élection de 2014

Selon les informations disponibles, l'accueil par la France de l'Euro 2016 implique la livraison du :
Grand Stade de Lille Métropole : 	324 millions d'euros ± 30%
Stade Allianz Riviera, à Nice : 		217 millions d'euros ± 10%
Stade des Lumières à Lyon : 		385 millions d'euros ±   5%
Stade Bordeaux Atlantique : 		184 millions d'euros ± 10%
et la rénovation du : 
Stade Vélodrome à Marseille : 		267 millions d'euros ± 12%
Parc des Princes à Paris : 		 70 millions d'euros ± 10% (informations très opaques)
Stade Felix-Bollaert à Lens : 		 70 millions d'euros ± 10%
Stadium de Toulouse : 			 35 millions d'euros ± 20%
Stade Geoffroy-Guichard à Saint-Étienne : 70 millions d'euros ± 8%

Soit l'engagement d'un investissement (en infrastructure) pour un total de 1 622 000 0000 € 
(mille six cent vingt deux millions d'euros - estimations basses seulement hors tout dépassement).

Investissements en face duquel les édiles et leurs financiers n'auront pas manqué de comptabiliser en recette :
l'achat des droits de diffusion des matches de l'Euro 2016 par BeIN Sport, TF1 et M6 ont  pour 110 millions d'euros,
le merchandising direct (hors impact SHR et transport) correspondant à trois fois le volume de ces droits de diffusion pour 330 millions d'euros,
et enfin la billeterie avec les ventes de tickets pour les cinquante et un (51) matches à raison de cinquante mille (50 000) spectateurs payant le plein tarif à 200 € l'unité pour un total de 510 millions d'euros.

La recette brute ainsi comptabilisée s'élève à 990 millions d'euros, après application d'un taux de marge (assez optimiste) de 40 % (quarante pour cent)
à une recette nette 396 millions d'euros correspondant à une couverture de 24,41 % de l'opération, hors aléas. 

Il reste donc à charge des collectivités : 1 226 000 000 € (mille deux cent vingt six millions d'euros) : plus d'un milliard d'euros !

Pour ne pas noircir inutilement la présentation (nous sommes très loin des chiffres réels de l'économie du projet), en effet nous avons "neutralisé" les coûts de fonctionnement générés par l'évènement lui-même mais, même optimisé de la sorte, la question se pose de savoir qui a décidé dans les circonstances économiques actuelles d'endetter les collectivités locales pour un tel montant et au bénéfice de qui ou de quoi ?

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La pratique sportive à a été revivifiée par l'institution militaire après la défaire de 1870 au détriment des arts. La prééminence du sport sur les sociétés orphéoniques : chant choral, par exemple a conduit les communes à construire plus volontiers des stades et des gymnases que des salles concert ou de répétition en prévision de 1914 que nous "fêtons" actuellement (?).

Le sport s'impose en temps de paix comme l'un des principaux vecteurs de communication diplomatique. C'est pourquoi il est cohérent qu'un parti politique, se positionnant au delà des incantations traditionnelles sur les bienfaits de l"activité physique à l'occasion des inaugurations de salles polyvalentes, définisse ce en quoi sa vision diplomatique est impactée par sa conception du sport, qu'il s'agisse du sport de masse, du sport de haut niveau ou du sport-spectacle à destination des spectateurs des mass media et, par retour, ce en quoi la vision politique du parti politique qui s'exprime modifierait la diplomatie conduite par le pays.

La diplomatie, en particulier la diplomatie du sport (Ping Pong Mao Nixon), est un moyen d'adresser un message aux sponsors de toutes sortes qui ne sont pas les derniers utiliser à ce "véhicule bankable" pour peser sur la société et sa manière de se projeter à l'international.

Bien à toi.

TXO

Le 16 nov. 2013 à 20:59, Damien a écrit :

> Si je serai plutôt dans le même sens, il ne faut pas oublier que la fédération, c'est des centaines de milliers de licenciés aussi et pas seulement les 22/26 ploucs qui sont censés nous représenter niveau football.
> Il est certain qu'une autre forme de gouvernance peut s'appliquer, mais encore faudrait-il que quelqu'un la propose au niveau adéquat... Là est le problème.
> 
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