[PP-discussions] Mediapart le premier média pirate ?
Larose75
splaissy at gmail.com
Mer 20 Mar 17:34:24 CET 2013
ben en tout cas moi je viens de m'abonner car la révélation de l'affaire
cahuzac est édifiante
découvrir des labos pharmaceutique derrière un ministre du budget
socialiste me laisse pantois
et donc pour favoriser l'open data, je commence par remercier de vrais
journalistes pirates
et hop : copier coller pour mes copains pirates :
http://www.mediapart.fr/journal/france/190313/sur-la-piste-de-largent-des-laboratoires
La justice se lance sur la piste de l'argent que Jérôme Cahuzac a
touché, pendant des années, au service de laboratoires pharmaceutiques.
L'enquête devra dire si ces émoluments -- essentiellement engrangés dans
les années 1990 -- ont tous été déclarés au Fisc ou clandestinement
placés en Suisse ; s'ils ont servi d'autres objectifs que
l'enrichissement personnel; s'ils ont été versés par les labos en
échange de simples conseils ou d'actions de lobbying guère avouables,
ayant permis à des firmes pharmaceutiques de mettre sur le marché des
médicaments inutiles et coûteux pour la Sécurité sociale.
Le communiqué du procureur de Paris, publié mardi 18 mars, insiste en
tout cas sur ce volet jusqu'ici négligé par la presse (malgré les
premières révélations du /Parisien/
<http://www.leparisien.fr/politique/quand-cahuzac-conseillait-les-labos-20-12-2012-2422845.php>
et de Mediapart
<http://www.mediapart.fr/journal/france/201212/jerome-cahuzac-lami-du-roi-des-labos-pharmaceutiques?page_article=2>,
dès le mois de janvier). En particulier, le parquet révèle les
déclarations d'un témoin (dont l'identité n'est pas précisée), ayant
indiqué aux enquêteurs /« qu'il lui avait été rapporté que les sommes
versées sur ce supposé compte (suisse) proviendraient de laboratoires
pharmaceutiques »/.
La formulation reste très prudente, mais les enquêteurs pourraient bien
avoir amassé d'autres éléments puisque l'information judiciaire, ouverte
mardi, vise non seulement des faits de /« blanchiment de fraude
fiscale »/, mais aussi la /« perception par un membre d'une profession
médicale d'avantages procurés par une entreprise dont les services ou
les produits sont pris en charge par la sécurité sociale»/, ainsi que
le/ « /blanchiment et recel de ce délit/ »/.
Il est incontestable que Jérôme Cahuzac a noué des liens privilégiés
avec certains labos dès 1988, à son entrée au cabinet de Claude Évin,
ministre de la santé rocardien. Conseiller en charge du médicament et
des équipements lourds des hôpitaux jusqu'en 1991, le jeune socialiste
s'est retrouvé en position d'arbitrer nombre de décisions cruciales pour
les firmes : autorisations de mise sur le marché de produits, fixation
des prix et des taux de remboursement par la Sécu. À l'époque, beaucoup
de dossiers étaient tranchés au niveau du cabinet, à l'occasion de
« deals » politiques (tel labo s'engageant par exemple à créer une usine
dans telle circonscription électorale).
Dans les prochains mois, le juge chargé d'instruire le dossier Cahuzac
ne manquera sans doute pas de s'interroger sur le versement de
dessous-de-table illicites, susceptibles d'avoir alimenté le compte
personnel de Jérôme Cahuzac, voire une caisse noire politique -- dans un
scénario catastrophe qui fait déjà trembler certains socialistes.
À l'époque, les rocardiens espéraient que leur champion se présenterait
à l'élection présidentielle de 1995 -- Michel Rocard a finalement renoncé.
La justice devrait creuser une seconde période, plus longue, celle des
années « post-cabinet » : une fois sorti du ministère, avec un carnet
d'adresses farci de contacts privilégiés au coeur de l'administration de
la santé, Jérôme Cahuzac a en effet monté un cabinet de conseil (Cahuzac
Conseil
<http://www.societe.com/societe/cahuzac-conseil-392698403.html>), pour
faire fructifier son entregent. Officiellement créée en 1993, cette
société a, dès sa première année, affiché 1 932 500 francs de chiffre
d'affaires, soit 385 343 euros. Le rythme ne ralentira qu'en 1997,
lorsque le socialiste fera son entrée à l'Assemblée nationale. Au-delà
des gains déclarés de « Cahuzac Conseil », certains revenus auraient-ils
pu filer directement en Suisse ?
Sous le sceau de l'anonymat, nombre d'acteurs du secteur interrogés par
Mediapart dénoncent en tout cas ce « pantouflage », peu éthique.
D'autant que Jérôme Cahuzac n'a jamais assumé publiquement ce second
métier, exercé en parallèle de son activité de chirurgien spécialisé
dans les implants capillaires -- les enquêteurs ne manqueront pas
d'éplucher aussi les comptes de sa clinique ouverte en 1991, à la
recherche de facturations non déclarées.
Toutes ces années, au service de quels labos Jérôme Cahuzac a-t-il mis
son influence ? L'enquête de Mediapart a d'ores et déjà montré qu'il
avait travaillé pour le compte de Pfizer et d'Innothera. Contactée en
décembre dernier, la directrice de la communication de Pfizer, Florence
Percie du Sert, l'a d'ailleurs confirmé : /« L'entourage du PDG de
l'époque se souvient qu'un dossier a été confié à Jérôme Cahuzac,
probablement dans les années 1993-1995. »/ Lequel ? Au service de quel
produit ? /« Je ne sais pas, nous n'avons pas conservé les contrats de
cette époque-là. »/ Sur quel compte l'argent a-t-il été versé ? Celui de
Jérôme Cahuzac ? De « Cahuzac Conseil » ? En France ? À l'étranger ? À
ce stade, pas de réponse.
Pour Innothera, Jérome Cahuzac n'a sans doute pas oeuvré en direct -- si
l'on en croit son patron actuel. Mais le socialiste a travaillé main
dans la main avec Daniel Vial, super-lobbyiste sous contrat avec ce
laboratoire spécialisé dans les produits pour femmes. L'une des missions
de Daniel Vial ? Le développement du Tothema, médicament à base de fer
ayant bénéficié d'une série de décisions incroyablement favorables de la
part de l'exécutif, jusqu'à son déremboursement en 1994. Pour la
Sécurité sociale, l'opération « Tothema » a sans doute coûté une petite
fortune. Pendant ce temps-là, Jérôme Cahuzac se voyait offrir un
magnifique cadeau par le patron d'Innothera, Arnaud Gobet : celui-ci lui
a mis son yacht à disposition, un 37 mètres de légende, pour des
vacances en Corse.
En 1993, une loi interdisait à tout médecin /« de recevoir des avantages
en nature ou en espèces, sous quelque forme que ce soit, d'une façon
directe ou indirecte, procurés par des entreprises assurant des
prestations, produisant ou commercialisant des produits pris en charge
par les régimes obligatoires de sécurité sociale »/. Et une circulaire
de préciser : /« Outre la perception d'avantages en espèces
(commissions, ristournes, remboursements de frais), est également
prohibée celle d'avantages en nature (cadeaux, invitations, prise en
charge de voyages d'agrément...). »/ En s'engageant sur la piste des
labos, la justice pourrait déterrer bien des secrets de l'industrie
pharmaceutique.
--
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